Des jalons pour goûter au bonheur selon le Dr Manfred Engeli

jeudi 24 janvier 2008

Le psychologue et psychothérapeute bernois, Manfred Engeli, est convaincu que la Bible renferme des trésors pour goûter au bonheur. Un bonheur conçu non pas matériellement, mais relationnellement à partir de la personne de Jésus. Parce que lui a été le « bienheureux » par excellence. <b<un propos riche à découvrir.</b>

Manfred Engeli a le bonheur à coeur. L’été dernier, ce psychothérapeute bernois a pris un mois pour rédiger en allemand un petit livre : « Makarios, le chemin vers le bonheur ». Pas le énième livre de recettes en 10 points qui vous garantit une félicité extatique, sans rapport avec le quotidien. Non ! A 69 ans, ce docteur en psychologie ne donne pas dans la facilité. Surtout parce qu’il connaît la réalité du malheur. Manfred et son épouse Fleurette ont perdu en 2001 leur troisième enfant. Un fils, pasteur, emporté à 30 ans par un cancer.

D’abord relationnel
« Dieu veut nous enseigner l’art d’être heureux ! » C’est la conviction fondamentale qui traverse le livre de Manfred Engeli. Une affirmation que le psychothérapeute a aussi faite sienne pendant 25 ans, alors qu’à Berne il accompagnait des individus et des couples en thérapie.
Le chemin du bonheur, l’expérience « makarios » (« heureux » en grec), comme aime l’appeler Manfred Engeli, ne passe pas par la consommation de biens matériels. « Notre soif d’acquisitions ne s’étanche jamais ! » constate-t-il. Le bonheur dans une perspective chrétienne est avant tout relationnel : connaître la paix avec Dieu, avec soi-même et avec les autres.

Croire à l’amour de Dieu envers et contre tout
Le chemin du bonheur passe ensuite par la connaissance de la personne de Dieu. En fait, « Dieu veut notre bonheur, parce qu’il nous aime ! » Peu de gens aujourd’hui sont prêts à endosser cette conviction. Pour eux, Dieu est quelqu’un de très lointain. Du fait qu’il nous aime, il devrait nous épargner toute difficulté. « Si nous définissons ainsi l’amour de Dieu, commente Manfred Engeli, alors Dieu n’a pas aimé son Fils en le laissant mourir sur une croix. » Pour le psychothérapeute bernois, Dieu est Amour. Il aime ses créatures et laisse la liberté à l’être humain de faire ses choix. Par ailleurs, il ne supprime pas les difficultés, mais les traverse avec nous et peut les utiliser pour nous faire grandir. Le propos de l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains est ainsi tout à fait central : « Nous savons que Dieu travaille en tout pour le bien de ceux qui l’aiment... » (8,28).
« Pendant de très longues années, nous avons vécu une vie de famille sans problème, se rappelle Manfred Engeli. Avec nos 5 enfants, tout se passait bien. Puis en l’espace de trois ans, nous avons vécu une accumulation d’épreuves. » Les médecins découvrent un cancer chez David. Il en décède une année après. Un an plus tard, c’est Manfred Engeli qui apprend qu’il est atteint d’un cancer, sans espoir de rémission selon les médecins. « Au travers de ces tempêtes, nous avons découvert que ce ne sont pas les événements eux-mêmes qui peuvent nous séparer de l’amour de Dieu, mais nos questions et notre interprétation de ce qui nous arrive. » En fait pour le psychothérapeute bernois, nous n’avons jamais de réponse à nos pourquoi. Au coeur de nos tempêtes, il y a une autre question à se poser. Une question beaucoup plus féconde : dans quel but cela nous arrive-t-il ?

Dire oui à ce qui arrive
« Ce qui a primé durant la maladie de notre fils, ce fut de vivre honnêtement la réalité présente avec les émotions qui étaient là, avec la foi que nous avions aussi que Dieu peut guérir... » La confiance dans l’affirmation que Dieu est Amour a habité ce psychothérapeute. Il pouvait dire oui à ce qui arrivait, tout en souffrant. Il pouvait dire à Dieu : « Je n’aimerais pas que ma réalité ressemble à cela, mais j’accepte que cela soit la réalité... »
Pour Manfred Engeli, ce fut la meilleure manière de vivre ce départ. « Nous avons eu des contacts très intenses les uns avec les autres au sein de la famille, se rappelle-t-il. Nos temps d’échange et de partage étaient très profonds et très personnels. » Au bout de cette épreuve, il y a eu la souffrance de la séparation, mais aussi la paix. « Oui, David nous manque. Mais nous avons la paix ! Nous pouvons même dire que, par rapport à ce décès, nous vivons l’expérience « makarios ». Nous sommes en paix ! »

Jésus, le « makarios » par excellence
Pour Manfred Engeli, toute réflexion chrétienne sur le bonheur ne peut faire l’économie de Jésus. L’homme de Nazareth donne un contour particulier à l’expérience « makarios ». Au travers de ce qu’il a dit et fait, il propose un bonheur en rupture avec celui qu’envisagent les foules de son temps et les foules d’aujourd’hui. Dans le Sermon sur la montagne, il appelle « heureux » les pauvres, les tristes, les persécutés... autant de personnes qui ne font pas de la foi une assurance contre le malheur et qui ne cherchent pas à éviter la souffrance (Mt 5, 3-12).
Tout cela, Jésus l’a vécu et ressenti lui-même. Dans chacune de ces situations, il se qualifie aussi d’heureux, parce qu’il goûte dans le même temps à la paix de son Père. « Ce qui est extraordinaire lorsqu’on parcourt les évangiles, ajoute Manfred Engeli, c’est que Jésus est véritablement ancré dans l’amour du Père. » Pour le psychothérapeute bernois, il y a là un secret : celui de la liberté ! « Dans tout ce qu’il vit, Jésus reste libre face aux humains qui l’entourent. Il ne leur doit rien et il est libre d’accueillir la vie comme elle se donne. »

Serge Carrel

Cet article est paru une première fois dans "Le Christianisme aujourd'hui" de janvier 2007 (http://www.christianismeaujourdhui.info/).

  • Encadré 1:

    Tout sur la « digestion relationnelle »
    Pour vivre heureux, l’être humain a besoin de s’épanouir dans ses relations avec autrui. Souvent, le monde relationnel est jonché d’obstacles. Les rencontres se font mal, les incompréhensions pullulent et les silences deviennent lourds... Pour permettre à chacun de vivre des relations empreintes de liberté, Manfred Engeli propose dans son livre « Makarios, le chemin vers le bonheur » de pratiquer la « digestion relationnelle ».
    Le psychothérapeute bernois compare une relation à une autoroute où chacun porte la responsabilité de sa voie. Chacun est donc responsable de sa relation à l’autre et pas de la manière dont celui-ci réagit à ce que l’on a dit ou fait. Pour bien réagir face à l’autre, il importe d’avoir digéré.
    Dans ce processus de digestion, Dieu est le vis-à-vis de choix. On peut lui faire part de ce qui nous habite, lui confier nos sentiments destructeurs comme la vengeance ou l’amertume. Devant Dieu, la « digestion relationnelle » nous permet aussi de déposer nos accusations contre autrui et d’entamer une démarche de pardon.
    Une fois ce travail effectué, la paix intérieure a été rétablie et la relation peut reprendre. Quand les deux vis-à-vis ont accompli cette démarche individuelle pour libérer chacun sa propre voie, une véritable réconciliation peut intervenir.

    Le livre de Manfred Engeli « Makarios, le chemin vers le bonheur » devrait paraître prochainement en français aux éditions « Je sème » à Genève.

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !