Franziska Teuscher, conseillère communale en charge notamment du secteur de l’asile, salue l’engagement de l’Armée du salut sur le dossier de la migration : « Dans la ville de Berne, c’est elle qui est responsable de ces centres d’accueil pour migrants. Son engagement et son respect pour les êtres humains est très important. De même que sa très bonne coopération avec les bénévoles et les différents quartiers de la ville. »
Dans le canton de Berne, l’ADS gère 13 centres sur près de 30. L’un des derniers qui a ouvert sous sa bannière il y a moins de 2 mois compte quelque 90 personnes dans l’abri PC de Gümlingen. L’écriteau qui signale sa présence se fait discret à côté des rames du tram numéro 6. Ce jour-là, il pleut et aucun migrant ne prend l’air. Le passage en béton qui descend en direction de l’entrée de ce lieu de vie mène le quidam face à une représentation surprenante peinte à même le mur : un homme en rouge, avec une croix suisse sur le corps, tend le bras comme une invitation à entrer, et souligne le mot : « Willkommen ».
Quotidien sous terre
A l’intérieur, il fait chaud et l’air se fait rare. Laura Münger, 31 ans, est à la tête de la structure. « Les débuts n’ont pas été faciles. Les centres doivent ouvrir tout de suite. Les lits, l’unique salle de douches, l’infrastructure pour se faire à manger étaient en place ; mais pas l’organisation du quotidien comme les possibilités de s’occuper à l’extérieur du centre. »
Plusieurs de ces résidents ont fait des expériences de prison en Libye, par exemple, où ils étaient détenus déjà sous terre, explique-t-elle. « Quand quelqu’un me dit que cela fait un mois qu’il est ici sans parvenir à dormir la nuit parce qu’il pense aux tortures subies, il faut trouver des solutions individuelles. »
L’équipe en place met actuellement l’accent sur l’occupation. De fait, sans lumière naturelle, les résidents ne savent pas si c’est le jour ou la nuit. « Ils doivent trouver une raison de se lever le matin, avoir quelque chose à faire la journée pour être un peu fatigué le soir et se coucher », commente Laura Münger. Des travaux de nettoyage rythment le temps, trois fois par jour. « On essaie de faire du football à midi. Plus tard, on fera des entraînements de course, pour participer à des semi-marathons par exemple. Et puis des cours d’allemand seront mis sur pied. »
Les migrants, des personnes vulnérables
Les relations avec la commune de Muri-Gümlingen sont bonnes. Ses autorités ont même offert aux migrants la possibilité de réaliser de petits travaux d’entretien. Des bénévoles sont venus apporter des habits, et leurs services pour des cours de langue à ces migrants qui proviennent pour la grande majorité d’entre eux d’Erythrée.
Mais pourquoi l’Armée du Salut s’est-elle pareillement engagée sur ce terrain de la migration ? « Ils font partie des plus vulnérables et on s’occupe de toute personne en situation de crise », déclare Dominik Waefler, responsable de tous les centres d’accueil pour migrants gérés par l’ADS en Suisse. L’organisation fait surtout partie d’un réseau d’institutions qui s’occupent d’autres personnes fragilisées, ce qui confère de belles synergies à même de favoriser l’intégration de cette population, estime Dominik Waefler, pour qui les compétences créées il y a 125 ans par l’ADS profitent aux migrants. « C’est le cas notamment des cours qu’on a mis en place en Suisse pour appréhender le marché du travail. »
L’Armée du Salut s’occupe aujourd’hui en Suisse de près de 2'500 migrants provenant d’une cinquantaine de pays.
Gabrielle Desarzens
Dimanche 27 septembre sur RTS La Première à 19h, Hautes Fréquences propose une émission spéciale sur les migrants.