Les transmissions de matchs de foot dans les Eglises : des occasions d’approfondir des relations

mardi 11 avril 2006
Les évangéliques allemands se mobilisent autour de la prochaine Coupe du monde de football. Ils ont mis au point un programme impressionnant pour encourager un accueil de qualité des nombreux étrangers qui visiteront l’Allemagne en juin et en juillet. Ils ont aussi élaboré de nombreuses idées pour faire de cet événement planétaire une occasion de témoigner du Christ. Michael vom Ende est le directeur de la communication pour Evangeliums-Rundfunk (ERF) à Wetzlar, une association de 180 salariés qui sont « missionnaires » dans les médias TV, radio, internet et presse écrite. Michael collabore à la préparation de « kickoff2006 ». Il explique pourquoi les évangéliques tiennent à des transmissions de matchs dans les Eglises.

Que peuvent apporter à une communauté chrétienne ou à une paroisse des transmissions de matchs de la Coupe du monde de foot ?
D’abord le fait de permettre à des gens de se rencontrer. Vous invitez des amis, des connaissances ou d’autres personnes, puis on discute et on apprend à se connaître autour du football. Du point de vue de l’image de marque, une communauté chrétienne fait aussi connaître son intérêt pour le sport. Enfin, au travers des émissions de TV en direct proposées avant certains matchs par ERF, il y aura aussi la possibilité de donner une dimension spirituelle à ces transmissions dans le monde germanophone.

Quelles expériences avez-vous faites avec les précédents grands événements de football durant lesquels vous avez promu de telles transmissions ?
Avec le foot, nous avons fait de bonnes, voire de très bonnes expériences. Le football permet des rencontres à un niveau intéressant. Lorsqu’on invite quelqu’un à une rencontre d’évangélisation, il faut porter un grand intérêt aux questions spirituelles. Avec le football, l’intérêt est rapidement là.
Ce qu’il faut aussi avoir à l’esprit, c’est que l’émotion est également très présente. Je viens d’aller au stade assister à un match de Bundesliga. En tout, les équipes en présence ont marqué 11 buts. Après un des buts, un de mes voisins spectateurs est venu vers moi et m’a serré dans ses bras. Ça ne m’a pas gêné, même si je n’embrasserais jamais une telle personne sans la connaître. Une telle atmosphère facilite les contacts. C’est indéniable !

Comment avez-vous réussi à intégrer comme invité aux émissions TV qui précéderont les transmissions de matchs, Jorginho, l’un des joueurs brésiliens qui a gagné la Coupe du monde en 1994 ?
Il y a plus d’une dizaine d’années, Jorginho s’est publiquement déclaré chrétien. Il est venu jouer en Allemagne et a fréquenté une communauté chrétienne brésilienne dans notre pays. Jorginho a aussi rapidement pris des contacts avec des organisations sportives chrétiennes comme « Sportler ruft Sportler » (Des sportifs appellent des sportifs)...
Cette possibilité de produire une émission avec Jorginho comme consultant, c’est le fruit des liens que les chrétiens ont tissé avec des footballeurs au fil des années. Il y a aussi un réseau de personnes qui se sont formées pour l’accompagnement spirituel des joueurs de foot professionnels. A leur tour, les footballeurs ont mis en place un réseau d’évangélisation. Il y a même des communautés chrétiennes qui se sont formées grâce à de tels joueurs.

Pourquoi ces perspectives d’annoncer l’Evangile sont-elles liées à des Brésiliens ?
La manière d’exprimer sa foi diffère en Europe de ce qui se fait au Brésil. Pendant longtemps en Europe, les questions religieuses ont été cantonnées à la sphère privée. Il y a bien entendu des footballeurs engagés dans la foi en Allemagne, mais, chez nous, on ne se manifeste pas aussi ouvertement comme chrétien. Au Brésil, la religion fait partie de l’espace public. On en parle très ouvertement. Les Brésiliens ont donc une manière originale de se profiler sur ces questions. Cela encourage certains footballeurs allemands chrétiens à faire de même et à se solidariser avec la démarche. Mais peut-être que cette manière de faire va rester étrangère à notre culture. L’avenir le dira...

De toutes façons, les joueurs n’ont plus le droit aujourd’hui d’afficher clairement leurs convictions sur un T-shirt au-dessous de leur maillot ?
Oui, la FIFA l’a interdit ! On doit avoir à l’esprit que la religion chrétienne est une religion parmi d’autres et, lors d’une Coupe du monde, il y a des gens de tous les horizons religieux qui y assistent. Si un bouddhiste ou un musulman s’exprimait comme cela... en fait il ne le ferait sûrement pas, parce que cette manière de faire est très brésilienne ! Un footballeur musulman recourrait certainement à un rituel pour exprimer ses convictions et rendre ainsi clair ce que sa religion affirme. Pendant longtemps, les religions ont vécu les unes à côté des autres en disposant de leur propre sphère d’influence. Aujourd’hui, on se trouve dans un monde-village, où les religions se rencontrent et coexistent, mais qui dit que c’est grave ? Notre mission n’est pas de défendre une religion, mais de dire ce que nous avons vécu et pourquoi nous sommes devenus chrétiens. Si nous ne pouvons pas dire cela, c’est tragique !

De nombreuses personnes sont-elles devenues chrétiennes au travers de ces transmissions de matchs de la Coupe du monde dans les Eglises ?
Je n’ai pas de chiffres, mais je suis convaincu d’une chose : il s’agit d’un type de rencontres à seuil bas, dépourvu d’obstacles difficiles à franchir. Cela devrait conduire à de nouveaux contacts ou, en tout cas, à l’approfondissement de relations et à l’ouverture de discussions autour de thèmes communs. Voici un exemple personnel : je connais un peu le maire de ma ville. Au travers du foot, j’ai l’occasion de discuter davantage avec lui et de lui faire part de mon expérience avec le Christ. Cette rencontre, on peut l’utiliser ou non pour témoigner de sa foi. C’est donc laissé à la créativité de chacun, mais notre tâche dans le cadre de « kickoff2006 » consiste à aider les chrétiens à voir dans cet événement une occasion de s’exprimer sur ce qui leur tient à coeur.
Propos recueillis par Serge Carrel

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