« Dieu vous configure en vue d’un destin glorieux » par Pierrick Hildebrand

Pierrick Hildebrand jeudi 06 décembre 2018

Lorsque l’apôtre Paul explique que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, il ne nous dit pas que les chrétiens obtiennent tout ce qu’ils désirent, mais qu’ils sont amenés à ressembler toujours plus à Jésus-Christ.

     
 

« Nous savons, du reste, que tout coopère (concourt) pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né d’une multitude de frères. Et ceux qu’il a prédestinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (Romains 8.28-30).

 
     


Comment conserver la joie du Christ ressuscité dans nos vies, dans des circonstances parfois favorables, parfois difficiles ? L’évangéliste Jean raconte comment Jésus, peu avant sa mort et sa résurrection, a averti ses disciples : « Maintenant, vous éprouvez de la tristesse. Mais je vous reverrai : votre cœur se réjouira, et personne ne vous enlèvera votre joie » (Jean 17.13).

« Personne ne vous enlèvera votre joie ! » Réalisons-nous la portée de ces paroles ? Les disciples de Jésus, y compris l’évangéliste Jean, ont eu des vies difficiles. Ils ont vécu la haine, la solitude, la famine, l’épée, la prison, la maladie, la persécution, la mort ! Comment ont-ils fait pour garder en eux la joie de la résurrection dans de pareilles circonstances ? Et nous, comment faisons-nous ?

En Romains 8, l’apôtre Paul nous donne la clé. Il commence par expliquer la souffrance du temps présent : la création est soumise à la futilité, la fragilité, la dislocation. Il mentionne la détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le péril, l’épée. Comment comprendre et garder la joie dans de pareilles circonstances ? Examinons particulièrement trois propositions tirées du texte : le mal se révèle être un bien (verset 28) ; le bien ne se perd pas (verset 29) ; le meilleur est à venir (verset 30).

Le mal se révèle être un bien

« Tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (28). Beaucoup de chrétiens pensent, à tort, que le fait d’être chrétien, de servir et d’aimer Dieu, les préserve de certaines souffrances. Cette manière de penser est finalement assez naturelle. Mais Paul ne dit pas cela.

Paul dit que lorsque vous aimez Dieu, vous affrontez les mêmes circonstances, bonnes ou mauvaises, que les non-chrétiens. Jésus l’avait dit avant Paul : « Dieu fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Mt 5.45). La différence est ailleurs, dans le fait que tout coopère, travaille ensemble, pour le bien. Les chrétiens savent que Dieu travaille avec les circonstances.

Paul ne dit pas que les malheurs nous atteignent en vue d’un plus grand bonheur immédiat. Par exemple : « J’ai loupé l’examen d’entrée dans cette école ; c’est parce que Dieu veut que je rentre dans une meilleure école ». Ou encore : « Je n’ai pas pu me marier avec le conjoint de mon choix. C’est parce que Dieu me prépare quelqu’un de meilleur ». La chose n’est pas impossible, mais elle n’est pas garantie. Certains chrétiens souffrent toute leur vie de ne pas avoir pu exercer le métier de leur choix ou de ne pas avoir pu se marier. En ce qui me concerne – je suis père de famille – la perte d’un enfant est la pire chose que je puisse imaginer. Si cela m’arrivait, pourrais-je dire que j’ai perdu un enfant pour en recevoir un meilleur ? Certainement pas !

Paul ne banalise pas non plus le mal en expliquant qu’il n’est pas si mal que cela. Non ! Le mal reste mal et le malheur reste terrible. Mais, en toutes circonstances heureuses ou malheureuses, Dieu amène un bien. Le Christ a vécu ce principe. Il a souffert et il est mort sur la croix. Mais cela a également mis en œuvre l’amour de Dieu, sa grâce et son salut pour l’humanité. Dieu travaille de la même manière, pour notre bien, dans les joies et les malheurs de nos vies.

