"Clive Staples Lewis : des écrits fantastiques pour témoigner de sa foi" par Gabrielle Desarzens

mercredi 26 janvier 2011

A l’âge de 31 ans, C.S. Lewis a choisi « d’ouvrir la porte, de défaire l’armure, de lâcher la bride ». Des mots chevaleresques qu’il a lui-même écrits pour exprimer sa conversion à la foi chrétienne. Et qui posent d’emblée le décor de ses livres fantastiques pour enfants, comme les Chroniques de Narnia.

[audio]http://www.paroles.fm/episode/cs-lewis/?play=1

Dans cette épopée extraordinaire et aux côtés d’animaux qui parlent, de jeunes héros sont en route pour le pays du lion Aslan. En filigrane de l’aventure qui se passe dans un monde parallèle, une deuxième lecture propose des valeurs chrétiennes évidentes, comme la confiance en Dieu, soit Aslan dans ce pays-là, que les enfants écoutent et choisissent de suivre. Ces valeurs-là, C.S. Lewis les a faites siennes dans l’entre-deux guerre, en 1929. Et il n’a par la suite jamais cessé d’écrire à leur sujet. A quelle fin ? Parce que cet homme qui a longtemps désiré aussi peu « appartenir à l’Eglise qu’à un zoo », affirme que le Dieu qu’il a enfin reconnu est Un et qu’Il est juste. « Ce n’est ni une ‘religion’ ni une ‘philosophie’. C’est le résumé de toutes les religions et de toutes les philosophies », écrit-il dans son autobiographie.
Clive Staples Lewis est né à Belfast, en Irlande, en 1898 au sein d'une famille protestante aisée. Il est le cadet de deux garçons. Son frère, Warren, son aîné de trois ans, est un véritable « allié », avec lequel il partage son imagination débordante, notamment au travers du dessin : « Warren avait fait de l’Inde son pays; le mien était le pays des Animaux ». Le passage à l’écriture s’effectue davantage comme « pis-aller » que par passion, écrit-il, en expliquant n’avoir, comme son frère et son père, qu’une seule phalange au pouce, et par conséquent peu d’habileté à fabriquer avec ses doigts les personnages et les décors qui peuplaient alors son esprit. Mais en couchant sur papier ce qui l’habite, C.S. Lewis découvre vite qu’il peut faire beaucoup plus de choses avec un château, dans une histoire, qu’avec le plus beau des châteaux de carton... Dans le grenier de la maison familiale, il rédige et illustre ses premières chroniques, combinant ses deux plaisirs littéraires : les animaux déguisés et les chevaliers en armure.

 

Un monde glacial

Coup de tonnerre à l’âge de 10 ans : sa mère décède à la suite d'un cancer. Avec cette mort, « tout bonheur stable, tout ce qui était tranquille et sûr disparut de ma vie... J’étais désormais au milieu de la mer et des îles ; le vaste continent, tel l’Atlantide, avait sombré. » En relatant cette période, C.S. Lewis parle de son frère et lui comme de deux gosses effrayés, blottis l’un contre l’autre pour avoir chaud dans un monde glacial. Warren part en pension en Angleterre. Puis vient son tour de quitter le toit familial. S’il change plusieurs fois d’établissements scolaires, qui sont pour lui autant d’expériences traumatisantes, il manifeste un intérêt grandissant pour les mythologies celtiques et nordiques. En 1914, il part suivre des cours privés auprès d’un proviseur qui lui donne le goût de la littérature classique.
Après avoir passé de premiers examens d'entrée à l’Université d’Oxford, il est appelé sous les drapeaux et prend part à la Première Guerre mondiale. Blessé en avril 1917, il est rapatrié en Angleterre et libéré de ses obligations militaires. Il reprend ses études et mène de front plusieurs brillants cursus en philosophie, lettres classiques et littérature anglaise.
Au niveau spirituel, il dit avoir abandonné sa foi d’enfant sans le moindre sentiment de perte et avec le plus profond soulagement. Il cite Lucrèce, poète et philosophe latin du 1er siècle avant Jésus-Christ, et pense à son tour lui aussi que: « Si Dieu avait créé le monde, ce ne serait pas le monde fragile et défectueux que nous connaissons... »

