Petit exercice préalable : imaginez votre existence sans Dieu. Qu’est-ce qui changerait dans vos valeurs, le sens de votre vie, votre vécu, vos relations ?
«Nous croyons en Dieu...»
Pour certains, la Bible est un ensemble de projections humaines dues à des besoins psychologiques. Le philosophe français André Comte-Sponville invoque comme raison de ne pas croire en Dieu le fait que la religion chrétienne répondrait en tous points aux désirs les plus forts de l’humain. «J’ai tout lieu de penser qu’une croyance qui correspond à ce point à mes désirs les plus forts a été inventée pour les satisfaire... Dieu est tellement désirable que j’ai du mal à y croire! C’est trop beau pour être vrai» (1).
La Bible situe dès le commencement le protagoniste principal: Dieu, en-dehors de la création.
Puis elle raconte l’histoire de Dieu avec les hommes. C’est au travers d’une histoire, et dans l’histoire, que nous découvrons Dieu, qui choisit de se révéler progressivement. Mon vis-à-vis tient en main les clés pour s’offrir en relation à moi... ou non. Par l’Ecriture, Dieu fait ce que lui seul peut faire: ouvrir la porte à quiconque veut entrer en relation avec lui et le connaître.
«Eternellement vivant...»
Certaines caractéristiques de Dieu sont incompréhensibles dans leur absolu pour nous autres humains:
• son omniprésence, la capacité de Dieu de pouvoir être présent partout, en tout temps, en même temps;
• son omnipotence (sa toute-puissance), son pouvoir et son autorité absolus sur toute chose. Ce qui est illustré à merveille par la création de l’univers avec ses innombrables galaxies qui nous dépassent tant;
• son omniscience, le fait que Dieu connaît tout, de façon absolue, qu’il n’ignore ni le passé, ni le présent, ni l’avenir.
Sans ces «dimensions divines», Dieu ne serait plus Dieu. Pourtant, la rencontre d’un tel Dieu n’écrase pas l’être humain. Au contraire, il se trouve recueilli avec tendresse dans cette présence (Ps 139).
«Souverain...»
Dieu, le Maître de l’histoire, nous dépasse infiniment. A cause de notre capacité de compréhension limitée, nous rencontrons certaines tensions... car nous ne sommes pas à la place de Dieu! Comment a-t-il créé l’univers? Comment a-t-il pu laisser surgir le mal et comment peut-il «tolérer» ses conséquences désastreuses? Comment peut-il «se contenter» d’une histoire qui semble inclure assez peu de personnes sauvées?
Cette tension dynamique s’inscrit dans un équilibre entre trois affirmations (2): Dieu est réellement souverain; il est entièrement bon et amour; le mal est véritablement mal. Si l’une de ces affirmations est relativisée, on s’éloigne de la révélation biblique.
Dieu a pris le problème du mal à bras-le-corps. Il n’est pas resté à distance de sa création, dans une sorte de «détachement divin». Au contraire, il s’est plongé dans la réalité de l’existence humaine avec toutes ses ambiguïtés et ses tensions. En Jésus-Christ, Dieu a fait l’expérience de l’humanité, d’une manière qui l’a réellement affecté, dans son être même. L’idée d’un Dieu impassible, qui ne pourrait être atteint par la misère humaine, ne trouve pas son origine dans la tradition judéo-chrétienne, mais dans la philosophie grecque.
Dieu prend la responsabilité ultime des conséquences du mal: de manière absolue, à la croix et de manière finale, à la fin des temps. Ainsi, par le jugement dernier, tout ce qui s’est opposé à Dieu de façon persistante sera jeté dans l’étang de feu et de soufre (3).
L’origine du mal reste un mystère... qui n’échappe pas au Dieu souverain et qui connaîtra une fin!
«Un seul Dieu en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit...»
Le Père céleste envoie son Fils unique dans le monde. Jésus, venu en chair et en os, ne cesse pas d’être le Fils éternel de Dieu. Conduit par le Saint-Esprit, il marche sur le chemin de la croix, où il accomplit le dessein du Père qui a voulu ainsi expier nos péchés. Dieu prend sur lui la peine du péché. L’œuvre du salut touche le Père, le Fils et le Saint-Esprit, donc Dieu dans son identité même, dans le mystère de leurs relations éternelles.
Cette «communauté divine» est le modèle pour la communauté des croyants. La réponse à la révélation de Dieu et au salut offert se vit personnellement et communautairement. La «communion» est la vie partagée avec Dieu et les uns avec les autres. Vivre tous ensemble, c’est peut-être le défi principal dans notre monde occidental de plus en plus divisé par l’individualisme et la spécialisation. Pourtant, l’investissement dans des relations authentiques en communauté permet de découvrir le trésor qu’est chacun, créé à l’image de Dieu. Forts de l’amour partagé dans la vérité, continuons à être des témoins, en nous engageant en faveur de nos prochains, afin que nos mains et nos pieds confirment ce que nos bouches confessent!
Dieu... trop beau pour être vrai ?
Dieu... trop beau pour être vrai? C’est l’obstacle principal quelque peu surprenant qui empêche André Comte-Sponville de croire. L’honnêteté d’une telle affirmation ne fait aucun doute et mérite respect. Alors? Passons d’une représentation de Dieu à une expérience relationnelle! Goûtons au pardon que le Christ nous offre, à la joie de se trouver accueilli comme enfant du Père céleste, à la vie abondante du Saint-Esprit déversé dans nos cœurs!
Dieu désire vivement rencontrer chacun, sans s’imposer. Continuons à chercher... afin de trouver non pas un dieu «à la hauteur de nos désirs et aspirations», mais le Dieu souverain, Créateur et Sauveur, qui nous dépasse infiniment.
* * *
«Oui, en croyant au Christ Jésus, vous êtes tous fils de Dieu.
Oui, vous êtes vraiment ses enfants.
La preuve, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils,
l’Esprit qui nous fait dire: «Abba! Père!»
Donc, tu n’es plus un esclave, mais un enfant de Dieu.
Et comme tu es son enfant, Dieu te donnera l’héritage qu’il garde pour ses enfants.»
(Ga 3.26, 4.6-7, Parole de Vie)
Bio Express Thomas Salamoni est marié à Françoise, et ils ont trois enfants. Pasteur dans l’Eglise évangélique «Les Amandiers» à Lavigny, il assure la présidence de la Commission théologique de la FREE. |
Notes
1 Cité dans « Quart d’heure pour Jésus », Pâques 2007, p. 9.
2 Pour une récente présentation de la problématique, voir Louis Schweitzer, « Si Dieu existe, pourquoi le mal? », Marne-la-Vallée, Farel, 2005.
3 Ap 20.10-15.
4 Voir par exemple Bernard Reymond, professeur honoraire de théologie à l’Université de Lausanne, dans l’article «Un christianisme sans dogmes?», Le Temps, samedi 7 avril 2007. La divinité du Christ passe en même temps par-dessus bord, «vénérable» certes, mais «non nécessaire de croire pour être chrétien»!
5 Pour une étude détaillée des origines bibliques et théologiques de la foi trinitaire, voir l’article «Dieu se fait connaître» sur le site de la FREE.