Dans notre société occidentale, l’Église est confrontée à de nombreux défis en lien avec sa mission. Ceux-ci vont de la routine et de la séduction à l’assoupissement, de l’indifférence au matérialisme, du manque de discernement concernant l’urgence des temps actuels à la négligence quant à notre appel individuel et collectif à propager l’Évangile.
Et si nous nous intéressions davantage à ces endroits du monde où l’Évangile n’a pas encore été annoncé (ou si peu) ! Si nous nous intéressions à ces peuples, souvent éloignés, qu’on désigne comme « non-atteints »(1). Développer cet intérêt n’est pas facile, c’est vrai. Nous sommes déjà tellement pris dans notre quotidien : la vie comporte son lot de situations difficiles au niveau de la santé, des finances, des relations… Mais nous, nous avons l’immense privilège de connaître Jésus et de pouvoir l’inviter dans tous ces domaines-là. La grâce de Dieu nous porte et nous accompagne.
S’intéresser aux peuples non-atteints
Selon les statistiques, environ trois milliards de personnes n’ont jamais entendu parler de l’Évangile. Elles ne connaissent pas l’amour de Dieu en Jésus, son salut, sa grâce. Mais elles passent par les mêmes épreuves de la vie, voire bien pire. Dans certaines régions du monde, il n’y a pas (ou si peu) de chrétiens, pas de Bibles, ni de littérature, dans la langue locale.
Ce terme de peuples non-atteints fait immédiatement penser à des « missionnaires aventuriers » prêts à partir à l’autre bout du monde. Nous y voyons un sujet réservé à des « spécialistes » : groupes mission et organismes missionnaires. Or, cette manière de penser est erronée et dévastatrice pour la propagation de l’Évangile. Ce sujet concerne bien l’Église dans sa globalité : chaque Église locale, chaque groupe de maison, chaque disciple. Car la volonté de notre Sauveur et maître Jésus est bien que tout être humain parvienne à la connaissance de la vérité et du salut (1Tim 2.4).
Le sujet des peuples non-atteints n’est pas nouveau. Toutefois, malgré tous les moyens dont nous disposons (informatique, transports, communication),il y a là matière à questionner l’engagement de l’Église.
Nous pouvons être tentés de répliquer : « Il y a aussi beaucoup de non-atteints au-tour de moi, dans mon voisinage, sur mon lieu de travail ». Mais ces personnes-là ne sont pas des non-atteints, car elles peuvent avoir accès à l’Évangile au travers de nous, d’une Église proche, en cherchant sur internet, par la diffusion de littérature ou d’émissions radio, et encore par d’autres moyens.
Où est notre cœur ?
De ce sujet, pourtant prioritaire selon le cœur de Dieu, l’Église parle relativement peu, et y consacre de trop faibles ressources. Peu de chrétiens auront vécu la semaine en prenant un temps de prière en faveur de ces peuples.
Jésus dit : « Là où est ton trésor, là est aussi ton cœur ». Où est notre trésor ? Où se trouve ce que nous aimons, ce que nous chérissons, ce à quoi nous aspirons ? En tant que chrétiens occidentaux, nous consacrons bien des ressources pour nous-mêmes, nos bâtiments, les activités en interne, et si peu à la mission.
Ce sujet n’est pas le problème des organisations missionnaires, mais celui de l’Église, d’un nombre insuffisant de chrétiens suivant fidèlement le Christ. L’Église a besoin d’un changement de paradigme quant à la vision des perdus et à ce que signifie être disciple du Christ. « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s'appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l'improviste » (Luc 21.34).
(1) Un peuple est considéré comme non-atteint lorsqu’il n’y a pas en son sein une Église indigène capable d’évangéliser son propre peuple sans une aide extérieure.