Aux Etats-Unis, les films à connotation biblique ou chrétienne se multiplient. Certains arrivent en France et en Suisse, et y sont plutôt bien diffusés. D’autres franchissent l’Atlantique, sont diffusés dans l’hexagone… mais ne parviennent pas à passer le Jura ! C’est le cas de Paul, apôtre du Christ. Pour le voir en salle, il faut se rendre en France !
Après Marie Madeleine en mars, voici donc la première évocation cinématographique de l’apôtre Paul, depuis l’apparition du cinéma parlé. L’occasion pour le cinéaste Andrew Hyatt d’esquisser un portrait de cette figure fondatrice du christianisme à partir des dernières semaines de sa vie. On se retrouve en 67 dans une Rome qui persécute les chrétiens. L’empereur Néron détient l’un des responsables de la communauté chrétienne : Paul de Tarse.
Luc, Priscille et Aquilas
Luc, médecin et rédacteur d’un évangile et des Actes des Apôtres, entre dans la capitale de l’Empire où les chrétiens sont accusés d’être à l’origine d’un incendie qui a ravagé la ville. Il trouve refuge auprès de Priscille et Aquilas, deux compagnons de route de Paul, eux aussi faiseurs de tentes, qui hébergent une communauté de chrétiens malmenés par la puissance romaine. Luc a un but : visiter son ami Paul et écrire le récit de son parcours de vie.
Au sein de la communauté chrétienne, les tensions sont vives face aux persécutions subies par les disciples de Jésus-Christ. D’un côté, des partisans de la vengeance veulent fomenter des représailles et un renversement du pouvoir romain, de l’autre, des disciples qui, par fidélité au Sermon sur la montagne, veulent pratiquer l’amour de l’ennemi et renoncer à toute forme de violence.
L’intrigue se noue autour de Mauritius, le préfet responsable de la prison Mamertine, dans laquelle est enfermé l’apôtre Paul. La fille de Mauritius se meurt. Le chef de la prison sollicite les meilleurs médecins et sacrifie à la multiplicité des dieux romains pour obtenir la guérison de sa fille.
Même s’il ne dispose pas d’un budget qui permette de réaliser des tournages de masse et des effets spéciaux dignes des grands péplums bibliques, ce film est de qualité et donne à voir des acteurs connus comme : James Faulkner en Paul (Game of Thrones), Jim Caviezel en Luc (Person of Interest et Jésus dans La Passion du Christ de Mel Gibson) notamment.
Les persécutions à l’endroit des chrétiens et la grâce
Différents thèmes sont abordés. La question de la violence, et notamment celle subie à cause de convictions religieuses. Certaines scènes de persécution des chrétiens glacent le sang.
La grâce aussi, avec un Paul qui se remémore les partisans de la Voie (Actes 24.14) qu’il a persécutés, alors qu’il était un pharisien juif, zélé pour éradiquer l’« hérésie chrétienne ». Le sous-titre du film souligne l’importance de ce thème : « Là où le péché abonde, la grâce surabonde » (Romains 5.19-20).
L’amour du prochain et de l’ennemi se décline aussi de toutes sortes de manières. Il y a Tarquin, un enfant romain, qui donne sa vie pour ses amis dans sa recherche d’un chemin secret pour permettre à certains membres de la communauté de fuir Rome sans trop attirer l’attention. Il y a Aquilas et Priscille qui accueillent dans leur maison des membres de la communauté chrétienne. Il y a Luc qui, malgré l’hostilité de Mauritius, se mettra à son service…
Le texte biblique largement présent
De nombreuses citations bibliques apparaissent tout au long du film : l’hymne à l’amour de 1 Corinthiens 13, « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1 Corinthiens 15.14) , « Vivre, c’est le Christ et mourir est un avantage » (Philippiens 1.21), une longue citation de de la deuxième lettre à Timothée à la fin du film, avec notamment : « Voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! » (2 Timothée 2.9). Petit bémol, une traduction moins littéraire du texte du Nouveau Testament aurait permis à ces citations des lettres de Paul de s’inscrire avec beaucoup plus de naturel dans les dialogues.
Mais ne faisons pas la fine bouche et ne dissimulons pas notre plaisir ! Paul, apôtre du Christ est un film à voir et à faire voir. Et ce d’autant qu’il est la première évocation de la vie de ce pharisien juif, citoyen romain, devenu l’un des plus extraordinaires disciples de Jésus de Nazareth.
Serge Carrel
Le trailer de Paul, apôtre du Christ.
« Paul, apôtre du Christ. Là où le péché abonde… la grâce surabonde » de Andrew Hyatt, avec Jim Caviezel, Olivier Martinez et James Faulkner. Durée : 1h47. Le DVD est annoncé en zone 1 (Amérique du Nord) pour le 19 juin. Il est doublé en français et en espagnol.