Norbert Valley attend toujours la convocation de la justice neuchâteloise

Serge Carrel mercredi 04 décembre 2019

Solidarité sans frontières et Amnesty International ont déposé aujourd’hui à la chancellerie fédérale à Berne une pétition de 30'000 signatures demandant la suppression du délit de solidarité. Le pasteur FREE Norbert Valley défilait aux côtés de l’activiste Anni Lanz. Il s’est confié à cette occasion à lafree.info.

Avez-vous reçu un avis de la justice neuchâteloise comme quoi vous alliez être jugé prochainement ?

Non, je n’ai rien reçu ! La seule nouvelle qui a suinté au travers d’Arcinfo, c’est que je devrais être jugé durant le premier trimestre de 2020.

N’est-ce pas curieux que vous appreniez des nouvelles vous concernant personnellement par la presse uniquement ?

Cela me laisse pantois ! Cela s’inscrit en droite ligne de ce qui se passe depuis le début dans cette affaire : l’irruption de policiers dans notre lieu de culte au Locle pendant le service du dimanche, la durée de la procédure… L’ancienne secrétaire générale de Solidarité sans frontières, Anni Lanz, qui a été condamnée après moi par la justice valaisanne, a déjà pu faire recours au niveau fédéral.

N’est-il pas surprenant qu’au plan national les parlementaires n’aient pas pris conscience du ridicule de condamner un pasteur qui a aidé un débouté de l’asile en difficulté ?

Apparemment, la nouvelle composition du parlement va faire changer les choses. Le problème, c’est que la Commission des institutions politiques qui s’est prononcée contre l’initiative de Lisa Mazzone est issue de l’ancien parlement et que c’est le nouveau conseil national qui va en discuter. Plusieurs spécialistes estiment que ce n’est pas impossible que ce nouveau parlement se prononce en faveur de cette initiative.

Comment vivez-vous en tant que pasteur le fait que vous soyez sous le coup d’une condamnation judiciaire ?

Tout dépend des jours. De temps en temps, il m’arrive de ressentir une certaine pression et tout ce qui est devant n’est pas derrière ! Par ailleurs, je ne crois pas que cela interfère avec mon ministère. Je crois que cela m’amène plutôt de la sympathie.

A La Chaux-de-Fonds, par exemple, nous aurons un culte intraprotestant dimanche prochain autour du thème des droits humains et on m’a demandé de prêcher sur le sujet. Autour de moi, plusieurs sont intéressés par ce que je vis et c’est important que l’on puisse parler de cela dans l’Eglise. A mon sens, il y a une différence entre la loi et la justice. La loi n’est pas toujours synonyme de justice. Il y a des lois injustes et il importe de les contester au nom de la conscience et de ce que nous dit le Seigneur.

A votre sens, l’exercice du ministère pastoral est-il menacé en Suisse actuellement ?

Oui. Ma situation en témoigne, notamment dans le domaine de la solidarité à l’endroit des plus démunis. Mais aussi par rapport à la norme pénale contre l’homophobie sur laquelle nous allons voter en février prochain. Cela deviendra peut-être compliqué de citer la Bible ou de prêcher sur certains sujets.

Propos recueillis par Serge Carrel

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