Défaire l'armure

Ami intime de John Ronald Reuel Tolkien, le fameux auteur du « Seigneur des anneaux », il commence une carrière d’enseignant à Oxford et préside l'Oxford Socratic Club, où croyants et incroyants débattent de la validité du christianisme. Avide de lectures qui le nourrissent, mais où il juge souvent regrettable que leurs auteurs aient cette « marotte du christianisme », il témoigne avoir été rattrapé par Dieu et avoir reçu de sa part un instant de choix entièrement libre : « Je pris conscience que je tenais quelque chose en échec, que je maintenais quelque chose à distance (...) Je portais un vêtement raide, une sorte de corset, ou même une carapace comme si j’étais un homard. Et je sentis qu’on me donnait, séance tenante, un libre choix. Je pouvais ouvrir la porte ou la tenir fermée ; défaire l’armure ou la garder. » A l’âge de 31 ans, en 1929, il choisit d’adhérer au christianisme : « Je cédai, j’admis que Dieu était Dieu, je me mis à genoux et je priai », résume-t-il.
Animé par le désir de retrouver la Joie qu’il a goûtée pendant son enfance irlandaise, il trouve dans le Christ l’objet même de sa quête. Sa conversion lui rend ce sentiment d’allégresse qui lui a manqué pendant des années, avec la certitude qu’il quitte enfin « l’exil et ses terres désertiques pour retourner dans son propre pays »...

Se relier à Dieu

A l’encontre de l’agnosticisme qui prévalait autour de lui, C. S. Lewis croit désormais qu’il est possible de démontrer l’existence de Dieu, du moins de rendre son existence plus vraisemblable que sa non-existence. Il pense que chaque personne discerne ce qui est bien et ce qui est mal et que la réalité est imprégnée d’un ordre qui est inspiré par un Esprit créateur. Il estime enfin que chacun désire se relier d’une manière ou d’une autre à Dieu.
Sa conversion l’amène à tenir des chroniques radiophoniques sur le christianisme pendant la Seconde Guerre mondiale et à écrire différentes œuvres traduites en plus de 40 langues. Mis à part la littérature pour enfants comme les 7 tomes des Chroniques de Narnia, vendues à plus de 120 millions d'exemplaires, il touche à une gamme étonnante de genres littéraires, dont la science-fiction, la philosophie, des essais érudits sur la littérature du Moyen-Age, des essais et romans théologiques et de l'apologie chrétienne populaire.
Il devient membre de l’Eglise anglicane, même s’il reste déçu par la piètre qualité des chants et des sermons entendus à l’Eglise. Joy Gresham, sa future femme, entre dans sa vie à cette période. Juive, communiste, celle-ci s'est convertie au christianisme et, séparée de son mari, vit à Londres avec ses deux fils, David et Douglas. C. S. Lewis l'épouse religieusement en 1956, alors qu'elle est déjà atteinte d'un cancer des os, dont elle meurt en 1960. Un film rend compte de cette partie de sa vie sous le titre « Les ombres du cœur », Shadowlands, avec Anthony Hopkins et Debra Winger.

Il n'abandonne pas la foi

Cette production cinématographique constitue une méditation profonde sur les questions de la vie, de la mort, de la joie et de la douleur qui coexistent dans le quotidien de tout un chacun. Avant les événements rapportés dans la projection, C. S. Lewis avait écrit un livre sur le thème de la souffrance. Un livre intelligent, logique, rassurant. Mais le décès de sa femme le bouleverse énormément et, par la suite, il écrit un autre livre beaucoup plus personnel qui porte le titre « Apprendre la mort » (en anglais : « A Grief Observed »). Pour protéger son intimité, il le publie sous un pseudonyme et y livre que, malgré ses luttes avec Dieu, il n'abandonne pas sa foi en Lui.
Devenu professeur de littérature anglaise de la Renaissance et du Moyen-Age à l'Université de Cambridge, il démissionne en été 1963, atteint de septicémie. Sa mort, le 22 novembre de la même année, est complètement occultée par l’assassinat, le même jour, du président américain John Fitzgerald Kennedy.
Jovial et généreux, C.S. Lewis donnait régulièrement les deux tiers des revenus de ses livres à des œuvres et des personnes dans le besoin.
Gabrielle Desarzens

Radio Réveil vous propose une version audio de cette biographie.

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