Samedi 7 juin a eu lieu la Rencontre générale de la FREE, à l'église évangélique d'Echallens. A l'heure où nos églises se structurent, Charles-André Geiser, pasteur à l'Eglise évangélique de la Chaux-de-Fonds, nous a encouragés par une méditation pour le moins fracassante !
En raison de leur désobéissance, Dieu livre le peuple d'Israël aux mains des Madianites. Du fond de leur misère, les israélites crient à l'Eternel. Dieu suscite un libérateur, Gédéon, qu'il place à la tête d’une armée de 32'000 hommes. Mais… Gédéon renvoie chez eux 31'700 soldats! C’est avec seulement 300 hommes, armés de cruches, de trompettes et de torches, qu’il met en déroute l’armée adverse, composée de 135'000 soldats bien équipés et accompagnés d’une multitude de chameaux.
Charles-André Geiser ne s'est pas contenté d'une simple lecture biblique de Juges 7… Il nous a invités à jouer l'armée de Gédéon! Debout, les 250 délégués et membres de la FREE ont dû lever leur stylo (la torche) et crier au son de la trompette de Charles-André (Gédéon). Pendant que Anthony Geiser fracassait de la vaisselle dans un bidon (les cruches brisées) et Emmanuel Schmid criait: "Pour l'Eternel et pour Gédéon!" Et chacun devait rester en place, attendant la victoire de l'Eternel.
Illogique!
Tout, dans ce récit, est illogique et absurde. Quand on a 32'000 soldats pour attaquer une armée de 135'000… on ne les renvoie pas à la maison pour n’en garder que 300! Confier la direction d’une armée à un froussard comme Gédéon, qui a une si piètre stratégie militaire, c’est la dernière chose à faire!
Quand les chameaux des adversaires sont aussi nombreux, on ne les épouvante pas! On les égorge sur place par surprise. Car les chameaux, c’est rapide, dangereux, ça mord, ça crie horriblement… et ça pue! Un coup de trompette peut les effrayer et ils vous foncent dessus sans pitié.
La nuit, la torche permet de localiser chaque soldat: c'est donc facile de lui envoyer une flèche en plein cœur! La trompette aussi. Même un aveugle adverse peut tirer sur celui qui se localise par le bruit d’une trompette. La position d’un homme qui lève les 2 bras prouve qu’il n’a pas de bouclier pour se protéger. Il est facile de l’exterminer. Equiper une armée avec des cruches et des trompettes, c’est ridicule! Crier "A l’assaut!" et demander que personne ne bouge, c’est totalement contradictoire et illogique! Casser des cruches, c’est détruire inutilement du matériel.
Le combat de la FREE…
Aujourd'hui, que peut-on tirer de cette histoire? La FREE a la conviction qu’il faut s’organiser pour de grandes batailles en Suisse. Elle sait que les jeunes sont la force présente et future pour mener ces batailles et remporter des victoires. Bien sûr, il ne s’agit pas de détruire des personnes mais de les conduire à Jésus-Christ! La FREE est en train de prendre des décisions pour concrétiser cette vision et cette conviction. Mais la FREE, c'est-à-dire nous, pourrions devenir orgueilleux par ce que nous avons et sommes.
La FREE est actuellement la plus grande Fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande. Nous avons une bonne organisation. Nos structures sont le résultat d’expériences, de réflexions et de mise en réseaux de nos compétences. Nous avons une vision missionnaire, un service de communication, un département de formation permanente, un service d’entraide matériel, un service des finances…
…avec quelle stratégie?
"Et je ne peux m’empêcher d’avoir une parole prophétique, poursuit Charles-André Geiser. J’ai donné toutes mes forces dans ma jeunesse pour servir Dieu dans une union d’églises évangéliques, également très performante. Mais de grands défis nous attendaient au tournant du siècle." Il s'agissait de réactualiser la stratégie d'église, pour affronter de nouvelles situations. Dieu appela des jeunes, leur adressa des vocations étonnantes et surprenantes… et les dirigeants en étaient fiers!
"Mais nous avons oublié que l’orgueil précède la chute, continue Charles-André. Nos leaders se sont accrochés aux méthodes du passé, qui avaient été efficaces et bénies. Ils n’ont pas discerné le plan de Dieu pour atteindre une nouvelle génération. Ils ont découragé les initiatives des jeunes parce qu’elles bousculaient les traditions. Je retiens mes larmes ce matin." Reste une question lancinante: Pourquoi ces leaders n’ont-ils pas écouté les jeunes, pour tenter de les comprendre?
Et Charles-André, de conclure avec un appel: "Nous, responsables de la FREE en 2008, délégués de nos Eglises, ne répétons pas une telle gabegie! Dieu appelle des jeunes. Ils vont peut-être faire de la casse, comme Gédéon avec les cruches. Ils vont nous proposer des plans de bataille complètement bizarres. La FREE de demain, c’est déjà eux aujourd’hui! Cela ne veut pas dire qu’il faut les livrer à eux-mêmes. Ils ont besoin de nous. Ne tombons pas dans le piège de l’orgueil. Ne nous appuyons pas sur nos expériences bénies du passé pour les imposer à la nouvelle génération. Soyons très réceptifs à ce que notre Dieu va nous montrer!"
Implantation d'Eglises en Suisse
Après ce vibrant appel, Daniel Berger, le vice-président de la FREE, a présenté la mission Vision Schweiz, qui soutient l'implantation d'Eglises en Suisse. Leur leitmotiv? "Plus d'Eglises, afin que plus de personnes trouvent Christ". Cette mission propose des missionnaires-pasteurs, dans les régions où il n'y a pas encore d'Eglise. En 30 ans, elle a permis 30 implantations. Actuellement, l'Eglise évangélique de Villars-sur-Glâne (FREE) est soutenue par Vision Schweiz.
Olivier Fasel, pasteur-missionnaire de cette communauté, témoigne du soutien qu'il reçoit de Vision Schweiz: un contact mensuel, des visites… "Et ce qui m'a le plus touché dans ce coaching, c'est la retraite annuelle des missionnaires. C'est très précieux d'avoir un contact avec des personnes qui font aussi de l'implantation d'Eglises." Par exemple, Olivier exerce son ministère dans un canton catholique: il ne vit pas l'œcuménisme de la même manière que les autres pasteurs de la FREE, qui travaillent dans des cantons protestants.
"Vision Schweiz parle résolument d'implantation d'Eglises… on n'a pas le même courage dans la FREE, reconnaît Olivier. Il y a un doute chez nous, qui n'existe pas du côté alémanique. Un pour-cent seulement de nos dépenses concernent le développement de nouvelles Eglises, c'est trop peu!" En tant que pionnier, le pasteur-missionnaire se retrouve souvent seul. Olivier a particulièrement apprécié le soutien de Vision Schweiz au début, lorsqu'il a commencé des rencontres dans sa maison. Qui dit soutien dit aussi rapport d'activités… "Cela pouvait paraître fastidieux, reconnaît Olivier. Mais cette discipline a été payante. Cela m'a stimulé à garder la vision, pour éviter de faire de notre groupe un club. Ce coaching m'a aidé à garder la vision des personnes non églisées."
Fait rare dans nos Eglises, il a peu été question, durant cette rencontre générale, de mission à l'étranger… Le signe que les temps changent et que c'est d'abord en Suisse romande que la FREE a des défis à relever?
Anne-Catherine Piguet, rédactrice responsable du journal "Vivre"