Les difficultés ne sont pas une punition divine

Cela signifie d’abord que, lorsque des malheurs nous arrivent, ce n’est pas parce que nous n’aimons pas assez Dieu, que nous ne le servons pas assez, et qu’il nous punit à cause de cela. Cela ne remet pas non plus en cause la fidélité de Dieu. Paul dit : « Nous savons », et pas « Nous voyons », « Nous ressentons », « Nous expérimentons ». Il s’agit donc d’une conviction qui ne dépend ni des circonstances, ni des sentiments.

A l’inverse, si des circonstances heureuses nous touchent, rendons grâce à Dieu en nous rappelant que rien ne nous est dû, mais qu’il s’agit d’une grâce imméritée au sein d’une création qui se disloque. Si nous avons la santé, un travail, des amis, un conjoint qui nous aime, des enfants, c’est une grâce imméritée. Certains chrétiens disent : « Moi aussi, j’ai droit au bonheur... à l’amour… à avoir des enfants ! » Eh bien non, ce n’est pas un droit ! C’est une grâce !

Dieu n’agit pas que dans les circonstances heureuses, mais autant, voire plus, dans les circonstances difficiles. Il fait cela en vue d’un bien encore plus précieux que les meilleures circonstances qui nous sont données de vivre.

Le bien ne se perd pas

« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né d’une multitude de frères » (29). Ce verset est connecté au précédent et il l’explique.

Tout coopère-t-il en vue d’un meilleur conjoint, d’un meilleur métier, d’un enfant ? Non ! Tout coopère afin que nous ressemblions toujours plus à Jésus-Christ. Toutes les circonstances que nous vivons, bonnes ou mauvaise, sont utilisées par l’Esprit de Dieu pour nous sanctifier et nous permettre de ressembler toujours plus à Jésus-Christ. Tout ce que nous adorons en Jésus-Christ, sa vérité, son amour, sa justice, sa grâce, son rayonnement, nous ne le possédons pas par nature. Nous avons besoin de le recevoir de la part de Dieu.

Parfois, nous pensons que le Saint-Esprit agit en nous de manière un peu magique. Il nous fait grandir spirituellement lorsque nous pratiquons la discipline spirituelle, la prière, le jeune. C’est en partie vrai. Mais Dieu nous sculpte également, il nous « reconfigure » à l’image de son Fils en utilisant les circonstances de nos vies. Il le fait un peu à l’image de nos appareils électroniques, téléphones et ordinateurs, qui ont besoin d’être configurés afin de nous être utiles – langue, pays d’utilisation, carnet d’adresses, clé wifi, thème graphique, etc. Et, bien sûr, ces appareils ont besoin d’être configurés à notre image ! Dieu reconfigure notre égocentrisme, notre fierté, notre ingratitude, notre incapacité à reconnaître nos torts, notre désir d’arriver sans Dieu.

Le meilleur est à venir

Paul termine sa démonstration avec une conviction forte : « Ceux qu’il a prédestinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (30). La glorification, c’est la résurrection finale, la sanctification qui a atteint la perfection. Mais Paul ne dit pas cela au futur : « Il va les glorifier ». La perspective est tellement certaine qu’il le dit au passé, comme si c’était fait. Le langage utilisé rappelle un temps de la conjugaison des verbes en hébreu : l’accompli. Ce temps indique qu’un événement, même encore à venir, est tellement certain qu’on peut en parler comme d’une chose accomplie.

En d’autres termes, Paul nous annonce : « Le meilleur est à venir ; c’est comme si c’était fait ! » Et cette conviction permet à l’apôtre et à tous les disciples de conserver la joie de la résurrection du Christ, quelles que soient les circonstances. A cause de cela, Paul affirme : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui, par grâce ? [...] On nous considère comme des moutons qu’on égorge. Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (31-37). 

Pierrick Hildebrand, assistant et doctorant à l’Institut d’histoire
de la Réformation suisse à Zurich, membre de l’Eglise évangélique libre à Berne. 

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