"Comment utiliser les réseaux sociaux en Eglise locale" par Henri Bacher

mercredi 27 août 2014

Le samedi 29 novembre, le FREE COLLEGE journées met en place un temps de formation autour de la présence des Eglises sur le web et les réseaux sociaux (voir ci-dessous). Pour stimuler un brin la réflexion préalable, Henri Bacher, un hyper actif du web, propose un regard personnel sur la pertinence des différents réseaux pour une communauté locale.

L'Eglise a tendance à penser qu'elle peut mettre le même message sur n'importe quel support numérique. Par le passé, elle avait principalement à disposition la page imprimée et, de ce fait effectivement, le même texte pouvait se retrouver soit dans un livre, soit dans un magazine ou sur un tract d'évangélisation. Or, avec les réseaux sociaux, ce n'est plus pareil. Le tableau ci-dessous décrypte un peu les particularités de chaque réseau. Il est clair que vous pouvez mettre sur Facebook un texte de réflexion, mais l'utilisateur ne vient pas sur Facebook pour se documenter ou se former, il y vient pour « papoter ».

Pour rendre mon analyse plus concrète, je vous propose de prendre comme thème la prière. Il s'agit par cet exemple de montrer comment traiter de la prière en fonction de la culture, du langage et de la logique propres à chacun des réseaux que l'on utilise. Pour être performant, vous devez respecter la logique du support. Il importe donc de réfléchir au réseau qui va le mieux servir les intérêts d'une Eglise locale.

 reseaux-sociaux

Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que les réseaux sociaux sont interconnectés. On pourrait cloisonner les prestations. Une prestation spécifique par réseau: le clip vidéo sur Youtube, la photo sur Instagram, etc. Or, vous pouvez intégrer un clip vidéo mis sur Youtube dans une page Facebook ou faire reproduire un « tweet » de Twitter sur Facebook. Pourtant, il faut toujours faire attention à la pertinence du réseau cible. Un clip sur Youtube d'une durée de 45 minutes ne se met pas sur Facebook. Par contre un tweet peut signaler le clip de 45 minutes sur Youtube.

Les réseaux sociaux sont-ils performants pour l'Eglise locale ?

La question de la pertinence des réseaux sociaux pour l'Eglise locale vaut la peine d'être posée. Personnellement, je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire à une Eglise locale d'être présente sur tous les réseaux sociaux. Méfiez-vous de certains prestataires de service commerciaux ! Ils vont toujours vous pousser à investir dans leur réseau... c'est leur gagne-pain ! N'hésitez pas à vous poser la question de la rentabilité effective. Les utilisateurs de tel ou tel réseau se retrouvent-ils dans ma communauté ? Si oui, entrez dans leur réseau. Sinon, laissez tomber ! Autre question à se poser : les activités de votre communauté fonctionnent-elles dans la logique du réseau ? Je prends un exemple. Vous ouvrez une chaîne sur Youtube pour y mettre un clip d'évangélisation en pensant que des personnes vont rejoindre votre communauté ou au moins venir à un culte. Peut-être le feront-elles... mais si dans vos cultes vous ne projetez jamais de clips vidéo, vous risquez de ne plus revoir ces personnes. Ces dernières viennent d'un monde culturel où l'image animée joue un rôle fondamental et vous, vous les immergez dans un autre type de culture. Un peu comme si vous filmiez un rappeur pour votre chaîne Youtube et que, lorsque le rappeur se « pointe », on lui fait chanter des chants du XIXe siècle.
A mon avis, voici par ordre d'importance décroissante les réseaux les plus intéressants pour une Eglise locale :
1. Youtube
2. Twitter
3. Pinterest
4. Facebook

Youtube, Dailymotion ou Viméo sont des outils de travail pour l'avenir. Nos paroissiens lisent de moins en moins et Youtube va devenir un support de formation incontournable, à l'image des MOOC (Massive Open Online Course) ou des FLOTS (formation en ligne ouverte à tous). Ça vaut le coup de se former ou de lancer des formations internes à l'Eglise pour maîtriser la réalisation technique et surtout réfléchir au contenu.

Twitter permet une diffusion rapide d'une information à valeur ajoutée. C'est plus un outil d'information rapide pour des personnes ou des professionnels qui veulent être au courant de ce qui se passe. Un journaliste d'un média local : radio, télé, journal... pourrait être intéressé par ce qui se passe dans votre Eglise. Dans ce cas, c'est à vous de contacter le journaliste et de lui présenter votre compte Twitter.

