Giovanni Traettino, le pasteur pentecôtiste visité par le Pape François, témoigne

vendredi 23 juin 2017

Son accueil du Pape François dans son Eglise a défrayé la chronique évangélique voilà trois ans. Le pasteur italien Giovanni Traettino est intervenu lors des Journées d’étude pour le renouveau théologique et sociétal à Fribourg du 19 au 21 juin. Invité officiel, il a témoigné de l’œuvre de réconciliation de l’Esprit Saint en Italie.

« Avec notre Eglise, nous sommes les témoins d’une marche de réconciliation. » Giovanni Traettino est le responsable de l’Eglise de la Réconciliation, un réseau d’une cinquantaine de communautés pentecôtistes en Italie. Le mardi 20 juin, il est intervenu à deux reprises dans le cadre des Journées d’étude pour le renouveau théologique et sociétal à Fribourg. Une fois en plénière aux côtés d’autres témoins de l’œuvre de l’Esprit comme le capucin Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, ou le théologien pentecôtiste Jean-Daniel Plüss du Forum chrétien mondial ; et une autre fois dans un atelier intitulé : « De la condamnation à la réconciliation ».

De la condamnation à la réconciliation

Devant une quinzaine de personnes, il a raconté qu’« il n’était pas toujours facile de changer, en soi ou dans un mouvement de communautés, les paradigmes divisant l’Eglise ». Né dans une famille catholique, Giovanni Traettino découvre Jésus-Christ dans un contexte évangélique. A la fin des années 70, il expérimente la réalité du baptême dans le Saint-Esprit. En 1992, il participe en Italie aux festivités qui marquent les 25 ans du Renouveau charismatique. Convaincu par le Seigneur qu’il doit à cette occasion poser un geste signifiant, il lave les pieds d’un responsable catholique devant 14000 personnes. Ce geste a un impact considérable au sein du Renouveau charismatique catholique. Il permet d’entrevoir d’autres relations possibles entre ces deux courants chrétiens – catholique et pentecôtiste – qui, jusqu’alors, se jetaient plutôt des anathèmes. « Le pentecôtisme a la capacité de bénir tous les mouvements d’Eglise, relève-t-il. Si des chrétiens ont soif de la présence de Dieu, l’expérience de l’Esprit peut les rassembler. »

Visité par le Pape François

En 2006, alors qu’il est en visite en Argentine, Giovanni Tarettino participe à une grande rencontre charismatique de réconciliation. L’archevêque de Buenos-Aires, Jorge Bergoglio, le futur Pape François, participe à cette rencontre. Sur la scène, il s’agenouille et demande aux pasteurs pentecôtistes présents de prier pour lui. A partir de ce moment-là, Giovanni Tarettino tisse une relation d’amitié forte avec le futur Pape.

Une fois nommé Pape, François prend contact avec le pasteur Tarettino et lui demande s’il est possible de le visiter. Cette visite se réalise le 28 juillet 2014. François effectue d’abord une visite au domicile du pasteur, puis dans son Eglise de Caserta. « A cette occasion, François nous a demandé pardon pour la persécution des pentecôtistes en Italie et pour le fait que l’Eglise catholique a affublé les Eglises pentecôtistes du terme de sectes. »

Depuis ce moment-là, Giovanni Tarettino est engagé encore plus résolument pour la réconciliation entre catholiques, pentecôtistes et évangéliques. Même s’il est parfois critiqué par ses pairs en Italie, il considère que cet œcuménisme spirituel à la base constitue un véritable pas vers davantage d’unité au sein du corps de Christ.

Serge Carrel

  • Encadré 1:

    Un pentecôtiste suisse explique les raisons de sa proximité spirituelle du Pape François

    A Fribourg du 19 au 21 juin, Ernest Daniel Bretscher accompagnait Giovanni Traettino, le pasteur pentecôtiste qui a reçu le Pape François dans son Eglise en 2014. Fils de missionnaires suisses partis en Calabre à la fin des années 50, Ernest Bretscher est très impliqué dans l’Eglise de la Réconciliation, ce réseau de communautés dirigées par Giovanni Traettino. Il détaille les raisons qui ont poussé leur Eglise à tisser des liens forts avec François.

     

    Que répondez-vous aux évangéliques italiens mais aussi d’ailleurs qui disent que l’Eglise catholique n’a pas changé ?

    Pour comprendre les changements et la réforme qui est en marche, il faut lire ce que le Pape écrit. A ce niveau-là, les médias ne sont pas une source sûre. La plupart du temps, tout est filtré par des lunettes qui révèlent la couleur des préjugés de celui qui communique.

    Que faudrait-il lire pour percevoir ce que pense le Pape François ?

