« Avec tout le matériel que nous avions, il a fallu faire entrer un éléphant dans une Mini Cooper. Sans blesser l’éléphant et sans abîmer la Mini ! » Pari tenu après 11 heures de montage le dimanche 29 mars ! Yann Kramer est l’un des concepteurs de l’exposition « Le Chemin de la Passion ». Il est fier et très ému d’accueillir, en première mondiale (!) et à l’occasion de Pâques 2009, tous les clients du centre commercial de Signy au-dessus de Nyon. Pour autant qu’ils soient prêts à se laisser distraire de leurs courses !
Des tentes de bédouins en plein centre commercial
Lovée autour des escalators du centre commercial du 30 mars au 11 avril, l’exposition donne des airs orientaux à cet espace dévolu aux échoppes les plus diverses et à un magasin Coop. En descendant les escalators qui mènent du parking au supermarché, on a l’impression de survoler des tentes de bédouins aux couleurs bigarrées : beige, rouge, noir... Puis lorsqu’on atteint le niveau du supermarché, on butte sur des toiles de tente où on peut lire des affichettes avec : « Le Chemin de la Passion ».
« Il est difficile de savoir ce qui se passe dans le coeur des visiteurs, relève Cécile Moser, une des artistes qui a participé à la réalisation des fresques qui s’affichent sur les murs intérieurs des 7 tentes montées bout à bout. Nous espérons que cette exposition sera l’un des maillons importants dans la vie de certains pour les rapprocher de Jésus et leur donner envie d’en savoir plus à son sujet. »
Des Rameaux à Pâques
Lorsque vous franchissez le seuil de l’exposition, vous voyez des personnes en costumes d’époque qui accueillent triomphalement Jésus à Jérusalem. Puis vient la tente du marché avec ses senteurs orientales qui vous montent au nez. C’est le dernier repas qui s’ouvre ensuite devant vous avec onze disciples autour de Jésus, Judas étant en train de quitter la salle. « Tous les personnages ont des visages de gens de la région de Nyon, explique Yann Kramer. J’ai demandé à des amis et à des membres de l’Eglise évangélique la Fraternelle de poser dans l’attitude requise par les personnages. » C’est ainsi que derrière les traits de Caïphe, le président du tribunal juif qui a condamné Jésus à mort, on discerne le visage du pasteur Guy Gentizon de la Fraternelle. « Personnellement, ajoute Yann Kramer, j’ai accepté de prêter mon visage à Judas et... à Jésus crucifié ! Personne ne voulait se laisser prendre en photo dans la bonne posture afin d’incarner ces deux personnes de l’histoire de la Passion. »
Moment fort de l’exposition : la tente où l’on voit Jésus crucifié, puis ce passage dans un couloir noir qui débouche dans la tente du tombeau vide avec ces bandelettes laissées à l’abandon... « Des gens très divers se laissent ‘accrochés’ pour une visite », explique Guy Gentizon. Une personne d’origine marocaine a répondu positivement à sa proposition. Grâce à la tente du marché et aux senteurs orientales qu’elle distille, elle s’est sentie à l’aise et a été touchée par les quelques commentaires qui ont accompagné la visite. « Une telle visite, ça change de celles que l’on peut faire avec un bon Vaudois, ajoute le pasteur de Nyon. Ce Marocain a fait preuve d’un respect pour Jésus - un prophète selon le Coran - qui m’a touché. J’espère que le film ‘Jésus’ et l’évangile que je lui ai remis lui permettront d’aller plus loin dans sa réflexion. »
90 bénévoles pour une dynamique oecuménique
90 bénévoles issus de 8 Eglises ou Paroisses de la région nyonnaise assurent les permanences autour de l’exposition. Leur mission : l’accueil et l’accompagnement des visiteurs, enfants et adultes. La dynamique est résolument oecuménique puisque anglicans, catholiques, réformés et évangéliques se sont donné la main pour créer cet événement. « Personnellement, je vois deux buts à un telle manifestation, explique Jean-Luc Dubigny, le pasteur de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV). Tout d’abord intéresser à l’histoire de la Passion nos groupes de catéchisme et nos aînés. Puis aller avec le message de Pâques à la rencontre de toutes les personnes intéressées. » Démarche plutôt réussie puisque après une semaine, les accompagnants ont distribué plus d’un millier de livrets offerts en guise de guide aux visiteurs.
4 ans de gestation
La genèse de l’exposition « Le Chemin de la Passion » remonte à 2005. « A cette époque, se souvient Yann Kramer, Michel Siegrist, le directeur de la Ligue pour la lecture de la Bible, rentre d’Allemagne où il a vu une exposition appelée ‘Jardin de Pâques’. Il me contacte et me branche sur le projet en me disant que ça a tout d’une sorte de crèche vivante, mais avec l’histoire de la Passion. » Fin 2006, Cécile Moser monte dans le train et met à disposition ses talents artistiques pour faire avancer le projet. A Pâques 2008, quelques modules de l’exposition sont montrés aux enfants dans les locaux de l’Eglise évangélique la Fraternelle. Les membres de la Pastorale nyonnaise, qui regroupe les pasteurs et prêtres de toutes les Eglises de la ville, sont invités à visiter cette mini expo. C’est l’unanimité. Tous se déclarent d’accord de mettre sur pied ce projet en commun.
« Grâce à ce ‘Chemin de la Passion’, la mort de Jésus quitte enfin nos Eglises pour habiter les places publiques de nos cités, commente Pierre-Yves Zwahlen, le responsable du ministère biblique de la Ligue pour la lecture de la Bible, l’association qui porte le projet. Nous souhaitons donc continuer à développer cette exposition et la mettre à disposition des Eglises... et pas seulement durant la période qui précède Pâques ! » ajoute celui qui a conçu le livret de l’exposition.
Serge Carrel
Le samedi 6 juin, la Ligue pour la lecture de la Bible présentera officiellement l’exposition « Le Chemin de la Passion » dans ses locaux à Lausanne. Pour plus d’infos.