« Nous, les êtres humains, avons mal compris ce que doit être notre relation à la planète. » Cette affirmation de Dave Bookless, directeur théologique de A Rocha international, ouvre son livre Dieu, l’écologie et moi. On pourrait penser que ce propos d’un pasteur et écologiste évangélique naît de la prise en compte de la crise écologique que nous traversons : changement climatique, pollution des océans, épuisement des ressources, réduction drastique de la biodiversité… Non ! L’entier du propos de Dave Bookless s’enracine dans la Bible et démontre que, premièrement, nous lisons mal la Bible ! Ensuite que nous avons à redécouvrir ce qu’elle dit vraiment de Dieu, de la création et de la place de l’être humain dans ce contexte-là.
L’être humain n’est pas au centre de la Bible
Contrairement à ce que souvent nous pensons, l’être humain n’est pas au centre de la Bible. L’histoire du salut n’est pas focalisée sur l’être humain. Dieu n’a pas pour unique projet de « sauver des âmes »… A la suite du spécialiste anglais du Nouveau Testament N.T. Wright, Dave Bookless, pasteur et théologien évangélique anglican, développe la « grande image » de la Bible en lien avec sa problématique, une sorte de pièces en 5 actes : la création, la chute, Israël, Jésus et les temps actuels et futurs. Concrètement, on découvre que Dieu est créateur, qu’il s’implique toujours aujourd’hui dans sa création, que notre monde lui appartient et que les êtres humains sont une partie de cette création, appelés à occuper une place à part, mais parmi d’autres créatures.
La chute, le récit de l’irruption du mal et du péché dans le monde, affecte toutes les relations : celle de l’être humain avec Dieu, celle de l’être humain avec la création et celle de la création avec Dieu. Ce qui permet à Dave Bookless d’affirmer que les racines de la crise écologique actuelle sont de nature spirituelle.
La Terre appartient à Dieu
A partir de l’histoire d’Israël, l’auteur de Dieu, l’écologie et moi montre que le thème du pays joue un rôle central dans la Bible. Avant toute revendication humaine, le pays, la terre, appartient à Dieu. Les êtres humains appartiennent au pays et l’état du pays est une sorte de baromètre spirituel des humains. Dans ce contexte, la venue de Jésus inscrit dans notre monde un salut « cosmique », parce que Jésus, selon l’épître de Paul aux Colossiens (1.15-20), est à la fois origine de la création, soutien et sauveur de celle-ci. Le cinquième acte de ce parcours biblique se termine avec la conviction qu’à la fin des temps Dieu ne va pas détruire ou anéantir la terre, mais qu’il va plutôt la renouveler et la purifier. Les quelques textes bibliques lus dans une perspective d’anéantissement de la terre sont inscrits dans cette « grande image » du donné biblique qui montre que Dieu est foncièrement attaché à la terre et va la conserver !
A partir du chapitre 6 et sur quatre chapitres, Dave Bookless développe les conséquences de ses convictions biblico-théologiques pour ce qui a trait à la formation de disciple, à la louange, au style de vie et à la mission.
Dieu, l’écologie et moi est préfacé par Peter Harris, le cofondateur de A Rocha et par Daniel Bourdanné, secrétaire général de l’International Fellowship of Evangelical Students.
Jésus… par amour pour le « cosmos »
Aucun doute ! Ce livre laissera une trace dans les milieux évangéliques francophones. Il devrait encourager nombre de chrétiens à se comporter différemment dans une création qui est avant tout celle de Dieu… et celle de Jésus que Dieu a envoyé dans ce monde, parce qu’il a tellement aimé le « cosmos » (Jn 3.16) !
Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Dossier Vivre 37, traduction française de Anne Emmett, Saint-Prex, Je Sème, 2014, 208 p. Prix : 15.- + frais de port.