Après avoir été rasée au début du mois en même temps qu’une mosquée, l’église évangélique de la jungle de Calais est comme née à nouveau de ses cendres, samedi 13 février, sous la forme d’une grande toile de tente. « On pourra ainsi la démonter et la remonter rapidement, déclarait alors le pasteur Fabien Boinet de l’Eglise des Deux Caps de Calais et instigateur de ce lieu de prière pour migrants. Elle rappelle ainsi que l’Eglise, c’est avant tout des chrétiens réunis ensemble. » Il ne pensait pas si bien dire : trois jours plus tard, elle a été démontée, les pouvoirs publics ayant étendu la zone de démantèlement.
La préfecture du Pas-de-Calais avait en effet décidé l’évacuation de toute la zone sud de la "jungle", et ordonné vendredi 19 février aux occupants du bidonville de quitter les lieux d'ici mardi soir. Il n'y aura toutefois pas de démantèlement de la "jungle" précipité. Après avoir visité le camp en début de matinée, la juge du tribunal administratif de Calais a annoncé qu'elle ne rendrait pas de décision avant mercredi, voire jeudi.
Réduire la population de la "jungle" à 2000 personnes
A terme, l'objectif est de réduire la population de la "jungle" à 2000 personnes. Plus de 4'500 migrants y vivent pour l’heure dans des habitations de fortune, faites de palettes en bois et de bâches.
Selon les observateurs et les bénévoles investis sur place, le démantèlement de la "jungle" calaisienne ne servira à rien et ne fait que déplacer le problème. La fermeture du camp de Sangatte en 2002 l’a prouvé. A part se rendre dans les rues de Calais ou dans la "jungle" de Dunkerque, les migrants ont peu d’autres possibilités.
Gabrielle Desarzens