Le mercredi 21 novembre, une équipe de pasteurs et de professeurs réformés et évangéliques ont rassemblé une septantaine de personnes à Crêt-Bérard (VD) pour débattre des enjeux de la formation théologique des futurs pasteurs et d’un projet de Haute Ecole de théologie protestante (HET-PRO). Lors d’un sondage à main levée, les représentants des Eglises et institutions de formation évangéliques ainsi que des pasteurs réformés et évangéliques ont à titre individuel encouragé les porteurs de ce projet à poursuivre leur réflexion. Les représentants officiels des Eglises réformées romandes n’ont pas accueilli favorablement cette démarche. Ils préfèrent poursuivre leurs discussions avec la Faculté autonome de théologie protestante de Genève, qui se profile, à brève échéance, comme l’unique lieu de formation universitaire des réformés romands.
« Ce fut une rencontre historique, commente le pasteur évangélique Marc Lüthi (FREE). Elle a rassemblé des personnalités des Eglises et des lieux de formations réformés et évangéliques, qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer. Le climat a été à la fois franc et respectueux » a-t-il complété. De son côté, François Rochat, co-président réformé de la journée, a ajouté qu’« il était important de ne pas perdre l’élan donné par cette journée, marquée par un rapprochement et le partage mutuel des priorités de plusieurs familles d’Eglises protestantes dans le domaine de la formation théologique ».
Une HET-PRO, comme alternative à la formation purement universitaireShafique Keshavjee, pasteur réformé et professeur retraité, a présenté le projet de HET-PRO. Il a fait le constat que la formation au sein du protestantisme helvétique passait par un temps de « métamorphose ». Les Facultés de théologie protestante de Genève, Lausanne et Neuchâtel doivent se restructurer, faute d’étudiants en nombre suffisant. Côté évangélique, l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs à St-Légier (VD) entame une mue importante en faisant des Eglises évangéliques de véritables partenaires et en voulant ouvrir une formation au niveau master. Un tel contexte serait favorable à l’ouverture d’une formation théologique professionnalisante complémentaire, qui permettrait à des jeunes d’horizons réformés, évangéliques, ainsi que des Eglises de la migration d’acquérir une formation pour les « métiers d’Eglise ».
L’identité théologique de cette HET-PRO s’inscrirait dans une « orthodoxie généreuse », qui s’exprime notamment par le Symbole de Nicée-Constantinople et s’inspire du Préambule et de la Base de la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER) et des Déclarations du Mouvement de Lausanne. Par ailleurs, les professeurs ordinaires devraient tous être détenteurs d’un doctorat. Ce qui donnerait le crédit académique suffisant pour inscrire une telle institution dans le développement des Hautes Ecoles spécialisées que connaît actuellement la Suisse.
Une réflexion qui se nourrit de l’expérience d’un « College » anglicanLa journée de réflexion autour de cette nouvelle formation a été lancée par Graham Tomlin (en photo), le doyen du Collège St-Mellitus de Londres qui, en 5 ans, est devenu le plus grand lieu de formation anglican du Royaume-Uni. Bénéficiant de l'élan d'évangélisation suscité depuis 20 ans par le parcours « Alpha » (en Suisse Alphalive) et du soutien actif de la Paroisse anglicane Holy Trinity Brompton (HTB), ce lieu de formation accueille aujourd’hui 110 étudiants qui se destinent à un ministère au sein de l’Eglise anglicane et 400 qui suivent une formation pour laïcs. La particularité de cette formation sur 5 ans pour un Bachelor est de proposer un cursus qui se partage en deux mi-temps : le premier à étudier au College St-Mellitus et le second à travailler dans la vie d’une paroisse.
Le projet de HET-PRO a été lancé par Jean-Claude Badoux, ancien président de l’EPFL et ancien président du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. (c)
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