Bill Wilson, un pasteur confronté à l’enfer du ghetto, en visite en Suisse romande

jeudi 14 mars 2013
Les 17 et 19 mars, il interviendra en Suisse romande. Bill Wilson, fondateur de la plus grande école du dimanche du monde dans la ville de New-York, est une personnalité aux propos qui tranchent. A découvrir à Vevey, Reconvilier et Yverdon-les-Bains !
On entend dire que le « ministère Métro » est la plus grande école du dimanche du monde. N’est-ce pas plutôt une belle et grande Eglise ?
Bill Wilson – Je ne suis pas allé à New-York City, il y a une trentaine d’années pour commencer une Eglise. Normalement quand quelqu’un s’installe au centre d’une ville, il commence une Eglise pour adultes et les enfants suivent. Je savais que, pour changer un quartier comme Brooklyn, enraciné dans les gangs, la drogue, la prostitution et la violence, il faut faire différemment. La plupart des gens plus âgés ont fait leur choix et les chances sont minimes de les voir changer. Un petit nombre le fera. Et merci Seigneur pour cela ! Mais si on veut changer un quartier, si on veut le changer pâté de maisons après pâté de maisons, il faut aller vers la nouvelle génération et lui dire : « On va investir notre temps et nos ressources dans la génération qui est toujours malléable et flexible, les enfants qui n’ont pas atteint l’âge de 10 ans. »
 
Les enfants au-dessous de 10 ans, vraiment ?
Dans le centre d’une grande ville, les enfants voient tout. Un enfant à New-York peut gagner mille dollars en liquide par semaine, simplement en guettant la police. Quand il voit la police, il siffle. Les dealers de drogue s’en vont. Donc si un enfant de 9, 10 ou 11 ans se fait mille dollars en liquide par semaine, pourquoi travaillerait-il au McDonald’s ? Ça n’a pas de sens ! Le système entier du ghetto respire le ghetto. C’est pourquoi il faut atteindre les enfants tôt. Il est plus facile de construire des garçons et des filles équilibrés que de réparer des adultes. C’est cela notre mission, notre vision et notre objectif.
 
Après 30 ans de ministère, pouvez-vous dire qu’il y a des résultats ?
Des gens sont venus il y a quelques années et m’ont posé la même question. Ils m’ont demandé si les enfants que nous touchions étaient maintenant des avocats, des médecins, des politiciens… Je leur ai répondu cela, et c’est sorti spontanément : « Je ne suis pas d’abord intéressé par ce que ces enfants deviennent, mais par ce qu’ils ne deviennent pas ! » Ils ne sont peut-être pas devenus avocats ou médecins, mais ils ne se sont pas fait tirer dessus, ils ne se sont pas fait tuer, ils ne se prostituent pas ou ils ne sont pas devenus des dealers de drogue. Dans notre équipe à New-York, nous avons 125 collaborateurs à temps complet. Parmi ces 125, la moitié sont des enfants qui sont venus à l’école du dimanche, puis se sont impliqués dans notre ministère. Maintenant, ils font pour la génération suivante la même chose que nous avons faite pour eux. Ça, c’est avoir des résultats : rester pour la génération suivante. Le problème, c’est que c’est dur. Il est difficile de trouver de l’argent et des gens qui vivront dans ce genre d’environnement. Mais quand vous trouvez des personnes fidèles, vous pouvez rester pour la génération suivante et vous pourrez voir des enfants changer.
 
Vous aimez dire que « Satan ne prend pas de vacances ». Qu’entendez-vous par là ?
Quand vous vous battez comme je l’ai fait pendant ces 30 dernières années, vous savez que le diable existe. J’ai appris cela lorsque j’ai reçu des menaces de mort, lorsque je me suis fait jeter d’un bâtiment, poignardé, tiré à la tête. Quand vous faites vraiment confiance à Jésus, vous pouvez aller en enfer avec une « arme à feu » et faire la différence. C’est cela la foi ! C’est prendre des risques, sortir du bateau, être capable de faire quelque chose que tout le monde considère comme impossible, au milieu d’un nombre incroyable d’adversaires.
 
Mais les humains qui vous ont tiré dessus, ce ne sont pas le diable ?
L’adversité à laquelle je dois faire fasse survient parce que nous prêchons l’Evangile. C’est en corrélation directe avec ce que nous faisons dans la rue, en combattant la drogue, les gangs et les crimes, en essayant de regagner une génération d’enfants perdus. Quand on commence à arracher ces enfants au territoire de l’ennemi, la résistance est grande ! Nous nous battons à la dure, et c’est tous les jours !
 
Pour vous, à New-York, vous avez l’impression de vivre un combat entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan ?
Je vis dans un entrepôt, dans le quartier le plus difficile de tous les Etats-Unis d’Amérique. Je ne vis pas dans un beau quartier et le week-end je vais travailler avec les enfants défavorisés. Je vis là-bas avec eux. Notre staff complet vit dans ce quartier. Après avoir sauvé des gens de bâtiments en feu, après avoir vu de près vingt-deux personnes assassinées ou le cerveau de gens exploser, après avoir vu des gens s’enflammer puis être jetés d’un toit, ou des femmes violées ou juste tuées dans la rue… Quand vous avez vécu cette dureté, vous comprenez ce qu’est la vie. Vous comprenez aussi pourquoi tant de chrétiens ne veulent pas s’en approcher, parce que ça va leur coûter quelque chose. Mais plus vous vous approchez de cela, plus cela vous motive. Soit ça vous en détourne, parce que vous vous dites : « Il n’y a pas d’espoir », soit vous vous investissez en disant : « Ce n’est pas sans espoir ! C’est juste qu’ils n’ont aucun espoir... » C’est l’Evangile de Jésus-Christ qui amène cet espoir. Alors vous restez ! Et au lieu de quitter tout cela, le bien de ces gens devient votre motivation. C’est le choix de chacun…
 
Propos recueillis par Johannes Hierl/DieuTV et transcrits par Antje Carrel.

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