Il est environ 16h samedi 7 novembre devant le Casino de la Rotonde, haut lieu de la vie nocturne à Neuchâtel. Les 250 participants du FREESTYLE attendent devant cette boîte de nuit. Quand les portes s’ouvrent, c’est la ruée. Les jeunes se précipitent derrière Mr Urban, le schizophrène. Lui, c’est l’emblème de la journée. Il est habillé d’un magnifique costume bleu clair à pattes d’ef. Sa coupe de cheveux afro est aussi noire que son visage.
Dans la salle, on a de la peine à croire qu’on est encore en plein après-midi : musique et DJ sont de la partie. Les jeunes se transforment en danseurs et c’est Mr Urban qui mène le bal. Un concert est prévu pour la fin de la soirée. Folle, cette idée de faire une partie du FREESTYLE dans une discothèque ? « Pas assez ! » lâche, provocateur, Emmanuel Schmid, le responsable de l’événement et le coordinateur jeunesse de la FREE. « On a contacté le propriétaire. Je lui ai demandé s’il nous louait la salle. Ça s’est fait. Y passer une partie de la journée, c’est montrer la dualité qui peut habiter les jeunes. »
La dualité pour thème
Mr Urban est la parfaite illustration de cette « schizophrénie » spirituelle. Ce personnage, inventé de toute pièce pour l’occasion et joué par Anthony Geiser, coordinateur jeunesse de la zone Nord, est partagé entre sa passion pour la « Vodka Absolute » et la fête d’un côté, et son absolue volonté de vivre avec Dieu de l’autre. Le slam et la vidéo disponibles sur le site du FREESTYLE l’illustrent d’une manière cocasse. « Mister Urban, il a de la peine, parce qu’il a envie de tout faire. A ses potes, il ne veut pas parler de Dieu. Avec ses potes, il veut faire la noce. Dans son Eglise, il veut prier pour les autres, être leader. Et il ne dit pas qu’il fait la noce ! » commente Anthony. Julien Russ, pasteur jeunesse à Echallens, apporter un message biblique dans la boîte de nuit. Il prend pour exemple Mr Urban. Son ambiguïté, son côté pile et son côté face. Construire deux personnalités simultanément peut être dangereux. Julien encourage les participants à assumer leurs zones d’ombre et à venir avec elles devant Dieu, en toute authenticité.
L’emblématique Mr Urban
Les activités prévues tout au long de journée ont pour but de permettre à tous de prendre conscience qu’ils ont aussi un côté Mr Urban. Le nettoyage de la plage par exemple devait confronter les jeunes à l’égoïsme et à l’altruisme dont nous sommes tous capables. Et cet altruisme n’est pas passé inaperçu : « Venant des Eglises évangéliques, je suis surpris. Mais c’est génial ! » s’exclame M. Camozzi responsable du service de nettoiement de la ville de Neuchâtel. Après chaque activité, il y a des débriefings, histoire de donner un sens aux événements vécus et de faire réfléchir les participants.
« Moi je n’ai pas vraiment de problème de ‘schizophrénie’, rigole Jonathan Fasel de Fribourg. Les activités nous donnent matière à réflexion et mis à part le froid et la pluie, c’est une bonne journée ! » relève-t-il. Même son de cloche du côté des organisateurs : « Globalement nous sommes très satisfaits du résultat et de l'enthousiasme des jeunes. Ils ont beaucoup participé et se sont véritablement éclatés pendant la soirée », commente Pascal Crelier, le président de la Commission jeunesse de la FREE. Bref, une journée pour apprendre à « donner la preuve tangible que cool et chrétien ne sont pas incompatibles », comme le slame Mr Urban. Pour apprendre à être pro-fête et prophète !
Maxence Carrel, étudiant