Organiser un concert en faveur des réfugiés ukrainiens et de leurs proches restés au pays : telle est l’idée qui est venue à une membre de l’Eglise évangélique des Amandiers (FREE) à Lavigny. Ainsi, dimanche 4 juin, la pianiste d’origine géorgienne Nino Kupreishvili se produira à la grande salle de Lavigny à 17h. « Les dons seront utilisés pour soutenir des familles pauvres en Ukraine, et des familles accueillant des enfants séparés ou abandonnés par leurs parents. Celles-ci vivent dans la région de Soumy, à 140 au nord de Kharkiv », explicite le pasteur David Valdez.
Une pianiste qui comprend la situation
En introduction du concerto, les enfants de plusieurs familles réfugiées interpréteront deux prières dans leur langue maternelle et une collation est prévue à l’issu de la représentation, afin de permettre aux spectateurs de rencontrer ces familles ukrainiennes. Il sera aussi possible de se procurer le dernier CD de la pianiste du jour. En mars 2022, quand les premiers Ukrainiens sont arrivés à l’Eglise des Amandiers, Nino Kupreishvili a été la première traductrice à se rendre disponible. Mariée à un jeune homme de la région, cette musicienne enseigne le piano à la fondation Résonance à Morges. « En tant que Géorgienne, elle peut en partie s’identifier à la situation de nos amis ukrainiens, relève le pasteur Valdez. Vingt pourcents de la Géorgie est occupée par les militaires russes depuis 2008, ce qui provoque encore aujourd’hui une instabilité politique dans son pays ».
Jusqu’à quarante Ukrainiens le dimanche
L’Eglise FREE de Lavigny accueille jusqu’à quarante Ukrainiens le dimanche, dont beaucoup d’enfants, d’adolescents et de jeunes. « Parfois, l’école du dimanche a autant de public russophone que francophone. Il nous est arrivé d’avoir aussi des traducteurs pour permettre aux enfants de suivre l’histoire biblique dans leur langue maternelle », partage le pasteur. Il précise que ces chrétiens ukrainiens ont très à cœur la communauté, qu’ils prient pour elle et participent aux travaux d’entretien de l’Eglise. Deux adolescentes ukrainiennes mettent également à profit de l’Eglise leurs dons musicaux. « Ainsi, une fois toutes les six semaines, nous avons des chants ou des couplets dans leur langue que toute l’assemblée peut reprendre».
Une Eglise impliquée
Le jour de l’arrivée des premiers réfugiés, en 2022, les chrétiens de Lavigny avaient anticipé et préparé un repas d’accueil ; ces agape dominicales se sont ensuite perpétuées durant plusieurs semaines. David Valdez se souvient en particulier de la joie d’une des Ukrainiennes en voyant son drapeau national jaune et bleu dans l’Eglise. De fil en aiguille, des cultes bilingues ont été mis sur pied. Une personne en assure la coordination: il s’agit de trouver des interprètes et de leur transmettre les textes des prédications à l’avance, ainsi que de superviser tout le travail avec l’équipe technique et celle de la louange. Sans oublier de transmettre les annonces de l’Eglise en russe. Et le pasteur de commenter : « Les temps de traduction permettent au public francophone de cheminer avec des questions ou des réflexions sur le message qui est donné».
Aujourd’hui, certains Ukrainiens résident au centre de l’EVAM à Féchy, à cinq kilomètres de Lavigny. Pour qu’ils puissent venir à la célébration, un service de « taxi » est organisé par l’Eglise le dimanche matin. Les membres de la communauté s’impliquent aussi au travers d’une banque alimentaire. Des cours de français étaient proposés les premiers temps et maintenant, c’est à travers les partages de fin de culte ou des invitations que les Suisses encouragent les Ukrainiens à parler en français.
Des Ukrainiens reconnaissants et des Suisses interpellés
« Nos amis ukrainiens nous remercient souvent et nous disent avec beaucoup de reconnaissance qu’ils se sentent vraiment aimés », se réjouit le pasteur Valdez. C’est le cas de Tania, une maman de dix enfants, qui se dit très touchée par ce qui est mis en place pour les accueillir et les intégrer. Les chrétiens locaux, eux, sont pour leur part interpellés par la foi des Ukrainiens. « Ils ont découvert une nouvelle culture, et surtout une foi chrétienne authentique incarnée dans la souffrance de la guerre », souligne David Valdez. Et de conclure : « Je pense que Dieu nous interpelle de multiples manières pour nous aider à vivre notre de foi et notre vie communautaire autrement ».