Ça bouge à tous les étages, dans les locaux de l’Eglise évangélique de Cossonay. On est mercredi
soir et plusieurs équipes, formées surtout de jeunes, répètent assidûment leur rôle. «Mais ayez donc l’air terrorisé! Le moment est dramatique!» implore Anne-France Muller, coresponsable
dans ce projet de comédie musicale. On reprend alors la répétition de la chorégraphie. Les jeunes danseurs amateurs font de grands efforts pour se donner des airs terrorisés... jusqu’au prochain fou-rire.
Un étage plus bas, dans le local du groupe de jeunes, on répète les parties théâtrales entre bar et baby-foot. Pierre Muller, autre membre de l’équipe de responsables, conduit les comédiens avec passion. «Tu la retiens par l’écharpe et tu lui fais des yeux... des yeux...», suggère-t-il à un jeune acteur.
A 20 heures, les plus jeunes laissent la place aux membres du chœur qui viennent répéter sous la direction d’Anne-France. C’est que le moment de la première représentation approche. Ce sera le 23 mars, le jour de Pâques.
Une aventure pour l’Eglise, ainsi qu’un témoignage
Il y a eu «Partir», «Turbulences», «Pierre de Pont»... Depuis bientôt 20 ans, de Rolle à Cossonay, les Eglises évangéliques se lancent occasionnellement dans la production de comédies musicales. Ces spectacles, qui allient musique, chorégraphies et théâtre, sont générateurs d’émotions. Ils rassemblent des âges différents et des Eglises voisines. Déjà par le passé, ils ont permis de belles aventures humaines et spirituelles.
Anne-France Muller est institutrice. Son mari Pierre est agriculteur à Vullierens. Tous deux aiment écrire. Anne-France aime aussi composer de la musique. Accompagnés de quelques amis, ils ont donc uni leurs dons et leurs efforts pour écrire une nouvelle comédie musicale. «C’est surtout Pierre qui a écrit, précise Anne-France. Moi, avec une copine, je me suis occupée de la musique». Le spectacle a reçu un titre en forme de programme: «Libérer les captifs».
L’aventure a commencé en 2002. «Je marchais dans la campagne, explique Anne-France, et l’idée de composer une nouvelle comédie musicale m’est venue. Je suis rentrée par la librairie biblique de Cossonay. Là, j’ai vu une affiche que le dessinateur de BD Alain Auderset avait publiée pour le Salon du livre. Elle avait pour titre: «Libérer les captifs». Cela m’a parlé. J’avais le titre du nouveau spectacle!»
Mais Pierre et Anne-France ne se précipitent pas. Un premier chant, en fait celui de la fin du spectacle, est composé durant l’année qui suit. Puis le couple s’entoure d’amis chrétiens pour prier avec eux pour le projet. «Nous avons prié pendant deux ans et attendu que Dieu donne, raconte Anne-France. Au fur et à mesure, nous avons vu se préciser la trame de l’histoire».
L’an dernier, suite à un vote, le spectacle est devenu un projet de l’Eglise évangélique de Cossonay. Plusieurs personnes appartenant à d’autres Eglises de la région sont venues renforcer l’équipe. Ainsi, en comptant les musiciens, les chanteurs, les acteurs, les danseurs, l’intendance et les intercesseurs, ce sont presque 60 personnes qui participent activement à l’aventure.
Un thème en phase avec les soucis du monde actuel
Le thème principal de la comédie touche aux dépendances. A partir de l’histoire banale de deux familles, le spectateur est confronté à des situations de la vie moderne: la séduction qui casse des relations, le travail qui prend une place exagérée, la pratique religieuse qui se fait légaliste. Anne-France se réjouit: «Nous aurons aussi un rap de Guillaume Meylan, l’un des jeunes qui ont composé le rap de la fête de la FREE à Bienne, en automne dernier. Ce sera pour souligner la violence entourant un jeune qui n’arrive plus à vivre».
Finalement, deux journalistes assistent à une prise d’otages un peu particulière. C’est un moment de danses et de chant intense sur le thème de «Freedom Battle», de Michael Smith. Le négociateur choisit de donner sa vie... comme le Christ. C’est pour cela que la première représentation aura lieu le dimanche de Pâques.
«J’aimerais que nous puissions toucher des personnes en recherche sur le plan spirituel, espère Anne-France. On invitera aussi les gens qui ont suivi le cours Alpha donné dans notre région. Et on espère que les chrétiens et les Eglises inviteront des personnes de manière personnelle». En tout cas, afin de ne pas rebuter les spectateurs, les représentations seront données dans des salles communales, et surtout pas dans des Eglises.
Claude-Alain Baehler