« Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvent tous ensemble dans un même lieu… »* comme d’habitude ! Comme d’habitude depuis la Croix du vendredi précédant Sa Résurrection ; comme d’habitude depuis dix jours où ils L’ont vu, de la montagne, s’élever en direction du Ciel ! Point n’est besoin d’être devin pour augurer leur désarroi, leurs doutes, leurs peurs, d’un « après Jésus » incertain : « Et si ces trois ans à Sa suite n’avaient été qu’un beau mirage où la Vie coulait de Son sein et où tous les boîteux de l’âme, à peine effleurés par Ses mains, dansaient au grand soleil du Père ? Lui disparu de notre terre, qu’allons-nous faire, sinon nous taire et oublier… pour L’oublier ! » Portant le deuil du Grand Vivant et regrettant Sa voix, Ses gestes, blottis dans cette chambre haute, au fond du trou, ils broient du noir ! « Quand tout-à-coup, venant du ciel, un bruit, tel celui d’un vent violent(…), des langues qu’on eût dites de feu… »**. Promesse de Dieu, promesse tenue ! Comme un grand vent venu du ciel, l’Esprit souffle au fond de leur trou, chassant le noir, l’éparpillant hors de leurs cœurs déverrouillés ! Comme un feu consumant leurs peurs, l’Esprit réchauffe, console, éclaire ! Ainsi donc, ils ne sont pas seuls puisque, répandu en leurs cœurs, l’Esprit les entraîne à Sa suite hors de la chambre des regrets !
Aujourd’hui comme « en ce temps-là », dans la chambre où, au fond du trou, nous broyons le noir de nos peurs, l’Esprit continue à venir : comme un grand vent venu du ciel, comme un feu descendant la pente… pour nous faire remonter la côte et nous entraîner à Sa suite sur les chemins de la confiance. Et si nous hésitons un peu parce que, bien sûr, c’est déroutant de quitter d’un bond sa tanière, ne redoutons pas qu’Il S’éloigne, déçu de notre peu de foi. Discrètement, comme à Noël aux portes fermées des auberges, Il se tient à la nôtre et frappe… jusqu’à ce que, entendant Sa voix, nous lui ouvrions pour partager le pain, le vin, digne festin de retrouvailles !***
Que ce dimanche de Pentecôte, oxygéné et rafraîchi par le souffle de Son Esprit, soit un jour de retournement où, plutôt que de suivre la pente de nos espérances déçues, nous osions, poussés par le Vent, escalader confiants la côte débouchant sur un Ciel ouvert… juste à deux pas de notre chambre !
Marie-Claude PELLERIN
* Actes 2 v. 1
** Actes 2 v. 2-3
*** D’après Apoc. V. 20