À 75 ans, Maurice n'a rien perdu de sa vivacité. Il évoque son parcours de pilote d'avion avec une énergie débordante et une certaine volubilité. Nous le croirions prêt à décoller à nouveau.
Parents de quatre enfants et grands-parents de seize petits-enfants, Maurice et Josiane sont membres de la Paroisse réformée de Bulle-la-Gruyère. Ils ont servi en couple pendant dix-sept ans dans le cadre de la Mission Aviation Fellowship (MAF). Maurice comme pilote-mécanicien sur avion et Josiane en tant que comptable et radio opératrice. Ils ont passé notamment onze ans au Tchad, une année au Soudan et quatre ans à Madagascar.
Formé comme mécanicien-électricien dans le Jura bernois, Maurice a exercé ce métier dans l'aviation, à Colombier (NE), avant de mettre le cap sur l'Afrique, attiré par la mission depuis l'enfance. « Mes parents avaient l'habitude d'accueillir chez nous des missionnaires de passage à l'Église évangélique de Tramelan. Nous n'avions pas de télévision et les diapositives qu'ils nous montraient nous faisaient voyager », se souvient-il. Il écoutait ces récits avec fascination. « En ce temps là, l’évangélisation et la musique était souvent présentés comme un don. Mais ce n'était pas ma tasse de thé. J'étais plutôt quelqu'un de pratique, avec un marteau ou un tournevis à la main », s'amuse-t-il.
C'est en traversant le désert du Sahara en bus VW, avec son frère, qu'il a pris conscience qu'il pouvait servir Dieu autrement. Son frère était alors missionnaire au Tchad. Durant ce périple, Maurice a rencontré des missionnaires et des pasteurs qui gaspillaient des heures à bricoler sur leurs véhicules. « Là, j’ai compris que le Seigneur pouvait m'utiliser pratiquement, avec mes mains ! »
Une première mission au Tchad
Dès son mariage avec Josiane, le couple s'est préparé en vue d’un service missionnaire. Après une année de formation à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs (actuellement la HET-PRO) et l'obtention par Maurice du brevet de pilote privé, la famille a décollé pour une première mission au Tchad, avec la MAF, en 1976. La famille était en partie soutenue financièrement par les Assemblées évangéliques de Suisse romande (AESR), à l’origine de la FREE. Leurs jumeaux avaient alors six mois.
À cette époque, le Tchad traversait une période de tensions, après son indépendance. Les routes étaient coupées par les diverses rébellions et presque impraticables. « Notre avion permettait d'acheminer des médecins et des évangélistes de différentes missions dans trente et un dispensaires. Nous en visitions trois par jour, deux semaines par mois », relate Maurice.
Pendant que le médecin consultait et que l’évangéliste parlait aux patients, Maurice inspectait les infrastructures et participait à la surveillance des pistes d'atterrissage. Il distribuait ou vendaient également des Nouveaux Testaments, des Bibles et de la littérature chrétienne. En soirée, il participait à des études bibliques dispensées aux infirmiers, eux-mêmes missionnaires dans leur coin reculé.
Josiane, quant à elle, jouait un rôle clé lors des missions de son mari. Depuis leur domicile, elle suivait et notait tous les déplacements de l’avion, avec un poste de radio. Elle assurait également tout le travail administratif de la MAF. « Pour toutes ces années de service, que ce soit dans la joie, la peine, la guerre ou lors d’accidents, notre reconnaissance monte vers le Seigneur qui a dispensé sa force, sa paix et sa protection. Notre reconnaissance va aussi aux Églises qui ont fidèlement prié et soutenu notre famille », confie le couple.