Le pouvoir communiste de la province du Zehjiang a déjà démoli plus de 1'700 croix en deux ans, selon l’agence Ucanews. Les Eglises protestantes sont toujours plus dans la ligne de mire des autorités chinoises qui ont lancé une vaste campagne visant à retirer ces symboles chrétiens du toit des lieux de culte. Il y a une semaine, un tribunal chinois a condamné Bao Guohua, un pasteur protestant, à 14 ans de prison. Il est aujourd’hui jugé coupable de détournement de fonds et de trouble à l’ordre public. Son épouse écope elle de 12 ans d’emprisonnement. Fin février, un premier édifice catholique a été visé.
Eglise souterraine
Après les militants, les avocats, les journalistes, les blogueurs, les enseignants, ce sont les croyants de l’ombre, l’Eglise clandestine du Zhejiang, que Pékin veut faire taire. Le gouvernement accentue ainsi sa pression sur les pratiques religieuses pour éviter tout contre-pouvoir. Il refuse surtout toute ingérence extérieure en matière de religion.
Or, début février, le pape a choisi de relancer une « réconciliation » avec le pouvoir communiste. Dans une interview au journal Asia Times, il a dit que l’Eglise a le devoir de respecter la civilisation chinoise, sans cacher son désir de se rendre à Pékin. Les relations entre la Chine et le Vatican sont toutefois rompues depuis 1951. Les catholiques en Chine, estimés à 12 millions, sont divisés entre une Eglise « patriotique », dont le clergé est choisi par le parti communiste, et une Eglise dite souterraine, c’est-à-dire illégale aux yeux de Pékin.
Rapprochement stratégique ?
Le pape effectue donc une tentative de rapprochement stratégique. Dans les colonnes du journal Le Monde, des sources indiquent qu’il pourrait d’ailleurs très bientôt nommer plusieurs évêques en Chine avec l’accord des autorités chinoises. Une grande première, décriée par les plus circonspects qui souffrent sur place de persécution. Ceux-ci craignent que le gouvernement chinois « cherche à embrasser le Saint-Siège pour mieux étouffer l'Eglise qui est en Chine », selon les mots de Régis Anouil, expert d’Eglise Asie.
Avec les Eglises protestantes qui se multiplient, la Chine compterait aujourd’hui près de 100 millions de chrétiens, ce qui correspond à 1 Chinois sur 14.
Gabrielle Desarzens
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