Le 31 décembre 2006 à minuit, peu de personnes ont pensé qu’à cet instant disparaissaient officiellement à la fois la Fédération des Eglises évangéliques libres (FEEL) et l’Union des Assemblées et Eglises évangéliques en Suisse romande (AESR), et qu’avec le 1er janvier 2007 naissait la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE). Longuement préparée, confirmée avec conviction par les délégués le 24 novembre 2006 à Echallens, cette nouvelle entité ecclésiale devait encore entrer dans l’histoire et les faits.
Deux ans, c'est le temps donné pour achever le processus, soit jusqu'à la fin de cette année. A 6 mois du terme, où en sommes-nous? Qu'avons-nous achevé? Que reste-t-il à faire?
Elle est reconnaissante
Nous avons un nom et un logo, un site internet, une structure globale qui semble bien adaptée, quoique encore perfectible et la situation financière est saine. La charte qui définit la vision qui rassemble les Eglises est adoptée, et la Pastorale finalise sa charte interne. La répartition en régions se met en place, la Commission Création d'Eglises s'est mise en route, et la FREE dispose de délégués dans les lieux où elle estime sa présence nécessaire.
La FREE est reconnaissante. Reconnaissante à Dieu et à toutes celles et ceux qui se sont levés et engagés dans la réalisation de ce défi. Les membres de nos Eglises y ont investi une part de leurs soirées, de leur énergie et de leur foi. Ce sont eux qui ont permis à la FREE d’avancer sur sa nouvelle route.
Elle vit avec un nom
Avouons-le, la recherche du nom a été longue ! Même très laborieuse ! On a encore âprement discuté de la façon de le prononcer : « Frii » ou « Fréé », mais on s'est habitué à vivre paisiblement avec diverses prononciations.
La FREE, c’est en quelque sorte notre nom de famille, le prénom étant celui de chaque communauté. Mais un nom qui porte un message. Cette appellation, très simple, a rapidement été adoptée tant en interne qu’à l’externe. Le choix de n'intégrer que les éléments qui nous rassemblent tous (en mathématique, le plus petit dénominateur commun) a modifié les regards extérieurs. C’est une Fédération, elle rassemble des Eglises, leurs orientations sont évangéliques, et son territoire, la Suisse romande, est délimité. Rien de plus ! Nous ne nous présentons plus comme des Assemblées avec leurs structures et leurs traditions "frères", ni comme des Eglises "libres" avec leurs usages. Conséquences : plusieurs Eglises avec des arrière-plans différents s'intéressent aujourd'hui à notre Fédération pour en devenir membres.
Faut-il regretter cette ouverture identitaire? Je ne le pense pas. Je suis à la fois frappé, interrogé et réjoui de l'émergence d'Eglises aux formes nouvelles (réseaux d'Eglises de maison, Gospel Center…) pour atteindre d'autres personnes avec l'Evangile. Faudrait-il craindre de les accepter dans la FREE? Non! Des Eglises avec d'autres expériences peuvent bénéficier de la solidité de notre structure. Nous pouvons aussi recevoir beaucoup de leurs idées, de leur zèle pour l’évangélisation et de leur dynamisme novateur. Restons prophètes du Royaume de Dieu et non protecteurs de clochers!
Elle apprend à marcher
Après 18 mois, la FREE est comme une enfant de cet âge. Elle commence à bien marcher, même si, de temps en temps, elle se retrouve sur le derrière. Mais c’est un petit bout de femme bien vivante, bien consciente de son existence ! Au risque de me tromper, j'ai le sentiment que, dans bien des occasions, nous oublions presque qu'il y a moins de deux ans, nous étions deux fédérations distinctes. Le climat festif de la rencontre du 4 novembre 2007 à Bienne a manifestement été celui d'une seule Fédération.
Certes, le changement et l'adaptation peuvent paraître plus rudes pour les membres de l'ex-FEEL, qui intègrent un fonctionnement moins "familial", plus structuré. Mais les membres des ex-AESR doivent ¬aussi abandonner des anciens réflexes AESR pour penser FREE. Ensemble, nous apprenons à marcher!
Elle mesure ses défis
La FREE mesure également les défis qui sont devant elle. Et des défis de taille! Il y a certes des défis administratifs, tels que la reconnaissance de la FREE et du SME par les autorités cantonales. Mais d'autres défis sont plus capitaux :
Un témoignage plus fort en Suisse romande. Nous avons rassemblé nos forces pour un témoignage plus fort en faveur de l'Evangile en Suisse romande. Restons modestes! Pour l'instant, il n'y a pas encore de fruits mesurables. La FREE compte aujourd'hui le même nombre de membres que ce que représentaient en 2005 la FEEL et les AESR additionnées. Des contacts avec la mission intérieure des Eglises libres de Suisse allemande (la FEG : Freie Evangelische Gemeinden) qui soutient l'implantation à Villars-sur-Glâne, se construisent, mais, au niveau de la FREE, tout reste à faire.
L'intégration des envoyés. Issus de ses rangs, quelques 70 adultes (et près de 60 enfants) sont engagés dans une mission hors de nos frontières et vivent dans une vingtaine de pays différents. Une cinquantaine viennent des ex-AESR, et une vingtaine de l'ex-FEEL. La FEEL n'avait pas de structures missionnaires, cependant elle avait légèrement plus d'envoyés par Eglise que les ex-AESR. Un travail de longue haleine est encore à faire pour intégrer tous les envoyés dans une structure qui permette à chacun de recevoir un appui de la Fédération et qui encourage chacun à servir selon son appel et ses dons.
La prévention des crises dans nos Eglises. "Là où il y a des hommes, il y a toujours des crises. Là où il y a la grâce, il y a des solutions aux crises", a rappelé dernièrement un de nos pasteurs. Plusieurs Eglises traversent malheureusement des crises. La FREE lance alors ses "pompiers" de service. Mais quels moyens nous donnons-nous pour prévenir les crises? Nous devons absolument nous pencher sur les moyens qui permettent de soutenir et conseiller les pasteurs et les anciens pour des actions, avant que la maison ne brûle.
Des femmes et des hommes dans les structures. Toutes les personnes formant actuellement les structures de la FREE ont été nommées pour les 2 ans transitoires. La Rencontre générale du 22 novembre prochain devra renouveler tous les mandats. Certaines personnes sont prêtes à "rempiler", d'autres demandent à passer la main.
Nous constatons cependant une trop grande dominante masculine en particulier dans les instances faîtières, et une surreprésentation des habitants du bord du Léman par rapport à ceux qui habitent plus près des rives du lac de Bienne. Pour la nouvelle donne, des correctifs s'imposent!
Elle continue l'aventure avec Dieu
L'aventure FREE est en route. Dieu a pris le risque de nous associer à la conduite de son œuvre. Devant celle-ci, nous nous sentons petits. Si nous avançons, la gloire lui revient.
Jean-Charles Moret, secrétaire général de la FREE