L'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a décidé de retirer son soutien financier à 18 œuvres chrétiennes au service de la jeunesse. Pour ces organisations, cela représente une perte totale de quelque 670'000 francs.
Ainsi, par exemple, la Ligue pour la lecture de la Bible (LLB) est privée de plus de 40'000 francs par année. De plus, elle perd l'agrément qui lui permettait d'organiser des formations Jeunesse et sport. « C'est un coup dur sur le plan financier, mais c'est surtout la fin de la reconnaissance de nos formations qui nous pose problème, explique Michel Siegrist, le directeur de la LLB. En effet, le canton de Vaud désire que nos activités soient encadrées par des personnes formées. »
En Suisse allemande, des organisations comme les Jungchar, des scouts confessionnels, ou l'association Adonia qui organise des comédies musicales, sont sévèrement touchées. Avec d'autres œuvres, elles ont fait appel de cette décision auprès de la Cour administrative fédérale. Le jugement n'a pas encore été rendu.
Selon le journal bâlois Schweiz am Sonntag du 11 avril dernier, l'argent qui n'a pas été distribué par l'OFAS aux œuvres chrétiennes a été réattribué aux jeunesses de plusieurs partis politiques. Ainsi, la subvention aux Jeunes UDC est passée de 44'011 francs en 2013 à 64'354 francs en 2014, celle aux Jeunes libéraux est passée de 31'551 francs en 2013 à 52'200 francs en 2014 et celle aux Jeunes démocrates chrétiens est passée de 21'720 francs en 2013 à 51'916 francs en 2014. Toutefois, les jeunesses de deux partis de sensibilité chrétienne, le Parti évangélique (PEV) et l'Union démocratique fédérale (UDF) ne bénéficient pas des subventions de l'OFAS.
Les subventions ne doivent pas servir à l'évangélisation
Toujours selon Schweiz am Sonntag, l'OFAS a justifié l'annulation des subventions en expliquant que « le travail des associations chrétiennes avec les jeunes était simplement un prétexte pour faire du prosélytisme. Il s'agit d'une exploitation des jeunes. L'OFAS argumente sa décision en se référant à une étude du Fonds national suisse (FNS) stipulant que les fonds ne devraient profiter qu'à des organisations qui privilégient l'intégration sociale, ainsi que le développement des enfants et des jeunes en vue de devenir des personnes responsables. »
Pour Eveline Zurbriggen, responsable du secteur Questions de l’enfance et de la jeunesse de l'OFAS, les jeunesses des partis politiques entrent dans les critères d'attribution de subventions dans la mesure où elles ne donnent pas de consignes de vote lors d'élections ou de votations. La représentante de l’OFAS précise que « les subventions ne sont accordées qu'après un examen approfondi des journaux et des rapports annuels ».
L’ambiguïté et la fragilité de la situation actuelle – qui aujourd'hui touche les organisations religieuses, mais épargne les organisations politiques – n'a pas échappé à Maurus Zeier, le président des Jeunes libéraux. « Nous voulons mettre fin au financement public des jeunesses des partis », a-t-il déclaré à la Schweiz am Sonntag.
Pour Christian Kuhn, secrétaire général au Réseau évangélique suisse (RES), la fin des subventions de l'OFAS aux activités chrétiennes de jeunesse pose la question de la dépendance financière de ces œuvres. L'existence d'aucune d'entre elles n'est mise en danger ; par contre, elles devront se réorganiser. « Par exemple, les Fabricants de joie, à Yverdon-les-Bains, ont saisi cette occasion pour se repositionner sur le plan financier », explique Christian Kuhn.