    Il faut lire Evangelii Gaudium (La joie de l’Evangile) (1). Le Pape François y parle de la substance de la Bonne Nouvelle. Il y évoque la conversion, la repentance, la nouvelle naissance et le baptême dans le Saint-Esprit. Pour lui, il est essentiel de mettre Jésus au centre. Il relève même que les curés et les évêques qui n’ont pas fait l’expérience de la nouvelle naissance, d’une rencontre personnelle avec Jésus et du baptême dans le Saint-Esprit, ne sont pas dignes d’occuper le ministère qu’ils exercent.

    Que dites-vous aux évangéliques romands qui ont l’impression, lors de certaines fêtes comme les 1500 ans de l’Abbaye de Saint-Maurice, d’avoir en face d’eux un catholicisme qui continue à fonctionner à coup d’œuvres à faire pour mériter Dieu ?

    C’est vrai que certaines traditions catholiques ont de la peine à mourir. Certaines de celles-ci mourront avec ceux qui les pratiquent. Mais ceci ne change pas le fait qu’il y a une réforme qui a commencé avec Vatican II, qui continue en sous-terrain et qui a permis l’ouverture de cette Eglise au Renouveau charismatique et au baptême dans le Saint-Esprit. L’Esprit du Seigneur est redevenu central dans l’Eglise catholique, ce qu’il n’était pas dans le passé. Autrefois, l’Esprit était seulement une colombe dessinée dans les églises. Aujourd’hui, il y a une nouvelle compréhension de l’importance et de la centralité de l’Esprit, mais surtout de la personne de Jésus-Christ en tant que Seigneur et Sauveur.

    Le Pape souligne qu’il est important d’avoir une relation avec Jésus. Il encourage ceux qui l’écoutent d’avoir constamment un Nouveau Testament dans leur poche et, quand on se trouve dans les transports publics, de le lire pour que nos contemporains connaissent Jésus, ce qu’il fait et ce qu’il désire être dans notre vie.

    A vous entendre, vous êtes un « fan » du Pape François…

    Je ne suis pas un « fan » du Pape François, mais un « fan » du Saint-Esprit, parce qu’on voit que, derrière ce qui se passe dans nos Eglises, il y a l’action du Saint-Esprit qui travaille à la purification de l’Eglise dans ses différentes expressions. Il est en train de ressusciter une Eglise que nous autres, pentecôtistes ou évangéliques, nous considérions comme morte.

    Suite à ce que nous avons vécu dans nos diverses rencontres avec des catholiques du Renouveau charismatique, nous connaissons passablement de responsables catholiques. La Bible dit que nous reconnaissons l’arbre à ses fruits. Parmi ces responsables, nous avons rencontré de nombreuses personnes qui font preuve d’une intégrité, d’une sainteté, d’une humilité, d’une miséricorde… que l’on peine à discerner dans la vie de nos pasteurs évangéliques ou pentecôtistes. Alors il est facile de poser des jugements sur autrui, mais il serait bien que nous nous regardions nous-mêmes !

    En été 2014, vous avez assisté à cette visite du Pape François dans l’Eglise pentecôtiste de Caserta. Qu’en retenez-vous ?

    J’en retiens l’humilité du Pape François. L’accueil de notre Eglise a été très chaleureux. Les membres de notre communauté ont été très touchés par l’attitude du Pape et par les paroles qu’il a exprimées.

    Les locaux que nous avons à Caserta sont une structure en chantier. Nous n’avons que les piliers en béton armé et un toit au-dessus. Néanmoins le Pape est venu dans ces locaux où, sur le devant de la salle, il y avait une grande croix et une pancarte qui disait : « Jésus est le Seigneur ».

    Propos recueillis par Serge Carrel

    Note
    1 Pape François, Evangelii Gaudium, 2013, 238 p.

     

  • Encadré 2:

    Un livre pour découvrir l’épopée de Ernst et Rose-Marie Bretscher en Calabre

    Un livre, Le plus petit deviendra un millier, retrace le périple de Ernst et Rose-Marie Bretscher, un couple installé dans la région lausannoise qui, à la fin des années 50, part en Calabre pour y mener un travail missionnaire. Ils y fondent des Eglises et un travail social en faveur des enfants déshérités et orphelins.

    Une occasion de découvrir l’aventure de foi d’un couple de Suisses, qui a appris à vivre de la dépendance de Dieu, jusque dans ses besoins quotidiens.

    Brectscher couv

     

     

     

     

     

     

    Ernst et Rose-Marie Bretscher, Le plus petit deviendra un millier, s.d., s.l. A commander à : info@emimei.org.

  • Encadré 3:

    Légende photo : Les pasteurs Ernest Bretscher et Giovanni Traettino de l’Eglise évangélique de la Réconciliation (Italie).

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