Des dalles de béton et des gravats au sommet d'une colline : c'est tout ce qui subsiste de l'immense église de Sanjiang, détruite il y a une semaine dans l'est de la Chine sur ordre du gouvernement local. Celui-ci a ordonné le démantèlement des croix, voire la destruction pure et simple d'une dizaine d'autres bâtiments religieux.
En avril dernier, une église catholique a été rasée dans la même région de Wenzhou, a rapporté l'envoyé spécial du journal Le Monde.
Cette région compte une grande concentration de chrétiens : ils y représentent 20% de la population et remplissent quelque 1500 églises.
Censure et répression
Les pratiques religieuses demeurent en Chine étroitement encadrées par le Parti communiste qui redoute l'émergence de contre-pouvoirs. Selon l'agence de presse catholique asiatique UcaNews, les autorités chinoises craignent la forte progression du nombre de chrétiens protestants, dont les communautés se développent en-dehors du contrôle de l'Etat. Les adeptes de différents cultes ne peuvent d'ailleurs se réunir que dans des lieux dûment approuvés.
Vingt-cinq ans après l'écrasement du « Printemps de Pékin » sur la place Tienanmen, la nervosité règne dans le pays, où les autorités ont renforcé censure et répression pour éviter tout débordement.
Durcissement
« A Wenzhou, de mémoire de chrétien, on n'avait jamais vu un tel acharnement depuis la Révolution culturelle », rapporte l'envoyé spécial du quotidien français. Selon plusieurs observateurs, l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping il y a un an a marqué un durcissement notable du climat religieux. Depuis 2013, une campagne sur trois ans a été lancée par les autorités de cette province orientale du Zhejiang. Elle vise à l'« embellir » en éliminant toutes les structures illégalement construites, indique l'agence de presse Asianews. Depuis janvier 2014, elle s'en prend aux lieux de culte chrétiens. Selon l'AFP, l'église de Sanjiang était cependant enregistrée auprès des autorités.
Gabrielle Desarzens