Tout a commencé pour Edith à la vue d'une photographie de Mongolie dans le magazine français Géo. « C'était une très belle photo prise dans la campagne mongole avec des yourtes... » Celle qui travaillait déjà au sein de Jeunesse en mission en France a commencé à prier pour cette région du monde... jusqu'à s'y rendre en 2006. Fleuriste de formation, la jeune femme rêvait alors de créer un centre où son côté créatif pourrait se conjuguer avec un aspect de formation. Après deux ans d'apprentissage de la langue, elle débute un atelier à Altaï, une ville aux allures de village, qui compte pourtant quelque 40'000 habitants. Située à 1000 kilomètres de la capitale Oulan Bator, la localité était à l'époque atteinte moyennant trente-deux heures de bus. « Les nomades n'arrivant plus à vivre de leurs troupeaux étaient toujours plus nombreux à rejoindre Altaï pour y chercher du travail. Des quartiers entiers de yourtes se multipliaient et le chômage y était élevé. »
Soucis quotidiens et foi en discussion
L'objectif d'Edith a très vite été de créer des emplois. Dans son atelier, l'activité créative s'effectue autour d'une table et les soucis du quotidien comme le partage de la foi s'y discutent naturellement. Le bouddhisme est la religion officielle des habitants du désdert de Gobi, « mais un bouddhisme mêlé d'animisme, où la superstition est énorme, commente Edith. Certaines femmes tournaient par exemple systématiquement mes tasses du buffet côté porte pour que les esprits puissent circuler librement... » Après deux ans d'activité, l'atelier dégage déjà du bénéfice et les deux tiers des colliers, bagues et bracelets de feutres et de perles sont exportés. Aujourd'hui douze femmes travaillent à plein temps et l'entité « ArtisAltaï » se transmet en mains indigènes. L'atelier reste fondé sur des valeurs chrétiennes : « Nous nous sommes toujours efforcées par exemple de ne pas entrer dans des processus de corruption qui règnent à tous les niveaux en Mongolie. » Mais la foi n'a jamais été pour autant un critère ou une condition pour entrer et rester travailler à l'atelier.
Lancer du thé à Dieu
Au fil du temps, une collaboration avec les travailleurs sociaux de la ville s'est tissée. Ceux-ci indiquent quelles familles sont le plus dans le besoin et les femmes procèdent alors à un petit examen d'entrée.
Après sept ans d'activité en Mongolie, Edith Tellenbach ferme un chapitre de sa vie. « Voir plusieurs de ces femmes changer et découvrir une liberté nouvelle dans la foi chrétienne m'a motivée », dit-elle aujourd'hui. Non sans raconter avoir vu cette femme lancer du thé à Dieu pour le louer, « ce qui signifie beaucoup dans leur culture : c'est un signe d'accueil et de bénédiction. C'était magnifique de les voir évoluer dans leur foi avec qui elles sont ! »
Gabrielle Desarzens