L’Etat de Vaud accepte le projet Béthel d’accueil d’adultes en souffrance psychique

jeudi 12 février 2009
La Maison d'accueil «Praz-Soleil», à Château d'Oex, est en ébullition! Juste avant Noël, elle a reçu l'accord de l'Etat pour son projet d'accueil d'adultes en souffrance psychique. Au printemps, le premier coup de pioche sera donné pour l'agrandissement de la maison de Béthel à Blonay, qui servira de structure d'accueil temporaire. Anne-Marie Romain, l'une des chevilles-ouvrières de ce projet, livre ses impressions.

«Le 20 décembre, nous avons enfin reçu la lettre de Pierre-Yves Maillard, le chef du département de la santé du canton de Vaud, confirmant que notre projet était accepté par l'Etat », se réjouit Anne-Marie Romain, la présidente du comité de Béthel, du nom de cette maison d’accueil reçue par la Fondation Praz-Soleil en janvier 2006. Depuis cette donation, le comité n'a pas chômé! Rencontres avec les différents partenaires du réseau de soins, avec les autorités de Blonay, avec l'architecte, et avec l'Etat le 4 novembre dernier... . « L’octroi de cette autorisation a constitué un beau cadeau de Noël!» ajoute Anne-Marie Romain. 
«L'aventure Béthel est née en 1992 déjà!» raconte la présidente du comité de Béthel. A l'époque, la directrice de Praz-Soleil, Mary-Jane Gerber, est interpellée par les besoins croissants dans le secteur de la psychiatrie adulte. Mais Praz-Soleil n'a les infrastructures ni en locaux ni en personnel pour répondre à cette demande!
Une petite enquête est réalisée auprès des Eglises évangéliques de Suisse romande qui sont très favorables à l'ouverture d'un lieu adapté pour des adultes en souffrance psychique et sociale. En 1998, une seconde enquête est menée auprès des instances de la santé et des Eglises évangéliques, qui donne des résultats très positifs. Mais le chemin s'avère difficile...

Coups de frein successifs...
Une longue étude d'agrandissement de Praz-Soleil prévoit une nouvelle aile du bâtiment pour la psychiatrie adulte ainsi que pour la gériatrie. Un projet qui aboutit... à un blocus de l'Etat en 2000! Car un moratoire bloque les investissements étatiques dans les Etablissements médico-sociaux (EMS). «Pourquoi avions-nous des haltes à chaque étape du projet? Telle était la question que se posait le comité de Praz-Soleil», se souvient Anne-Marie Romain.
Une autre institution, la Fondation Béthel à Blonay, vivait aussi une halte. En 2003, le comité de Béthel s'approche alors de celui de Praz-Soleil, afin de trouver des synergies. Ces deux institutions chrétiennes ont des statuts très proches. Et voilà qu'en 2004, l'Etablissement cantonal d'assurance retire à Béthel son permis d'exploitation, jugeant que le bâtiment principal ne répondait plus aux normes contre l'incendie.
 
... avant le grand coup d'accélérateur !
En janvier 2006, le patrimoine de la Fondation Béthel est cédé à la Fondation Praz-Soleil. Une donation qui permettra enfin d'accueillir des adultes en souffrance psychique! «Pour le comité de Praz-Soleil, c'était un clin d'œil divin!» s'enthousiasme Anne-Marie Romain. Car ce comité s'était beaucoup investi dans ce projet, avait établi de nombreux contacts positifs avec les médecins et les structures de soins... mais rien n'avait pu démarrer jusque-là!
La Maison d'accueil de Praz-Soleil a ouvert ses portes en octobre 1984. Au fil des ans, elle a gagné la confiance des différents partenaires de la santé, «ce qui a joué en notre faveur, pour l'ouverture de Béthel», souligne Anne-Marie Romain. Béthel fera partie du même réseau de soins que Praz-Soleil, à savoir l'Association de soins coordonnés de la Riviera et du Pays-d'Enhaut (ASCOR). Ainsi, Béthel collaborera étroitement avec l'hôpital psychiatrique de Nant, au-dessus de Vevey.

Psychiatrie et foi chrétienne
«Il est arrivé qu'on nous demande quelle secte on représentait!» relève Anne-Marie Romain. Les
milieux psychiatriques sont souvent très réservés en matière de spiritualité, pour éviter d'encourager les délires mystiques. Mais certains médecins se sont montrés tout à fait ouverts au projet de Béthel, de même que l'hôpital psychiatrique de Nant.
«Il a fallu modifier notre langage, admet la présidente du comité, faire nos preuves... mais sans modifier notre projet! Car notre concept de prise en charge vise la personne dans sa globalité, en tenant compte des aspects psychiques, physiques et spirituels de la personne. Béthel défend clairement des valeurs chrétiennes. Et il y aura un aumônier dans l'équipe soignante, à disposition des personnes qui souhaitent un accompagnement spirituel.»

Un lieu de vie en construction !
Béthel se veut un lieu de vie intermédiaire entre l'hôpital et le domicile, pour des adultes de 18 à 65 ans, ayant des difficultés psychiques, psychosociales ou avec une composante psychiatrique. Ces adultes viendront pour un court terme, au maximum trois mois. «Beaucoup de jeunes tombent dans des dépendances, étant rejetés par leur famille et la société, raconte Anne-Marie Romain. Dormir sous les ponts devient une réalité... c'est une nouvelle maladie de notre société.»
Anne-Catherine Piguet

Le comité de Béthel est composé d’Anne-Marie Romain, infirmière-cheffe, de Mary-Jane Gerber, infirmière, directrice retraitée de Praz-Soleil, de Dominique Annen, ergothérapeute, adjoint de direction éducatif à la Fondation Eben-Hézer, de Céline Terraz, éducatrice, de Bruno Cavassini, architecte, et de Michel Bonjour, assistant social, directeur romand des institutions sociales de l'Armée du salut.

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