L’exécution d’une chrétienne condamnée pour apostasie au Soudan est reportée

Eglise St. Matthew, près de la capitale soudanaise Karthoum
Eglise St. Matthew, près de la capitale soudanaise Karthoum (ASHRAF SHAZLY/AFP) icon-info
vendredi 23 mai 2014

L'exécution de la chrétienne Meriam Yahia Ibrahim Ishag, 27 ans, condamnée à mort pour apostasie de l'islam a été reportée. Selon l'association de défense des chrétiens « Middle East Concern », l'application du jugement interviendra quand l'enfant qu'elle porte sera sevré.

La jeune femme enceinte de huit mois est déjà mère d'un petit garçon, détenu avec elle, rapporte vendredi 23 mai l'ONG Portes ouvertes. Un tribunal de Karthoum l'avait condamnée jeudi 15 mai à la peine de mort par pendaison parce qu'elle ne voulait pas revenir à l'islam.
De père musulman, Meriam a grandi avec sa mère chrétienne dans une petite ville de l'ouest du pays. Après ses études à l'Université de Khartoum, elle a exercé la médecine. Elle a épousé Daniel Wani, un chrétien sud-soudanais qui dispose d'un passeport américain.

Soupçonnée d'adultère
D'après le Centre de Justice du Soudan, Meriam a été arrêtée en septembre 2013 déjà. Elle était alors soupçonnée d'adultère, puis a été libérée sous caution. C'est son frère qui l'avait dénoncée, sous prétexte qu'elle était musulmane et n'avait donc pas le droit de vivre avec un chrétien. Or, le couple s'était marié à l'église en 2012 et a un fils de 20 mois. La cour correctionnelle d'Al-Haj Yousef, un quartier de Khartoum où vivent de nombreux chrétiens, a déclaré leur mariage non valide, ouvrant ainsi la voie aux accusations qui pèsent aujourd'hui sur Meriam. En plus de la peine de mort, celle-ci a d'ailleurs été également condamnée à 100 coups de fouet pour adultère.
Le fils du couple est détenu avec sa mère, car les autorités considèrent l'enfant comme musulman et ne permettent pas qu'il soit élevé par son père chrétien. L'avocat de Meriam a annoncé qu'il allait faire appel. En cas de mise en exécution du jugement, l'autorité parentale serait retirée au père chrétien et transférée à l'Etat. Meriam est mise sous pression pour qu'elle renie sa foi chrétienne en échange d'une diminution voire d'une remise de sa peine, affirme Portes ouvertes.

Acte fort et symbolique
La condamnation à mort de la jeune femme est un acte fort et symbolique de la part du gouvernement soudanais. Pour le directeur de recherche et spécialiste du Soudan au CNRS (Centre national de recherche scientifique) Marc Lavergne, c'est un moyen pour Karthoum de se légitimer sur la scène intérieure après avoir perdu le sud Soudan et par conséquent les réserves pétrolières. C'est également une façon de se positionner comme grand défenseur de la foi ou pilier de l'Islam. L'objectif : avoir en échange de la reconnaissance notamment de la part des Etats du golfe.

Décision particulièrement grave
Meriam Yahia Ibrahim Ishag a été condamnée en vertu de la loi islamique, la charia, en vigueur au Soudan depuis 1983 et qui interdit les conversions sous peine de mort. Une dizaine de pays souscrivent cependant à la loi islamique, sans pour autant appliquer la peine de mort aux apostats.
Selon Raymond Favre, le porte-parole de Portes Ouvertes, cette décision du gouvernement soudanais est particulièrement grave. Ne serait-ce que parce qu'elle risque de conforter les familles qui pratiquent déjà elles-mêmes la mise à mort de leurs proches pour apostasie.
Gabrielle Desarzens

 

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