La pauvreté touche aujourd’hui 20% des femmes contre 10% des hommes en Suisse et la précarité est en augmentation. C’est ce que démontrent les récents travaux de Michèle Amacker, collaboratrice scientifique à l’Université de Berne et doctorante en sociologie, politique sociale et travail social à l’Université de Fribourg. Cette femme a présenté le résultat de ses investigations face aux déléguées de la « Conférence femme » de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) réunies lundi 29 octobre à Berne. Si la journée avait pour titre : « La pauvreté a un sexe : il est féminin », Michèle Amacker a souligné que les mères à la tête de ménages monoparentaux et les migrantes étaient particulièrement dans le collimateur.
La doctorante a présenté deux cas typiques pour illustrer cette affirmation. Celui d’abord d’Elma, une femme bosniaque de 44 ans, qui est malade mais qui continue de travailler, malgré les recommandations de son médecin. La perte de son emploi lui serait financièrement intenable. Michèle Amacker a ensuite évoqué le cas de Martha, 58 ans, veuve depuis deux ans et sans formation. Dans tous les postes où elle se présente, on fait comprendre à cette femme qu’elle est trop âgée pour trouver un emploi. Elle se sent par conséquent inutile, dévalorisée et très déprimée.
Lobbying politique
Face notamment à ces exemples, les quelque 60 personnes réunies ont d’abord rappelé un certain nombre de principes directeurs chrétiens, comme la lutte contre toute forme de précarité, qu’elle soit financière ou sociale. Et ont ensuite été appelées à accroitre leur « lobbying politique » en faveur d’une meilleure protection sociale.
Selon Simon Weber, porte-parole de la FEPS, cela signifie que les Eglises doivent exiger par exemple que tout le travail de proximité et de soin que font habituellement les femmes autour d’elles, et qui est essentiel à la société, soit enfin reconnu et rémunéré.
Pour Hélène Küng, directrice du Centre social protestant vaudois et qui a animé un atelier à cette conférence, les Eglises doivent maintenant absolument œuvrer en faveur d’une égalité salariale. Parce que derrière l’expression « précarité féminine », il y a en moyenne toujours 20% d’écart entre salaire féminin et masculin. Et que ce rapport tend encore à augmenter dans les salaires les plus modestes. La question est donc éminemment politique et les Eglises ont, selon elle, tout avantage à travailler en réseaux, notamment avec les syndicats.
Gabrielle Desarzens