A l’aube de l’an 2000, on présageait que l’homme du XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas. La médecine a progressé de manière spectaculaire. Or, comme l’a souligné Michel Pétermann, enseignant en soins infirmiers à Lausanne, l’homme d’aujourd’hui ne se contente plus seulement d’une médecine rationnelle et analytique. Il fait de plus en plus recours à des thérapies spirituelles… signe que la médecine traditionnelle offre une réponse insuffisante aux questions existentielles que posent la souffrance et la maladie.
L’attrait des nouvelles spiritualités
Jean-Marc Pilloud, pasteur à Lyon, a cherché à comprendre l’engouement actuel pour les nouvelles spiritualités. Le bouddhisme, par exemple, laisse une grande place à la compassion, et sans dogmatisme, car chacun est à l’écoute de sa propre voix intérieure. L’Islam permet d’entrer dans des rituels sécurisants, qui séduisent particulièrement les personnes en manque de repères. Certains évangéliques sont aussi tentés d’adopter les rituels juifs. Or l’Evangile nous appelle à la liberté en Christ (Gal. 5 v. 1).
Pourquoi l’attrait du christianisme est-il tellement en baisse ? Telle est la question posée par Louis Schweitzer, pasteur et professeur d’éthique à Paris. Les guerres de religion et le légalisme ont porté ombrage au christianisme. A cela s’ajoute un attrait pour les religions orientales qui sont largement idéalisées en Europe. La tolérance et la pratique de rituels indiquées par les sages orientaux fascine.
Serge Carrel s’est demandé ce qui fait le succès d’un romancier comme Paulo Coelho. Une spiritualité « soft », un monde enchanté où la réalité du mal est absente, voilà ce qui plaît et rassure. Coelho propose différents exercices spirituels. Il invite à partir à la recherche de l’âme du monde, un concept passe-partout dans lequel chacun met ce qu’il veut. En parlant d’une force divine à l’œuvre dans le monde, Coelho renouvelle une certaine espérance.
La foi chrétienne sur le marché des spiritualités
Croire ou ne pas croire, telle était autrefois la question. Aujourd’hui, c’est plutôt : à quoi croire ? Dans notre société, note Louis Schweitzer, on ne peut s’appuyer sur l’autorité de la Bible ou de l’Eglise pour convaincre. Par contre, Jésus-Christ fait la différence. Sa vie, sa mort et sa résurrection, voilà ce qui le distingue de tous les sages et gourous. Imitons le Christ, rejetons les discours moralistes, et nos vies parleront à nos contemporains ! Trop souvent, nous disons implicitement aux jeunes convertis : « Lis ta Bible, prie et débrouille-toi ! ». Alors que nous devrions cheminer ensemble et être des vis-à-vis. Notre témoignage passe par un approfondissement de notre vie spirituelle : grandir dans notre compréhension de la Parole, comme dans notre vécu avec le Seigneur.
Jésus, l’authentique spirituel
Ernst Sieber, pasteur des toxicomanes zurichois, a mis en garde contre certaines théologies chrétiennes qui associent à tort la richesse, la spiritualité et la bénédiction. La pauvreté est spiritualisée, comme si elle était un mal inévitable, contre lequel on ne peut rien. Or Jésus s’est tourné vers les pauvres, les aveugles et les malades, afin de les aider et les guérir ! Engageons-nous à sa suite… sans tarder ! Pourquoi le bon samaritain a-t-il été le prochain du blessé ? Parce qu’il a choisi de le secourir. Il a osé aller à l’encontre des principes de sélection naturelle. Un sidéen mourant a dit à sa famille : « Savez-vous pourquoi je crois en Jésus-Christ ? Parce que vous m’aimez. »
Les jeunes en quête de spiritualité
Les jeunes de la génération « Y » ont grandi dans le scepticisme, l’indifférence et le cynisme. Il suffit de penser à la chute du mur de Berlin, au terrorisme, à la faillite du modernisme et aux catastrophes vécues en « live », note Luc Zbinden, enseignant à Lausanne. Les jeunes évoluent dans un monde où tout est possible, mais plus rien n’est certain. « Le gris a pris le dessus sur le noir et le blanc ! » Et l’orateur d’ajouter : « Mais nous avons la couleur ! » La foi en Christ apporte des réponses, quand bien même on ne veut plus d’absolus. Luc Zbinden continue avec humour : « Nous avons un alpha, un oméga… et sans cela, nous sommes tous des « bêta » ! » La génération « Y » vit de l’image. Une image violente et virtuelle, qui permet de se projeter dans un monde nouveau. On se construit une spiritualité « pick and mix », selon les goûts de l’instant, et dans le rejet de l’autorité. Immanquablement, la vie manque de repères et de sens. L’orateur conclut par un appel à leur témoigner du Christ : « Renversez leur point d’interrogation, et vous en ferez un hameçon ! »
Christian Kuhn, animateur jeunesse dans les Eglises apostoliques évangéliques, a donné la parole aux jeunes passionnés de jeux vidéo. Une passion qui entraîne une réelle dépendance, une fuite dans le virtuel pour échapper aux frustrations de la vie. Le joueur est toujours un héros, mais cet héroïsme dans le jeu le rend généralement passif dans la vie. Pascal Grosjean, animateur jeunesse des AESR, a relevé que la génération « Y » pratique la religion de la consommation : « J’ai donc je suis. » La publicité ciblée pour les jeunes ne propose pas seulement des objets, mais tout un style de vie, une identité.
Disciple du Christ malgré l’absurde
Tony Ukety, ophtalmologue, a témoigné des persécutions qu’il a subies alors qu’il était en fonction au centre médical de Nyankunde en RDC. Il a choisi de rester sur place malgré la guerre, afin de ne pas abandonner les malades et le personnel soignant. Une équipe de Medair et des membres du SME ont donné un écho de divers projets de reconstruction dans ce pays dévasté par la guerre.
A leur manière, tous les orateurs ont souligné que l’homme du XXIe siècle est profondément spirituel… mais seul Jésus-Christ donne sens à la vie. Que faire pour orienter la spiritualité de nos contemporains vers le Seigneur ? Aimons-nous les uns les autres comme Jésus nous a aimés ! (Jn 15 v. 12).
Anne-Catherine Piguet, rédactrice responsable de Vivre