« Veuille me faire ce bien d’employer tout ce que j’ai pour ton service, de sorte que je ne pense, ne dise et ne fasse rien que pour te plaire et obéir à ta volonté. » En pénétrant dans les salles nouvellement aménagées du Musée international de la Réforme, on entend la supplication de Jean Calvin. Il est 4 heures du matin. Comme à l’accoutumée, l’homme se confie dans la force qui vient de Dieu seul. Voilà probablement le secret de l’efficacité de son ministère. Il entreprend ensuite de composer ses réflexions, parfois alité, tant sa santé est déficiente.
Calvin, un homme de réseau
Plus loin, un pavillon dévoile Calvin comme homme de réseau, entretenant ses relations aux quatre coins de l’Europe. Ce sont plusieurs milliers de lettres rédigées, malgré un emploi du temps surchargé. Ici, la haute tenue intellectuelle de ses discours, relayée par haut-parleur ou casque d’écoute, impressionne.
Dans un autre pavillon, on retrouve Calvin attablé avec ses amis proches. Il valorise leur soutien comme un ingrédient indispensable au ministère. Ailleurs, le réformateur confronte les idées de son temps, au Consistoire ou à l’Académie. On peine à imaginer le contexte de l’époque : « Une vie rude, entrecoupée d’épidémies, une vie sans confort, une vie de douleurs physiques et morales, une vie menacée par des amis proches », indique une notice. Là, c’est le courage qui impressionne.
Huit moments-clés du quotidien de Calvin
Chacun des petits kiosques présente une situation particulière mettant en scène Calvin. Depuis quelques semaines, les visiteurs ont doublé, voire triplé selon les jours. Grâce à l’exposition temporaire. Son but est de reconstituer l’atmosphère et les décors dans lesquels le réformateur a évolué. Comme si, d’un trait, les 500 ans qui nous séparent de Calvin étaient effacés, le temps d’une visite. A travers huit moments-clés de son quotidien, on rencontre l’homme, avec ses défis, son labeur de l’ombre, ses moments privilégiés. Le travail d’un laboratoire de l’Université de Genève permet de le visualiser en trois dimensions, alors que l’on passe d’un pavillon à l’autre.
L’exposition temporaire « Une journée dans la vie de Calvin » permet de distinguer la voix du « maître à penser », pendant que les visiteurs vagabondent de scène en scène. Certains s’interrogent, d’autres sourient. Mais tous semblent repartir avec un peu plus de lumière sur la réalité quotidienne de cet homme hors du commun.
Antoine Baer