« Oui, j’ai beaucoup pleuré, confie Jean-Jacques Meylan, 75 ans, membre de l’Eglise de Villard (FREE). J’ai pensé la perdre, vous savez. On vit depuis 50 ans ensemble et on s’aime beaucoup. » L’émotion encore palpable au téléphone, il raconte. Sa femme a été hospitalisée le 8 mars, et sa situation était inquiétante : « Elle a eu longtemps une fièvre élevée et ne supportait aucune nourriture. Elle était sous perfusion pour éviter la déshydratation et a été très faible. Il faut dire qu’elle a souffert d’une pneumonie virale dans les deux poumons. Mais elle va un peu mieux depuis deux jours ! »
Sans colère ni révolte
Comment ont-ils traversé tous les deux ces 15 jours de maladie et d’incertitude ? « Avec confiance que Dieu est là, quelles que soient nos circonstances de vie », répond Jean-Jacques Meylan sans hésiter. « Nous avons été paisibles, sans colère, sans révolte. De façon plus large, je dirais que nous savons que l’être humain est par définition vulnérable. Et je crois que la conscience de notre fragilité ouvre à la spiritualité. Elle nous permet de faire place à l’autre, de faire place à Dieu, de savoir que, ultimement, nous sommes « en Dieu », comme le rappellent les mystiques sous l’inspiration des Ecritures. »
La guérison, une grâce
Celui qui se réclame d’une « théologie du consentement », selon ses propres mots, dit encore croire à la guérison divine, mais sans triomphalisme : « La guérison n’est pas une composante naturelle de la vie chrétienne, elle n’est jamais un droit, mais toujours une grâce », tient-il à souligner.
S’il a la consigne de ne pas aller voir son épouse durant son hospitalisation, Jean-Jacques ose encore cette touche romantique : « Comme Liliane est hospitalisée au CHUV côté est, nous pouvons nous voir, moi depuis notre appartement, elle depuis sa chambre... à 900 mètres de distance : tous les soirs, elle allume la lumière et l’éteint, et on a ainsi un peu l’impression d’être ensemble ! »
Gabrielle Desarzens