Une délégation du Conseil des Eglises chrétiennes du canton de Vaud (CECCV), conduite par son président, le pasteur Martin Hoegger, a rencontré du 1er au 10 mai des « pierres vivantes » en Israël-Palestine. En suivant dans les grandes lignes les étapes de la vie du Christ à Bethléem, Nazareth et Jérusalem, ils ont rencontré des croyants en Jésus-Christ : Palestiniens, Arabes et Juifs.
Pourquoi ce séjour ?
Au cours de sa visite à Lausanne, en septembre 2004, le Père Emile Shoufani, curé de Nazareth, a invité les chrétiens du canton de Vaud à rendre visite aux Eglises d’Israël et de Palestine. Il a dit entre autres : « Ce que vous vivez ici est important pour nous là-bas. En changeant vos relations les uns avec les autres, vous acceptez de vous transformer afin de rencontrer l’autre. Le visage de l’autre est le paradigme nouveau et essentiel ».
Un groupe de quatorze délégués, envoyés par diverses composantes du CECCV s’est mis en route pour effectuer cette visite dans un esprit de fraternité en Christ. Comme le dépliant de présentation du projet le définit, le but de ce voyage était « d’établir et de renforcer les liens avec les communautés chrétiennes qui vivent le drame de la division de Jérusalem et d’une terre où la paix apparaît comme bien lointaine ». Cette délégation souhaitait se « mettre à l’écoute de ceux qui souffrent, de ceux qui cherchent la paix, de ceux dont la foi soutient l’espérance et appelle à la solidarité ». Elle avait aussi pour but « de prendre la mesure des réalités de la communion réelle vécue entre les différentes Eglises, sachant que cette communion est en progrès certes, mais fragile encore ».
Des journées riches en émotions diverses
La plupart des participants découvraient pour la première fois Israël et les territoires « occupés ». Plusieurs n’avaient jamais approfondi la dimension théologique de l’existence d’Israël. Peu avaient pu dialoguer avec des Palestiniens chrétiens ou des Juifs « messianiques ». C’est dire que chaque occasion donnée apportait son lot de découvertes et de surprises, tant notre manière d’appréhender les conflits et les défis du Moyen-Orient depuis l’Occident sont peu en phase avec la réalité du terrain. Au menu quotidien : des rendez-vous avec des ecclésiastiques (parfois de haut rang : évêque ou patriarche) en fonction dans les Eglises « officielles » et historiques (catholique, orthodoxe, luthérienne, etc.) et des rendez-vous avec d’autres ministères (des pasteurs, des évangélistes et des enseignants), notamment évangéliques au Collège biblique de Bethléem. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer des chrétiens engagés dans le monde de l’éducation (des prêtres, des directeurs d’école ou des doyens...). Nous avons aussi beaucoup apprécié les opportunités de partage avec des compatriotes séjournant sur place et engagés à divers titres (un représentant du Conseil œcuménique des Eglises, une déléguée du CICR). Chacun de ces moments privilégiés nous a permis de nous faire une meilleure idée du vécu réel des croyants de cette région, au sein de laquelle les héritages sont souvent pesants et l’avenir bien incertain.
Le défi le plus interpellant : vivre la réalité de la communion fraternelle dans l’équipe !
A chacun des groupes rencontrés nous avons remis un message de solidarité rédigé par le CECCV. Nous souhaitions également, de par la composition hétéroclite de notre groupe, témoigner de la dynamique relationnelle entre les Eglises du canton de Vaud. Chaque matin, un temps d’écoute de la Parole a été posé comme un fondement qui nous a permis de prier et louer Dieu ensemble. A plusieurs reprises, des temps de partage, suite aux rencontres avec des interlocuteurs si divers et des prises de positions si variées, nous ont permis de vérifier comment chaque membre de l’équipe gérait les déclarations entendues : souvent pessimistes, parfois remplies d’espérance, rarement à l’unisson ! Pas toujours évident de distinguer entre les dimensions nationaliste, politique et religieuse (intimement liées dans la culture locale) et l’authentiquement « spirituel », débouchant sur le relationnel intense, le souhait de réconciliation et de paix sincère. Malgré notre perception parfois si divergente, nous étions tous unanimes pour dire que ce pèlerinage original avait non seulement été d’une très grande richesse pour chacun d’entre nous, mais qu’il nous avait permis de nous sentir beaucoup plus proches les uns des autres. Voilà ce qui constitue certainement la bénédiction la plus significative de notre périple. Signe réel, tangible et bienfaisant du Royaume annoncé.
Guy Gentizon, pasteur dans l'Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon