Elle s’appelle Irène Zurbrügg. Habite la région de Winterthour en Suisse alémanique. Cette maman de trois garçons est infirmière de formation, et elle cuisine, quand le temps le permet, avec un four solaire !
« Curieux ! Original ! » vous dites-vous peut-être… « Cette Irène Zurbrügg, n’est-elle pas une écolo jusqu’au-boutiste ? » En fait pas tant que cela ! Ecoutez plutôt son histoire.
En 2006, Irène et son mari Andreas partent pour le Tchad avec la Mission évangélique au Tchad (MET). Irène va y exercer son métier d’infirmière, et Andreas, son mari, va former des menuisiers locaux, alors qu’il est ingénieur bois.
Initiée au four solaire par une amie
Dès son arrivée sur place, Irène Zurbrügg est initiée à la cuisson au four solaire par une amie. Le four a tout d’une simple caisse avec un couvercle. Sur l’intérieur, le couvercle est doté d’un miroir. Ouvert ce couvercle réfléchit la lumière à l’intérieur de la caisse. Après quelques mets brûlés ou pas suffisamment cuits, Irène s’entiche de l’engin et parvient à concocter de délicieux petits plats pour elle, son mari et sa petite famille qui s’agrandit. Tout cela en ne déboursant pas un centime pour la cuisson. L’expérience est probante. Surtout au Tchad où le soleil brille quasi 365 jours par an et où la chaleur est élevée !
Un tandem de choc
En 2009, alors que ce couple de Suisses allemands s’apprête à rentrer au pays, le gouvernement tchadien interdit la collecte de fagots de branches d’arbre et la confection de charbon de bois. La population doit renoncer à son moyen de cuisson traditionnel. Des membres des Assemblées chrétiennes au Tchad demandent aux Zurbrügg de prolonger leur séjour. Avec l’appui de la Coopération suisse, la DDC, ce couple se lance dans la promotion des fours solaires. Lui à la formation des menuisiers locaux pour la confection des fours ; elle à leur commercialisation. Lui met en place le label Promosol qui permet de reconnaître la qualité des fours produits ; elle se mue en formatrice de démonstratrices qui vont montrer les capacités du four solaire à offrir à une famille de délicieux petits plats.
Cuisson à basse température, svp !
C’est qu’au Tchad les avantages de ce mode de cuisson sont nombreux. Le four solaire évite l’achat de charbon de bois. Il supprime les fumées qui nuisent tant aux yeux qu’aux poumons des grands et des petits rassemblés autour du feu. Le four solaire permet aux femmes de gagner du temps parce qu’une fois les mets installés dans le four, plus besoin de les touiller dans les casseroles. La cuisson lente, à basse température, opère !
En 2015, les Zurbrügg reviennent en Suisse. Ils ont alors vendu plus d’un millier de fours. Une jolie réussite si l’on considère les économies pécuniaires faites par les détenteurs de ces fours… et les quelque 3,5 tonnes de réductions d’émissions de CO2 par famille et par an qu’ont permis ces fours !
Allumée pour la vie !
Une chose est sûre : Irène Zurbrügg continue à plaider la cause du four solaire. En Suisse aujourd’hui, elle cuit même du pain et des biscuits avec cette caisse… et elle l’emmène régulièrement dans des classes pour démontrer aux petits Suisses allemands la qualité des mets cuisinés de cette façon.
Serge Carrel
L’émission Ciel ! Mon info a accueilli Irène et Andreas Zurbrügg de la MET pour parler de leur expérience tchadienne avec les fours solaires. Une émission à voir ici.