Le nombre de mariages forcés de fillettes explose en Afghanistan

jeudi 18 août 2022

Un an après la reprise de l’Afghanistan par les Talibans, le 15 août 2021, le nombre de mariages forcés de fillettes que l’on vend à leur belle-famille explose. En cause : l’extrême pauvreté.

Dans le camp de déplacés de Badghis, dans le nord-ouest du pays, un homme s’est résolu à vendre une de ses filles pour 652 euros, et la dernière âgée d’un an et demi pour 108 euros. Comme d’autres, cet agriculteur-réfugié a tout perdu lors de sécheresses récurrentes et à cause de la guerre. Lorsque les petits commerces ne lui font plus crédit pour nourrir sa famille, il sacrifie l’une de ses filles. Dans ces tentes où s’entassent quelque 2'700 familles, la majorité des fillettes sont ainsi vendues, selon des journalistes de l’hebdomadaire français L’OBS qui ont enquêté sur place. Elles s’appellent Hadjira, Sumaya, Mariam, elles ont 5, 7 10 ans… et aucune ne sourit.

L’ONG Medair parle de mesures « drastiques »

Théoriquement, le mariage des enfants est interdit en Afghanistan. Un rapport de l’Unicef de 2018 indique toutefois que 42% des familles afghanes ont une fille qui se marie avant ses 18 ans. Le phénomène ne date donc pas des Talibans, mais il a explosé depuis leur reprise du pouvoir. Car la situation économique s’est péjorée de façon catastrophique à la suite du départ précipité des Américains. Environ 90% des Afghans vivent maintenant sous le seuil de pauvreté, d’après Jean-Charles Jauffret, professeur émérite d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix (F) et spécialiste de l’Afghanistan. Dans un rapport publié mercredi 17 août, l’ONG Medair indique que « selon le Programme alimentaire mondial, 92% de la population sont confrontés à une alimentation insuffisante et la quasi-totalité du pays se couche le ventre vide. Plus de la moitié de la population est obligée de prendre des mesures drastiques ». Anna Coffin, cheffe de projet en Afghanistan pour Medair précise : « Nous sommes conscients que de nombreuses familles doivent recourir à des mécanismes d'adaptation aux crises pour nourrir leur famille. Ces mécanismes impliquent notamment l’envoi d’enfants au travail ou la conclusion de mariages précoces. Ils ne sont pas entrepris à la légère, mais montrent le niveau de désespoir des familles vulnérables face au niveau dramatique de l’insécurité alimentaire. »

Une guerre contre les femmes

Quand il n’y a plus de meubles ou d’objets à vendre, on marie donc les filles dans les régions les plus pauvres, comme à Badghis. Les cérémonies se font avec un imam et les transactions, qui servent à acheter de la nourriture mais aussi à payer des soins médicaux, sont très claires. Ces mariages précoces sont ainsi un élément de plus qui fragilise les femmes afghanes aujourd’hui. Car rappelons-le, les Talibans ont imposé toute une série de restrictions visant à soumettre les femmes à leur conception intégriste de l’islam. Ils les ont largement exclues du marché du travail, ont restreint leur droit à se déplacer, rendu le port du voile obligatoire à l’extérieur des maisons, interdit la scolarité de leurs filles. Quand elles doivent en plus se séparer de ces dernières par nécessité économique, et que leurs enfants vont au-devant de plusieurs fausses-couches, leur corps n’étant pas encore prêt pour la maternité, on pourrait même, selon un éditorialiste français, parler de guerre contre les femmes.

Gabrielle Desarzens

Une chronique de RTS La Première à écouter 

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