Le cortège s'avance. Ce n'est pas la fête, ni la joie qui remplit les coeurs. Les visages sont tirés, les regards fixent le sol, risquant parfois un coup d'oeil vers elle, la mère du mort. Après avoir perdu son homme, voilà qu'elle perd son fils unique.
La procession sort de la ville au son des cris des pleureuses engagées pour l'occasion. Pour une fois, elles ne se forcent pas pour émettre leurs plaintes : ce fils qu'on enterre aujourd'hui pourrait être le leur.
Une autre foule s'avance, affairée, excitée, joyeuse. Un homme s'en détache et le silence se fait : tous le regardent avec attention. Il s'approche de la veuve et lui dit avec affection : « Ne pleure pas ! » Puis, avant qu'on puisse s'indigner d'une telle parole en ce jour des larmes, une main se pose sur le bois du cercueil. Sa main. Qui stoppe la mort. Il ordonne au jeune homme de se lever, et la mort s'en va, et le mort revit ! Puis Jésus, car c'est bien lui, rend ce fils à sa mère.
Quelque temps plus tard, une autre mère fait face à la mort de son fils. Et cette main, sa main, est à nouveau là. Une fois encore, elle va stopper la mort ; mais pas comme nous l'imaginons. Sa main touche le bois, pas d'un cercueil mais de sa croix. A sa mère en pleurs, il ne peut tendre sa main clouée. Il lui parle avec affection, prenant soin d'elle.
De sa main entravée, c'est notre mort que Jésus a stoppée ce jour-là. Non en la chassant, mais en la vivant, en l'assumant, jusqu'au bout. Aujourd'hui, ressuscité, il nous tend sa main percée et nous offre une relation d'amour que même la mort ne pourra vaincre !
(d'après Luc 7.11-17, Jean 19.25-30, Romains 8.38-39)
David Richir