Elles sont 5 à 6000 en Suisse à se retrouver régulièrement pour prier pour leurs enfants, les enseignants et les écoles. Dans 1500 groupes en Suisse romande comme en Suisse allemande rassemblés sous le nom de Moms in Prayer, Mères en prière en français (autrefois Mères en contact). Sandrine Borgognon de Morges est du nombre. Chaque semaine, la coordinatrice vaudoise de ce mouvement retrouve quelques amies issues des Eglises catholique, réformée et évangéliques de sa région et ces mamans prient une heure pour leurs enfants. Il ne s’agit pas de partager le thé et quelques biscuits, tout en discutant des difficultés des unes et des autres, mais vraiment de prier. « Nous bloquons une heure, explique Sandrine. Nous n’avons pas envie de parler de nous-mêmes, mais nous suivons une structure précise qui nous conduit à commencer par louer le Seigneur, à confesser nos péchés, à remercier le Seigneur, puis seulement à intercéder pour les sujets qui nous préoccupent. »
Trouver l’apaisement
Pour Nancy Lorente, la coordinatrice romande de Moms in Prayer à Bulle, ces temps de prière changent avant tout l’attitude des mamans qui prient. « C’est moi qui suis bénie, souligne-t-elle. Je peux déposer mes fardeaux devant Dieu et recevoir simplement la paix qu’il donne. » Il n’en va pas autrement pour Sandrine Borgognon : « Entrer dans une telle démarche, c’est prendre conscience que nos enfants sont placés entre des mains qui prennent soin d’eux. » Le stress des mamans face à des enfants qui peuvent connaître des difficultés scolaires, des problèmes avec leurs enseignants ou avec leurs camarades, baisse et chaque maman peut alors vivre plus sereinement les difficultés présentes.
« Un de mes fils n’était pas très studieux, explique Nancy Lorente. Il préférait le sport à l’école et les examens ont toujours été des périodes de stress. Personnellement, j’ai souvent douté de ses capacités à les réussir. Le fait de le confier au Seigneur et de lâcher prise sur mes attentes à son endroit, a détendu le climat. En final, ces périodes d’examens ne se sont pas passées sous une pression intense, mais dans l’amour et la paix ! »
Des changements de regard aussi
Pour Nancy Lorente, ces rencontres de prière qu’elle pratique depuis 13 ans opèrent aussi des changements sur le regard qu’une maman pose sur la réalité scolaire. « Ça change mon attitude face à une situation difficile, explique-t-elle. De fait, ce changement entraîne une autre attitude envers mes enfants, donc aussi l’attitude que mes enfants ont envers moi. » Pour Sandrine Borgognon, durant cette heure de prière le temps de remerciement est un moment clé. « Au lieu de nous focaliser sur ce qui ne va pas, nous apprenons à voir les belles choses. Nous acquérons un autre regard sur nos enfants, sur les enseignants et sur l’école elle-même. »
D’ordinaire les groupes Moms in Prayer restent très discrets. Ils ne se mêlent nullement de politique ou des débats contradictoires autour des programmes scolaires. « Chaque maman est libre de penser ce qu’elle veut de la politique ou des programmes scolaires, relève Nancy Lorente. En tant que groupe, notre tâche est la prière. » Néanmoins, il arrive à ces groupes de sortir de leur anonymat et de poser un signe concret de reconnaissance pour le travail qu’effectuent les enseignants. A Bulle par exemple, un groupe a pris contact avec un directeur d’établissement et proposé d’amener un jour donné des dix heures aux enseignants. « Ce directeur avait déjà vécu cela alors qu’il enseignait dans le canton de Vaud, détaille Nancy Lorente. Il a considéré très positivement la démarche et je crois que ce signe de reconnaissance a été bien perçu par les enseignants. »
Serge Carrel