« Porrentruy ? Mais c’est le bout du monde ! » Le 17 juin, la Rencontre générale des AESR s’est déroulée dans la cité ajoulote et ce fut l’occasion de prendre conscience que les AESR sont bien romandes et pas simplement lémaniques ! « Cela fait 13 ans que nous ne sommes pas venus à Porrentruy ! a souligné Norbert Valley, l’ancien pasteur du Centre évangélique de Porrentruy (CEP). Pas de quoi penser qu’il y a abus de déplacements dans le nord de la Suisse ! »
Bunia et Nyankunde au centre de l’attention
Introduite par Pierre Crelier, l’actuel pasteur du CEP, la Rencontre générale a été marquée par la présence de deux représentants de la Communauté Emmanuel de l’est de la République démocratique du Congo. Le pasteur Kakoraki Lombe Josué, le représentant légal de la Communauté, et Besisa Mugisa John, le trésorier, ont présenté la situation qui prévaut actuellement dans cette région pour les Eglises soeurs des AESR. Marquée par des troubles ethniques ces dernières années, la région de l’Ituri connaît aujourd’hui des mouvements de population importants. La ville de Bunia, le chef-lieu de l’Ituri, a vu sa population augmenter de 100'000 personnes en quelques semaines. Des affrontements entre des milices et les soldats du gouvernement ont conduit les habitants des campagnes à fuir leur village et à trouver refuge dans la ville où est stationnée la Monuc, la force onusienne de paix.
Le pasteur Kakoraki a également donné des nouvelles du Centre médical évangélique de Nyankunde. Le centre a été investi ces derniers mois par 5’000 soldats qui vivent au crochet de la population. Cette occupation a conduit de nombreux habitants à fuir la région. La Communauté Emmanuel doit donc faire face actuellement à Bunia à de nombreuses demandes d’aide de personnes déplacées. Les besoins en nourriture et en capacités d’hébergement sont importants.
Le point sur la fusion
La Rencontre générale a également permis de faire le point sur les perspectives de fusion entre la Fédération des Eglises évangéliques libres (FEEL) et les AESR. Le processus avance. Et si tout va comme prévu, dès le 1er janvier 2007, ces deux unions d’Eglises n’en formeront plus qu’une. Daniel Berger, président de la FEEL, et René Monot, président de la Rencontre générale des AESR, ont souligné que la fusion allait se faire par combinaison des 2 associations. Une période transitoire de 2 ans permettra d’ajuster la vie commune et de finaliser une charte d’appartenance, à l’élaboration de laquelle toutes les Eglises membres participeront. Les deux présidents ont également souligné qu’ils se tenaient à disposition de toutes les Eglises pour répondre à leurs questions. Sur demande, ils peuvent même participer aux différentes rencontres d’Eglise qui devraient se pencher prochainement sur les nouveaux statuts et sur les dispositions internes.
Uniformiser la nomination des ministères
Lors de cette Rencontre générale, le Bureau exécutif des AESR et la Commission des ministères ont proposé des « Recommandations » pour uniformiser la nomination des pasteurs et des autres ministères dans les Eglises locales. « Jusqu’à maintenant, a constaté René Monot, c’était comme aux temps des Juges : chaque Eglise opérait comme elle le souhaitait ! » Pour éviter des disparités de traitement et des manières de faire préjudiciables à l’exercice d’un ministère, ce document propose aux Eglises de ne pas assimiler trop étroitement élections civiles et élections dans l’Eglise. Il ne s’agit pas, par exemple, de mener une campagne électorale en faveur de tel ou tel candidat. Ce document invite l’équipe des responsables à proposer au vote de la communauté un seul candidat. Pour que cette personne soit nommée au poste de pasteur ou de responsable, elle devra recueillir 70 pour-cent des voix. Les bulletins blancs seront systématiquement écartés. S’ils dépassent 30 pour-cent des suffrages exprimés, le scrutin est invalidé et l’équipe de responsables invitée à reconsidérer sa proposition. Ces « Recommandations » fixent enfin la durée d’un ministère à 4 ans, renouvelables. Chaque fin de mandat devrait permettre une évaluation du travail accompli. Ces propositions ont été accueillies plutôt favorablement par la centaine de délégués présents.
Serge Carrel