Pinterest est vraiment intéressant pour les personnes en recherche de solutions pratiques, de tuyaux ou d'idées. Ce n'est pas un support pour diffuser des concepts théologiques. Une mère de famille souhaitera peut-être trouver des idées pour occuper ses enfants pendant les vacances. Vous pouvez suggérer des jeux bibliques, des vidéos à connotation chrétienne, des idées de sortie, etc. Vous pourriez y mettre des idées d'animations bibliques. Attention ce réseau n'est pas adapté aux textes.

Facebook est pour moi le moins utile pour l'Eglise, à moins que les responsables (pasteurs, animateurs de jeunesse, etc.) veuillent s'impliquer dans la conversation communautaire d'un groupe social. Ça reste un support convivial, mais très superficiel. C'est un peu comme les conversations au coin d'une table de bistrot, entre deux stands d'un marché ou chez le coiffeur.

Pour ce qui est des autres réseaux mentionnés comme Instagram, Linkedin, Foursquare, Google+, ils sont moins importants pour l'Eglise locale.

Il me semble que nos communautés ne devraient pas trop s'investir directement dans les réseaux sociaux. Cela demande beaucoup de temps et d'énergie. Par contre, elles devraient investir dans chaque membre de la communauté, les encourager à se lancer et à y être actif en tant que chrétiens. A mon sens, l'Eglise locale devrait s'appuyer sur les chrétiens eux-mêmes. Avec l'Eglise institution, vous allez certes avoir un grand nombre de « follovers », mais, en faisant passer l'activité spirituelle online par chaque chrétien, vous multipliez les points de contact et d'accès à de nouvelles personnes. Il ne faudrait toutefois pas s'arrêter à ce stade. L'Eglise devrait former ses membres à utiliser les réseaux de manière efficace et pertinente. Le pasteur pourrait chercher des ressources pour les chrétiens de son Eglise et les leur proposer. Un peu comme un site mis au point par Campus pour Christ pour aider les chrétiens à mettre des choses intelligentes sur Facebook: http://www.yesheis.com/fr/

On pourrait même imaginer que le pasteur ou le prêtre organise au travers des implications web de ses membres de vraies campagnes d'évangélisation, de sensibilisation ou d'éducation. Par exemple pour Pâques, l'ensemble des membres d'une communauté pourrait mettre dans ses réseaux respectifs l'histoire biblique en clip vidéo pour enfants ou adultes:
http://youtu.be/NWqJop9xlK0?list=PL36E6CEFE0015C9F1 ou
http://youtu.be/mngaCTdIRj8?list=PLh0CLPSwjxqsR1-VdoxHHtXXs895lQ2ko

A leur tour, les réseaux nous changent
Les réseaux sociaux ne sont pas simplement des « tuyaux » de transport que l'on pourrait comparer à de la fibre optique qui transporte un message, mais ces réseaux demandent qu'en retour nous adaptions notre manière de penser, de nous réunir, de communiquer entre nous. Le réseau génère une mentalité qui devra se retrouver dans nos communautés. Traditionnellement nous considérons ces outils de communication comme des outils et non comme des facteurs de transformation. Nous restons toujours dans la logique protestante évangélique classique où nous sommes convaincus que nous transformons le monde par la pensée. La construction des autoroutes de l'information a plus contribué à changer notre société que les livres de théologie ou de philosophie. Donc, en conclusion, se familiariser avec les réseaux sociaux, c'est accepter d'être transformés de l'extérieur.
Henri Bacher

www.eglise-numerique.org

  • Encadré 1:

    Le 29 novembre 2014 : « Mon Eglise, son site et les réseaux sociaux »
    Une journée consacrée au web dans l'Eglise locale, voilà ce à quoi vous convie le FREE COLLEGE journées, le samedi 29 novembre à Neuchâtel. Le programme devrait permettre à chaque communauté de disposer d'outils performants pour rayonner dans sa région par internet.
    David Bonhomme, directeur de Progressif Media à Strasbourg, Pascal Crelier, graphiste et concepteur de sites web, ainsi que Nicolas Frei, ingénieur des médias et directeur de l'agence de communication thimoo vous permettront de réaliser le site ou la page Facebook de votre communauté. D'autres ateliers vous permettront de réfléchir à Twitter dans la vie d'Eglise, à la mise en place ou au développement d'une lettre de nouvelles et à la création d'une équipe de communication.

    Plus d'infos.

  • Encadré 2:

    David Bonhomme de Progressif Media a mis deux documents à disposition
    L'un des intervenants à la journée du FREE COLLEGE sur l'utilisation du web et des réseaux sociaux par l'Eglise locale a mis à disposition du matériel de réflexion. David Bonhomme vous propose de découvrir deux powerpoints de son crû : « De Gutenberg à Zuckerberg » et « Faire connaître mon Eglise ».

    http://www.lafree.ch/free-college/journees/item/3191-mon-eglise-son-site-et-les-r%C3%A9seaux-sociaux

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !