Des Eglises du Tchad et de Suisse entrent en partenariat pour la mission

vendredi 30 juin 2006

Soutenir des missionnaires locaux plutôt que des expatriés? On en parle, certains le font... Au Tchad, c’est dans le cadre d’une véritable coopération d’Eglise à Eglise que le soutien va passer d’une famille missionnaire suisse à un coordinateur missionnaire tchadien.

Olivier et Sonja Bory repartent pour le Tchad le 28 août prochain pour une année seulement… parce que leur mission est en voie d’accomplissement. Ils sont partis avec une vision : former des personnes et transmettre les responsabilités, en aidant à mettre en place des structures locales adéquates pour le développement de la mission intérieure des Eglises tchadiennes. Cette vision a pris forme dans un projet concret.
L’idée n’est pas nouvelle, mais souvent difficile à réaliser. Un poste de coordonnateur de la mission tchadienne a été créé, poste que les AESR se sont engagées à prendre en charge de manière dégressive sur une durée de 5 ans.

Coopération avec l’Eglise, ici comme là-bas
Pour Olivier et Sonja, cette coopération avec les Eglises est une réussite. Au sein des Assemblées chrétiennes au Tchad (ACT), grâce à une collaboration de longue durée d’Eglises à Eglises, les Bory ont pu pleinement s’intégrer dans les projets de l’Eglise.
La vision d’intégration dans l’Eglise locale, Olivier et Sonja l’avaient aussi au départ avec les Eglises d’ici. «Nous voulions servir dans le cadre et avec notre Eglise, quitte à servir ailleurs qu’au Tchad où j’avais pourtant déjà des attaches», confie Olivier. Rattachés à l’Eglise évangélique de Clarens, ils se sont intégrés dans un projet du Trait d’union missionnaire (TUM), qui avait choisi le Tchad et la République démocratique du Congo comme axes prioritaires en Afrique. Nos amis sont ainsi partis depuis septembre 2000 au Tchad avec le plein appui des AESR.

Les Eglises du Tchad ont une réelle vision missionnaire
Les Eglises du Tchad dans lesquelles ils s’intègrent ont une vision missionnaire dynamique pour leur pays. Depuis 1993, elles ont commencé des campagnes d’évangélisation systématique, sous le nom de «Tchad pour Christ». Evangéliser, c’est bien, mais cela nécessite un travail de suite. A cet effet et pour ancrer l’annonce de la Parole de Dieu dans le milieu, depuis 1998, les ACT ont envoyé près de 20 missionnaires avec leurs familles sur le terrain.
Olivier est arrivé dans un travail déjà commencé par Makaïna Dobé. Professeur de géographie et secrétaire général de Tchad pour Christ, Makaïna connaît particulièrement bien le terrain et a pris en charge la mission des ACT dans ses débuts. Mais en 2002, il a dû laisser son poste à un successeur pour des raisons statutaires. Par manque de suivi, cet élan missionnaire a failli disparaître. Il a donc fallu accompagner l’Eglise dans ce temps de crise, en diminuant tant le nombre de postes que le montant du soutien des envoyés. Puis Olivier a œuvré pour structurer l’action missionnaire, en particulier par la mise en place d’un poste permanent de coordonnateur à la mission des ACT. En effet, la nécessité est vite apparue d’avoir un permanent pour prendre la responsabilité de ce service de mission intérieure et rendre pérenne cette action missionnaire. Certains auraient souhaité un bénévole... mais il a fallu se rendre à l’évidence qu’une structure bénévole ne suffit plus avec plus de 15 familles à soutenir.
Olivier est impressionné par l’engagement des ces missionnaires, qui font une réelle démarche d’amour et de pardon pour aller annoncer le salut dans un milieu souvent hostile à l’Evangile. Certains sont même prêts à se débrouiller sans rien recevoir, mais c’est la responsabilité des Eglises qui les envoient de les soutenir! Il faut pour cela effectuer tout un travail de sensibilisation des Eglises d’envoi, pour que le soutien aille plus loin qu’un très pieux : «On priera pour toi!».

Une structuration parallèle entre les ACT au Tchad et les AESR en Suisse
La similitude avec l’expérience des AESR est frappante. On peut rappeler le moment où Charles Aubert, en 1947, expliquait dans un document prophétique qu’il faudrait un jour avoir un secrétaire de mission pour sensibiliser les Eglises à leur responsabilité vis-à-vis des missionnaires. Sauf qu’il nous a fallu plus de 20 ans pour passer à la pratique, alors qu’au Tchad tout cela a pu se mettre en place en cinq ans. Quant aux problèmes financiers rencontrés par les ACT pour soutenir leurs missionnaires, toute ressemblance... !! Bref, l’arrière-plan des Bory et l’expérience de nos Eglises en Suisse ont sans aucun doute permis un apport très constructif à ce stade de la «structuration» de la mission.
En février dernier, Makaïna Dobé a été engagé comme coordinateur de ce service missionnaire. Le but premier est d’aider les Eglises à mettre leurs efforts en commun dans des zones sans église pour atteindre les peuples non atteints. Le second est de mettre à disposition des Eglises le savoir-faire et les compétences acquises pour les projets locaux en ouvrant les cours de formation à tous. Dans un pays 30 fois plus grand que la Suisse mais de population équivalente, comportant pas moins de 127 langues, 200 km suffisent pour un dépaysement aussi important que de passer de la Suisse à N’Djamena.

Soutenir les missionnaires tchadiens
Olivier et Sonja repartent pour une année. L’objectif est d’appuyer le démarrage de ce service : «Makaïna est motivé et qualifié pour travailler. Il sait susciter l’engagement des chrétiens et travailler en équipe. Pour lui, le manque d’initiative ne vient pas d’un manque financier, mais d’un manque de vision et de planification locale. C’est un homme de valeur et ça vaut la peine de l’encourager!»
Au Tchad, les Eglises se mobilisent pour soutenir leurs missionnaires, tant dans la prière que financièrement et par des dons en nature quand l’argent fait défaut… L’engagement des ACT, la consécration des missionnaires et la qualité de leurs leaders sont remarquables. Voilà qui nous encourage à soutenir les missionnaires tchadiens à travers le projet qui se met en place.
Silvain Dupertuis

  • Encadré 1:

    Bio express
    Olivier Bory
    est né en 1967 au Tchad, de parents missionnaires. Il y a vécu jusqu’à l’âge de 7 ans. Instituteur de formation, il a étudié à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs, où il rencontre Sonja, une infirmière de formation. Ils se sont mariés en 1998 et sont partis pour le Tchad en janvier 2000. Sonja et Olivier sont parents de trois enfants : <b>Tabea</b>, <b>Noémie</b> et <b>Tobias</b>. Ils sont rattachés à l’Eglise évangélique de Clarens.

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