Organisation missionnaire internationale et interdénominationnelle, Jeunesse en Mission (JEM) est une nébuleuse dont le quidam peine à se faire une idée précise. Et celui ou celle qui recherche des informations ne voit pas moins de 7 numéros de téléphone avec autant d’adresses différentes à la clé s’afficher sur son écran d’ordinateur après avoir tapé le nom de l’organisation. Alors quoi : le mouvement s’est-il à ce point dispersé, est-il en perte de vitesse ou a-t-il perdu ses forces vives qui avaient fait de lui plus qu’une référence dans les milieux évangéliques romands ? « L’impact de l’organisation est aujourd’hui plus diffus, mais il est à mon sens plus présent », défend à Aubonne Olivier Fleury, directeur exécutif pour la Suisse romande.
Le visage ouvert, jovial, cet homme de 38 ans a repris les commandes romandes il y a un an et demi. Alors oui, les soirées de louange qui réunissaient entre 800 et 1000 personnes tous les mois voire tous les 15 jours dans la capitale vaudoise il y a 25 ans sont de l’histoire ancienne, concède-t-il. Mais une foule d’activités de proximité a vu le jour : Quartier Libre, les cours Alpha, les camps de Pâques au service des villes, les Fabricants de joie. Petit dernier et encore expérience pilote, une dixième année scolaire pour les adolescents de Suisse alémanique, « Sprungbrett » (en français : tremplin), est reconduite pour la deuxième année consécutive à Lausanne. A son programme : des cours de français, d’anglais, d’informatique, des travaux pratiques et une école de disciples. « Nous voulons répondre aux besoins locaux et gagner ainsi en crédibilité auprès du grand public », explique Olivier Fleury.
Le monde francophone sur orbite
Fondée en 1960 par l’Américain Loren Cunningham et sa femme Darlene, Jeunesse en mission (Youth With a Mission) brasse 15'700 travailleurs à plein temps dans 1030 bases réparties dans 149 pays. Aucun d’eux n’est salarié par l'organisation, mais chacun est responsable de se constituer un groupe de soutien pour subvenir à ses besoins. En Suisse, le premier centre a ouvert ses portes en 1969. « Aujourd'hui, JEM compte sur sol helvétique quelque 200 personnes à temps plein dans ses centres ou ministères, et un millier de bénévoles. Une part de notre personnel s’est internationalisée, anglicisée. Notre défi est aujourd’hui clairement de former ici en Suisse romande des cadres pour le monde francophone. De retrouver des forces et des vocations qui puissent faire ‘de toutes les nations des disciples’, ici comme dans les pays africains où l’on parle français », souligne encore le directeur.
L’Université des Nations (voir encadré) du Chalet-à-Gobet comprend actuellement une foule de Coréens. Les modules de formation se donnent alors naturellement dans leur langue ou en anglais. « Ce qui est décalé par rapport à notre réalité suisse. Il faut comprendre qu’une part importante de notre ministère est la formation, mais pas forcément pour des Romands. Ainsi perdons-nous sans doute en visibilité », estime Heinz Suter, 56 ans, président de l’organisation en Suisse. « Dès ses débuts, JEM a voulu faire comprendre à chaque chrétien qu’il pouvait s’engager, poursuit-il. En ce sens, le monde francophone a d’énormes besoins actuellement et nous voulons être un tremplin pour de nombreux ouvriers. Nous allons d’ailleurs débuter une nouvelle école de disciples en français à Yverdon-les-Bains dès septembre 2010. Elle rassemblera les personnes qui ont à coeur la francophonie. »
Une fête pour sortir du bois
Le ministère de JEM se concentre sur trois points: l'évangélisation, la formation de disciples et l'aide humanitaire. Avec pour devise « Connaître Dieu et le faire connaître ». En francophonie, JEM a eu un grand impact sur l’hymnologie par ses nombreux chants. « Mais nous manquons actuellement de gens ici qui sont prêts à se lancer dans la vocation que Dieu leur a donnée », déclare Heinz Suter. D’où l’intérêt de fêter les 40 ans (voir encadré) de l’organisation en Suisse : « Nous voulons mettre l’accent sur ce qui s’est fait ici depuis 1969, indique Olivier Fleury. Et sur ce qui peut encore se faire. Nous invitons d’ailleurs des orateurs prestigieux comme Loren Cunningham lui-même, qui est une belle figure engagée sur les traces du Christ. Lui comme d’autres vont prêcher dans des Eglises locales pour sortir l’organisation du bois, aller à la rencontre des chrétiens et leur révéler qu’ils ont une vocation à découvrir et à vivre ! »
Gabrielle Desarzens