La crise écologique que nous traversons, on la connaît surtout par le biais du réchauffement climatique. On en parle beaucoup… mais la crise se manifeste aussi par l’effondrement de la biodiversité, par la dégradation de la qualité de sols et par la pollution des eaux. Dans ce contexte, un milieu est pointé du doigt : le milieu agricole. Notamment les paysans qui pratiquent l’agriculture industrielle, accusée de « tuer » la vie des sols par leurs pesticides et leurs engrais.
La chimie avant la biologie des sols
Un petit film, récemment produit par la campagne de sensibilisation StopPauvreté et intitulé « Une terre à nouveau fertile », rend bien compte de cette question. On est frappé d’entendre que, des ingénieurs agronomes aux paysans, la formation agronomique ou agricole s’est préoccupée pendant longtemps de chimie et de moyens chimiques à utiliser pour maximiser les rendements, mais peu de biologie et notamment de biologie des sols. Ce n’est que depuis quelques années que ces spécialistes s’intéressent à ce petit monde qui grouille sous nos pieds : vers de terre, cloportes, acariens et autres collemboles – des insectes décomposeurs –, champignons et bactéries, qui jouent un rôle-clé dans le maintien de la fertilité des sols.
La terre un monde vivant
Dans ce contexte, il s’agit d’effectuer un changement de perspective, un virage pour promouvoir ainsi une nouvelle forme d’agriculture que l’on appelle l’agroécologie. La terre n’est plus réduite à un objet ou à une chose. Cette fine couche d’humus qui entoure le globe terrestre, est perçue comme un monde vivant, dont il importe de prendre soin, en évitant l’utilisation de tous les produits se terminant par « cide » : pesticides, herbicides, fongicides…
Concrètement, il s’agit de nourrir les êtres vivants du sol plutôt que la plante. Il s’agit d’alimenter la vie du sol, plutôt que de la tuer.
Pour l’ingénieur agronome Roger Zürcher, très proche du mouvement StopPauvreté, en agriculture, quand les cultures sont menacées par des plantes adventices, des maladies ou des parasites, plutôt que d’utiliser des biocides, l’essentiel est d’augmenter la vie, d’amener plus de diversité. Ce qui va amener un nouvel équilibre et l’abondance !
Le nécessaire soutien des consommateurs
Et cette révolution agroécologique n’est possible, entre autres, que si les consommateurs, vous et moi en l’occurrence, jouent leur rôle. Que si nous sommes prêts à quitter la malbouffe et à payer notre nourriture à un juste prix.
La balle n’est donc pas seulement dans le camp des agriculteurs. Elle est aussi dans celui des consommateurs qui doivent payer plus pour l’acquisition de produits agricoles de qualité… et de proximité !
Serge Carrel