Voilà 3 ans, j’ai effectué un reportage en Zambie pour le compte de la Radio suisse romande. Durant ce voyage, j’ai eu la chance de bénéficier des services d’un interprète, Edward, un pasteur zambien qui parlait remarquablement le français. Notre périple nous a conduits au fin fond de la Zambie du côté de la frontière angolaise, à Mongou le long du fleuve Zambèze. Le but du voyage était de visiter un canal qui venait d’être désensablé grâce à des fonds d’Eglises, notamment suisses.
Confronté quotidiennement au sida
Au cours de ce voyage sur le fleuve Zambèze, puis sur le canal du Nyengo, le feeling a été bon avec ce pasteur. Il m’a ouvert son coeur et notamment son quotidien...
De retour à Lusaka, la ville où il était pasteur, il m’a emmené dans une morgue. C’est la coutume là-bas que le pasteur participe aux soins funéraires du défunt à la morgue. Dans cette morgue, l’une des trois de Lusaka, il y avait des centaines de corps, disposés sur des sortes d’étagères à rangement à plusieurs étages.
Edward m’a aussi emmené dans l’un des cimetières de la ville. Des tombes à perte de vue, avec un nombre de pierres funéraires qui affichaient des trajectoires de vie stoppées net, après 20 ou 30 ans...
Les raisons du décès sont tues
Edward m’a aussi emmené à un service funèbre. Il en célèbre 4 ou 5 par semaine. Des gens que l’on dit morts d’une fièvre, surtout pas des suites d’un sida. Et ce pasteur, auquel je faisais part de mon effroi devant le fait que l’on ne nomme pas la maladie en public, de me dire : « Effectivement, on ne dit pas que c’est des suites d’un sida que les gens décèdent ici. Mais à l’Eglise, on défile toujours devant le cercueil ouvert de la dépouille du défunt. La première chose que les gens regardent, c’est le visage du mort. Et là ils savent ! »
No 6 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU, relayés par l’action « StopPauvreté 2015 » : combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies. La cible : d’ici 2015, avoir stoppé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la tendance actuelle.
Serge Carrel