« En voyant la situation en Syrie, je me sentais tellement impuissante, explique Anick Christen, à Lussy-sur-Morges. C'est pourquoi, lorsque j'ai entendu parler de ce projet d'accueil de demandeurs d'asile dans des familles, j'ai pris contact avec l'Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR).
En effet, l'OSAR souhaite développer un réseau de familles capables d'accueillir des demandeurs d'asile qui ont de bonnes chances de rester en Suisse. « Nous souhaitons proposer de l'hébergement privé à côté du système habituel, précise Stefan Frey, chargé de communication de l'OSAR. Cela permettrait aux demandeurs d'asile de se familiariser plus rapidement avec notre société. » Dans le canton de Vaud, l'expérience est menée en collaboration avec l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM).
Permettre une intégration rapide
Anick et Alain Christen, avec leurs deux enfants de 5 et 8 ans, sont les premiers à tenter l'expérience. Depuis le 1er mars, ils accueillent Morad Essa, un demandeur d’asile érythréen de 24 ans. Ils vivent une partie de leur vie de famille avec lui et constatent : « On se marre avec lui. On ne se comprend pas toujours et on en rigole. Il fait partie de la famille, même s'il est adulte et autonome. Et on sait qu'un jour il partira. »
En effet, de tels placements sont destinés à être provisoires : normalement six mois, avec la possibilité d'arrêter avant si les choses ne se passent pas bien. Durant ces séjours, les demandeurs d'asile peuvent s'intégrer rapidement à leur nouvelle culture, se former et devenir autonomes. Ainsi, Morad Essa se réjouit de pouvoir devenir « comme les Suisses », apprendre le français et entreprendre une formation de mécanicien.
Les enfants de la famille Christen jouent au foot, au loto, aux cartes, à l'ordinateur avec Morad. Ils l'ont adopté comme un grand frère. Et tous s'attendent à une belle aventure humaine.