Psaume 121 Cantique pour la route vers la demeure de l’Eternel. |
Ce texte fait partie d’une collection de quinze Psaumes appelés « Psaumes des montées » (Ps 120-134). Ils étaient, semble-t-il, chantés lorsque le peuple voyageait pour se rassembler à Jérusalem, à l’occasion des grandes fêtes religieuses.
Le psalmiste est confronté à une difficulté, une épreuve, et il demande : « D’où me viendra le secours ? » Comme il ne précise pas la nature de sa difficulté, sa plainte peut facilement être reprise par les croyants de tous les temps, lorsqu’ils traversent des moments difficiles. Il peut s’agir de la maladie, de la mort, d’une déception amoureuse, d’une crise existentielle, du chômage, des moqueries, du rejet… Les inquiétudes, ou la peur de l’avenir, nous poussent à demander : « D’où me viendra le secours ? »
Mais pourquoi le psalmiste lève-t-il les yeux vers les montagnes ? Parce que des autels y ont été dressés, afin d’adorer des divinités païennes. On pense que les montagnes sont le domaine des dieux, ou du moins que leurs sommets sont proches des dieux. Les prophètes de l’Ancien Testament ont souvent dénoncé les sacrifices qui avaient lieu sur des haut-lieux et des montagnes.
Ainsi, face à sa difficulté, le psalmiste lève les yeux vers les montagnes, cherchant vers quelle divinité il pourra trouver du secours. Et nous, face à nos difficultés, vers qui nous tournons-nous ?
Les idoles de notre cœur
Le théologien et pasteur Timothy Keller (1) nous propose plusieurs moyens de débusquer nos idoles, ces divinités vers lesquelles nous cherchons du secours. Il nous recommande :
- Examinez votre imagination. Demandez-vous à quoi vous avez l’habitude de penser lorsque, dans l’intimité de votre cœur, vous cherchez à retrouver la joie et le réconfort.
- Examinez vos dépenses. Cherchez vers quelles dépenses coule votre argent, mais aussi dans quels domaines vous vous restreignez.
- Examinez vos émotions, en particulier celles que vous ne contrôlez pas. Pourquoi êtes-vous dans une telle colère ? Dans une telle peur ? Dans un tel désespoir ? Quelles valeurs ont été ébranlées en vous pour que vous réagissiez ainsi ?
En répondant à ces questions, vous découvrirez les montagnes vers lesquelles vous avez tendance à vous tourner pour trouver du secours. Ce sont des idoles qui se cachent au fond de votre cœur. Malheureusement, de telles idoles finissent toujours par décevoir.
Par exemple, le dieu argent ne remplit plus ses promesses de paix, lorsque la bourse chute ou que chômage nous touche. Les dieux beauté, approbation, valeur dans le regard de l’autre ne tiennent pas non plus leurs promesses à l’arrivée de la maladie, de la vieillesse et de la mort.
Regarder plus haut que les montagnes
Finalement, le psalmiste fait le choix de porter son regard plus haut que les montagnes. Il confesse : « Mon secours me vient de l’Eternel », et il explique son choix.
- L’Eternel est le Créateur. Tout ce qui existe lui doit la vie et lui est soumis. Les idoles ne sont rien et Dieu est tout.
- L’Eternel ne dort jamais. Il n’est pas un dieu négligeant ou changeant : un jour c’est oui, un jour c’est non, un jour je t’aime, un jour je ne t’aime plus. Au contraire, Dieu est fidèle, prêt à aider celui qui se confie en lui.
- L’Eternel est proche. Dieu est souverain, au-dessus de tout, maître de l’univers, mais en même temps proche de ses créatures. Dans un pays ensoleillé comme Israël, l’ombre est toujours là. Dieu est proche comme notre ombre. Il nous connaît personnellement.
- L’Eternel est souverain. Il est maître partout et toujours. La puissance de Dieu ne se limite pas au temple de Jérusalem ou à la terre d’Israël. Quels que soient les dangers de la journée ou de la nuit, il est capable de garder « ton départ et ton arrivée ».
Mais cette protection divine ne constitue pas une promesse de bonheur béat pour les croyants. Certes, l’Eternel nous garde de tout mal. Mais il dit cela dans un contexte de dangers et de difficultés qui constituent une source légitime de craintes et de peurs. La Bible ne promet pas que Dieu empêchera les moments difficiles de nos vies, mais qu’il prendra soin de nous. Nous pouvons ainsi vivre ces moments difficiles avec sa paix et l’assurance de son amour.
Gardés par Dieu, jusqu’au bout
Notre psalmiste nous amène à réfléchir plus loin : comment l’Eternel veillera-t-il sur notre âme et notre vie ? Comment l’Eternel nous gardera-t-il des conséquences du péché et de la mort ?
Membre du peuple hébreu, le psalmiste se souvient certainement des paroles de Moïse qui avertissait de la part de l’Eternel : « Opérez donc aussi une circoncision dans votre cœur et ne vous rebellez plus contre l’Eternel » (De 10.16). Mais le peuple n’a pas voulu obéir et, très rapidement, la désobéissance l’a conduit à sa ruine. L’être humain est rebelle par nature.
Pourtant Dieu, déjà du temps de Moïse, s'est engagé envers le peuple : « L’Eternel votre Dieu vous circoncira le cœur et celui de vos descendants pour que vous l’aimiez de tout votre cœur et de tout votre être, et qu’ainsi vous viviez » (De 30.6).
Dans le but de garder nos vies, Dieu règle notre problème fondamental de rébellion. Et Dieu rappelle sa promesse par le prophète Jérémie : « Voici que les jours viennent – oracle de l’Eternel – où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue quoique je sois leur maître. [...] Je mettrai ma loi au-dedans d’eux. Je l’écrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jé 31.31-33).
Le soir de son dernier repas, peu avant sa crucifixion, Jésus décrit les contours de cette nouvelle alliance : « Il prit du pain ; et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : ‘Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi’. De même il prit la coupe, après le repas, et la leur donna, en disant : ‘Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous’ » (Lc 22.19-20).
Dieu a promis de garder notre vie, même du péché, de la rébellion et de la mort qu’elle entraîne. Il s’est offert en sacrifice et a veillé sur notre âme, vraiment jusqu’au bout.
Philippe Evan