« À ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs regards. Comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se trouvèrent à leur côté et leur dirent : « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? » (Actes 1.9-11)
« Ne plus zieuter le Ciel ! Z’en ont vraiment de bonnes, ces hommes vêtus de blancs ! Comme si c’était facile pour nous, abandonniques, de faire une fois de plus le deuil du Grand Vivant qui promettait, entre autres, qu’Il serait avec nous jusqu’à la fin du monde !
Déjà la première fois, ce vendredi atroce où, entre deux brigands, Il mourut sur Sa croix… Déjà ce vendredi, nous étions bouleversés ! Pensez : durant trois ans, sûrs de Le… posséder, nous ne le lâchions plus ni de jour, ni de nuit, assistant, tout babas, à Ses gestes divins qui tenaient du miracle et buvant, recueillis, à la Source limpide de Ses saintes paroles. Trois ans - rendez-vous compte ! - d’une vie prodigieuse débouchant sur… Sa mort et bientôt sur la nôtre puisqu’après Lui, bien sûr, les soldats nous prendraient les pieds et poings liés ! C’est d’ailleurs pour cela que, cœurs écartelés entre notre tristesse et la peur de mourir, nous nous étions planqués dans cette chambre haute dont les verrous bloquaient l’huis sur notre chagrin jusque (soupir…)
au coup de théâtre ! D’abord Marie Madeleine nous criant, essoufflée : « J’ai vu le Seigneur ! Oui ! Il est ressuscité ! » Et puis mon scepticisme : « Ma parole, elle délire ! Vas-y si tu veux, Pierre ! Moi je reste caché, car je tiens à ma peau ! » Puis ces deux compagnons affirmant L’avoir vu manger à Emmaüs. Sans compter toutes les fois où, sans même forcer les portes verrouillées, Jésus nous fit visite pour qu’enfin nous croyions qu’Il était bien vivant ! Pour la petite histoire (qui a changé ma vie !), Il est venu un jour spécialement pour moi, afin que de mes mains je puisse toucher les plaies de Sa crucifixion !
Alors comprenez-moi, hommes vêtus de blanc : Son départ de tantôt vraiment, moi j’y crois pas ! Parce que c’est inhumain de vivre deux fois le choc de la séparation ! Donc, pour ne pas rater le scoop inévitable de Son soudain retour, je demeurerai là un peu comme un chou fleur : racines ancrées au sol et la tête en bouquets chatouillant les nuages d’où Il redescendra après-demain, sans doute, ou alors dans trois jours, comme la première fois ! »
…Parole de Dieu ! Thomas, ce n’est pas l’Ecriture qui te contredira ! Car tant que tu vivras les deux pieds sur la Terre en croyant simplement à ce que tu verras selon ce qu’Il a dit, Jésus viendra vers toi une fois puis… cent fois, demandant, yeux baissés : « De grâce j’ai si faim : donne-moi à manger ! » ou « Donne-moi à boire, s’il te plaît, juste un verre ! » Et tu sauras si fort que c’est bien Lui qui frappe à la porte sans clé de ton cœur transformé, que lorsqu’Il te dira : « Fais un mille avec moi ! » toi… tu en feras deux en courant avec Lui dans ce Royaume de Dieu à jamais parmi nous, jusqu’à la fin du monde !
Marie-Claude Pellerin