Une fois l’ouvrage Parole aux femmes décidé, par quel bout commencer ? Comment le mettre sur le métier ?
Les ONG impliquées dans l’aventure ont bien sûr transmis plusieurs témoignages de base. Et puis il y a eu les rencontres. Celle d’Hélène Alemusuey de passage en Suisse, qui essaie, en quelques heures, de m’expliquer le bourbier glauque dans lequel travaillent des prostituées à Kinshasa, le sol spongieux infesté de vers où elles logent quand il pleut... Hélène qui, avec son sourire lumineux, explique les visites qu’elle leur rend et la proposition qu’elle leur fait de sortir de ce délabrement : « Il faut les délivrer de la honte, entreprendre avec elle un grand travail sur leur identité », dit-elle simplement. Et vous êtes alors très intimement plongée au cœur de cette action. Vous touchez du doigt le courage qu’il leur faut à toutes : à celles qui essaient d’avoir la force de sortir de la misère comme à celles qui s’aventurent sur un terrain qu’elles découvrent, et où elles tentent d’apporter un peu de l’amour du Dieu qu’elles connaissent.
Détermination et convictions
Il y a eu aussi le face à face par deux fois avec Edith Tellenbach pour saisir un peu du quotidien en Mongolie, des us et coutumes de ce coin de terre que je ne connais pas. Elle a ri en m’expliquant les difficultés de la langue locale qu’elle a dû apprendre et m’a confié les impairs qu’elle a pu commettre. Au final, c’est tout un atelier de créations artisanales qu’elle laisse derrière elle en mains locales, sans regret, enrichie de ce qu’elle a pu vivre et partager d’essentiel avec les femmes du Gobi. « Elles m’ont appris que j’ai parfois de la peine à gérer l’imprévu qui, là-bas, fait partie de la vie. Les personnes sont plus importantes que tout : tu accordes ton temps à celui que tu rencontres, quitte à te mettre en retard pour toute la suite de ta journée. Intéressant, non ? »
La structure qu’elle a mise sur pied en Asie, comme celle d’Hélène qui vise en Afrique l’accueil de prostituées, ont fait des émules. Les deux femmes ont déroulé pour moi le début de leur travail et leurs motivations. Elles m’ont déclaré avoir puisé leurs forces, leur détermination et leurs convictions dans leur foi chrétienne. En cela, elles font écho à toutes les autres qui ont pris la parole dans cet ouvrage et avec lesquelles j’ai découvert des initiatives étonnantes.
Une mine d’or d’exemples de résilience
A leur image, Parole aux femmes se veut une mine d’exemples de résilience et de résolutions prises par des femmes comme pour conjurer parfois un avenir sombre. Ont-elles changé le monde, comme le suggère le sous-titre du livre ? « Dans un monde impitoyable, soumis à la loi du plus fort et au pouvoir de l’argent, leur engagement est une semence, minuscule sans doute à l’échelle des maux de la planète, mais dont le potentiel est promesse d’une vaste moisson, comme le grain de blé de la parabole de Jésus qui disparaît en terre pour se multiplier à l’infini », écrit Jacques Blandenier en guise de conclusion. Après avoir travaillé ces textes plusieurs mois et ayant maintenant le livre en main, je veux croire à la multiplication de ces initiatives positives ; et à la promesse de bénédictions dont témoigne chacune des histoires exposées dans ces pages.
Gabrielle Desarzens
Coll., Parole aux femmes, Lonay, Editions StopPauvreté, 2014, 160 p. Prix : 15.- + frais de port. Commande: info@stoppauvrete.ch
Pour télécharger gratuitement les deux autres livres de ce triptyque : Parole aux pauvres (2008) et Parole aux jeunes (2010).