Dominic Roser plaide pour une large diffusion des technologies propres dans le Sud

vendredi 12 décembre 2014

Premier intervenant de la journée StopPauvreté le 18 octobre à Bienne, Dominic Roser explique la notion de justice climatique et ouvre des pistes pratiques. Chercheur à l’Université d’Oxford, ce jeune Suisse allemand vient de publier dans la langue de Goethe : Ethique du changement climatique.

Qu’est-ce que la justice climatique ?

Lorsque nous pensons au changement climatique, beaucoup d’entre nous considèrent qu’il s’agit d’un problème scientifique et technique, ou alors d’un problème entre les arbres, les plantes, l’environnement et les êtres humains. Mais à ce propos, il y a un grand problème de justice entre des humains et d’autres humains. D’abord, entre les habitants de cette planète qui vivent aujourd’hui et ceux qui vivront demain ; ensuite entre habitants du Nord et habitants du Sud.

En quoi y aurait-il un problème de justice entre nous et nos enfants ?

En fait, l’humanité est marquée par une sorte de marche en avant. Depuis des décennies et même des siècles, nous réalisons des progrès extraordinaires dans la lutte contre la pauvreté. Dans certaines régions du monde, on a vaincu la pauvreté, mais on est même en train de créer du bien-être supplémentaire. Le commun des mortels a l’impression que les choses vont continuer à aller comme cela à l’avenir, et que cela ira mieux pour nos enfants que pour nous. C’est sans penser à un petit problème qui a tout d’une bombe : le changement climatique ! Ce changement climatique pourrait réduire à néant toute notre dynamique de développement.

Nous n’avons pas à laisser à nos enfants un monde meilleur que celui que nous avons reçu. Ce n’est pas notre mission. Ce que nous devons faire à mon sens, c’est réduire les risques qu’ils tombent dans la pauvreté. Cela, nous pouvons le faire si nous empêchons le changement climatique.

Vous avez parlé d’une autre dimension à propos de la justice climatique…

Lorsque nous parlons de justice climatique, nous oublions souvent le plus grand problème : la question de la justice entre le Nord et le Sud. Ce qui pourrait arriver, c’est que les gens dans le Sud vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles. Ils ressentent déjà dans leur quotidien les dommages apportés au climat. Par ailleurs ils sont sous pression pour mettre en place des mesures de protection du climat, alors que dans le Nord voilà déjà 200 ans que nous émettons du CO2 sans nous soucier de quoi que ce soit. Donc si nous demandons à des pays ou à des régions comme la Chine, l’Inde ou l’Afrique de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, nous freinons leur développement économique. Pour eux, ce sera bien plus difficile de sortir de la pauvreté.

Pratiquement, qu’est-ce que vous proposez ?

Ma proposition principale est la suivante : le Nord est sorti de la pauvreté en contribuant énormément au changement climatique, nous devons utiliser cette richesse pour inventer des technologies propres et les diffuser largement sur la planète. Si les pays du Sud sont au bénéfice de ces nouvelles technologies, ils pourront se développer et réduire leur pauvreté sans détériorer le climat.

Propos recueillis par Serge Carrel

Voir notre dossier autour du thème « Dieu, l’écologie et moi ».

Serge Carrel

Serge Carrel est au bénéfice d’une formation double: théologique et journalistique. Après dix ans de pastorat en France et en Suisse romande, il a travaillé huit ans comme journaliste aux émissions religieuses de la RTS. Aujourd’hui formateur d’adultes et journaliste en lien avec la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE), il essaie de tirer le meilleur parti de ce double ancrage. Que ce soit dans le cadre du FREE COLLEGE, de lafree.ch, de Vivre ou de la fenêtre chrétienne de MaxTV.

Formation reçue

Master en théologie (UNIL, 1986)
Centre romand de formation des journalistes (RP, 1996)

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