Extrait du livre Marie de Marek Halter (Paris, Robert Laffont, 2006), lu par David Meichtry.
Homme de lettres engagé, Marek Halter, 79 ans, ne cesse de favoriser le dialogue interreligieux. Rencontré à Paris quelques jours après les attentats du 13 novembre, il fustige les terroristes musulmans qui « blasphèment » selon lui contre leur propre religion : « Leur religion ne demande pas de se faire sauter en tuant des innocents. Je viens de faire une série de livres sur l’islam, donc ça m’a permis de lire le Coran à dix reprises : pas un mot là-dessus. Donc ce sont des ignorants ; et l’ignorance est la base de la haine. »
Et l’écrivain de rappeler que Dieu veut avant tout que les hommes vivent en paix. Dans son atelier du troisième arrondissement de Paris, des œuvres de sa femme, l’artiste Clara Halter, présentent ce mot « shalom-salam » calligraphié en plusieurs langues différentes.
Jésus, figure lumineuse
Marek Halter vient de publier Aïcha, le dernier de trois romans sur des figures féminines de l’islam. Auparavant, il a écrit La Bible au féminin (Sarah, 2003, Tsippora, 2004, Lilah, 2005, puis Marie, 2006). Dans « L’Evangile de Marie », ce chapitre qui termine son livre sur cette figure centrale du Nouveau Testament, il y a cette mention comme quoi : « Yéchoua (Jésus) est né pour que l’amour des hommes se montre et parle. » Le romancier dit y souscrire : « Je ne suis pas le seul ! » Marek Halter raconte alors être allé voir Ben Gourion, l’un des fondateurs de l’Etat d’Israël, dans son kibboutz du Néguev. « J’avais 17 ans, je crois. Nous avons parlé de Jésus. Il m’a dit une chose très jolie : pour lui, la figure la plus lumineuse du judaïsme, c’était Jésus. Il y a beaucoup de juifs qui le croient. Jésus a introduit cette notion qui existe dans le judaïsme, notamment dans Esaïe, qui dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même. » Et Marek Halter souligne toutefois que le respect de l’autre, est selon lui plus important que l’amour, du moins dans l’Ancien Testament. « Mais l’amour dans le sens du Christ est extrêmement beau. L’empathie, cette proximité ressentie pour l’autre, c’est lui qui l’a propagée et c’est un pas en avant extraordinaire ! »
Une guerre de religions ?
Les terroristes d’aujourd’hui veulent, estime-t-il, provoquer une guerre de religions. « Sur ce terrain, les islamistes radicaux de Daech pensent pouvoir gagner. En nous provoquant. Et si nous réagissons, nous, chrétiens ou juifs, aux attaques, aux assassinats perpétrés au nom d’Allah, comme cela s’est fait quand on a tagué des mosquées et quand des tentes pour des réfugiés syriens ont été brûlées… Si cela continue et que les sept millions de musulmans en France se sentent menacés par la haine des non-musulmans, ils deviendront un vivier extraordinaire pour les terroristes de demain. Le jeu est d’importance ! Et il dépend de nous. »
Gabrielle Desarzens