Lille : l'Eau vive, une Eglise… hôpital!

jeudi 10 mai 2007
Début mai, Mario Leimgruber, pasteur dans l'Eglise évangélique de l'Eau vive à Lille, était de passage en Suisse. Il a partagé son expérience, accompagné par un couple de responsables de sa communauté, Théo et Rose Pertz. Comment expliquer la spectaculaire croissance de cette Eglise? Témoignage.

Mario Leimgruber est un envoyé de la FREE. Depuis 10 ans, il exerce un ministère pastoral à Lille, au nord de la France. Après des débuts plutôt difficiles, voilà que ces trois dernières années, l'Eglise de l'Eau vive explose: plus de la moitié des membres ont moins de 18 mois d’ancienneté, et le 50 pour-cent des participants au culte a moins de 30 ans!

Modestes débuts
En 1997, lorsque Mario arrive à Lille, ce n'est pas l'enthousiasme… "Je me trouvais dans des locaux qui me faisaient honte, avoue Mario. Cela ressemblait à une secte! Je n'osais pas inviter dans ces lieux. Au culte, nous avions deux enfants de moins d'un an, puis un trou générationnel… jusqu'à 19 ans!"
L'Eau vive a été fondée en 1962. Depuis le début, la Commission France des AESR a soutenu cette implantation d'Eglise. Après le départ du fondateur, elle envoie le pasteur Michel Rochat, de 1969 à 1978. Un pasteur français lui succédera jusqu'en 1991. Durant six ans, l'Eglise continuera sans ministère pastoral. Théo et Rose Pertz, des "piliers" d'Eglise, s'engagent à fond pour maintenir un témoignage évangélique dans l'agglomération lilloise qui compte aujourd'hui plus d'un million d'habitants. "C'était malsain d'être le seul ancien, reconnaît Théo. J'ai été obligé de travailler autrement, en mettant sur pied une équipe pastorale mixte."

Une histoire de confiance…
En 1996, Mario Leimgruber termine tout juste sa formation à l'Institut biblique et missionnaire Emmaüs (St-Légier, VD). Il effectue un stage de quelques semaines à Lille, mais pas question de rester là-bas! Mario revient en Suisse, où il accomplit une année de stage dans l'AESR d'Aigle, avec le pasteur Philippe Bottemanne.
"Tout mon parcours a été un temps où l'on m'a fait confiance" s'exclame Mario. Dans la communauté de Nyon à laquelle il était rattaché, les anciens lui font confiance pour l'envoyer à Emmaüs, malgré un parcours personnel difficile. Durant son stage à Aigle, Mario rencontre la même confiance à son égard. Et arrivé à Lille, Théo et Rose lui accordent également leur confiance. "L'Eglise m'a autorisé à expérimenter toutes sortes de cultes différents. L'Eau vive se considère pauvre. Elle sait qu'elle ne peut que recevoir", raconte Mario.

Recevoir les écorchés de la vie
Après quelques années à Lille, Mario vit un profond temps de doute. A l'écoute de ses paroissiens, il découvre tant de vies brisées, tant de souffrances, qu'il se demande comment apporter un peu d'espérance pour survivre… Toutes sortes de questions éthiques lui trottent aussi par la tête. L'Eglise doit-elle prendre le risque d'accueillir une personne adultère? Ou bien faut-il discipliner? Comment accueillir des personnes qui ont vécu un inceste, qui sont rejetées, qui sont homosexuelles ou qui ont un parcours de vie chaotique?

Mario suit diverses formations en relation d'aide. "Lorsque l'Eglise se considère pauvre, cela rassure les gens qui nous rejoignent, s'exclame Mario. Car nous sommes tous des blessés, des brisés de la vie! Nous avons besoin d'une rééducation par l'enseignement biblique."

« EsPass'Vie »
Mario rencontre Evelyne Frère, une conseillère conjugale et en relation d'aide. Avec elle, il fonde « EsPass'Vie », un centre chrétien de relation d'aide et de conseil conjugal. "Entre Bruxelles et Paris, c'est le seul centre de relation d'aide chrétienne, sur un bassin de 300 millions d'habitants! s'étonne Mario. Nous accompagnons en permanence 30 personnes pour un entretien par semaine. Et ces gens ne sont pas de l'Eglise." Dans la communauté de l'Eau vive, cela génère d'énormes mouvements: beaucoup de ces personnes brisées viennent voir, mais souvent avec des attentes immenses. Certaines restent, d'autres partent. "C'est dur de construire une vie d'Eglise avec autant de mouvements", reconnaît Mario.

L'Eglise, un équilibre instable
Passer d'une trentaine à plus d'une centaine de participants au culte n'aurait pas été possible sans l'achat de nouveaux locaux. "Il y avait 25 associations sur le coup, raconte Théo. Et en janvier 2002, je reçois un téléphone me félicitant d'avoir reçu l'attribution de cet ancien bâtiment de la poste!" "Normal, diront certains avec une pointe d'humour… n'est-ce pas un lieu d'affranchissement, où se rencontrent les timbrés?"

Les locaux ne font plus honte à Mario. Mais ce n'est pas la fin des soucis pour autant! "Si on continue de grandir de la même manière, nos locaux seront trop petits dans un an ou deux… Mais ne nous arrêtons pas sur ce qu'on vit, cela nous prendra la tête! Restons pauvres, prêts à tout recevoir de Dieu." La force de l'Eau vive? Un accueil au nom du Christ, sans jugement. Un accueil des gens tels qu'ils sont, et une mise en route rapide des hommes comme des femmes… en leur faisant confiance! Un programme si ambitieux nécessite l'unité entre les responsables de l'Eglise. Et comme le rappelle Théo avec sagesse: "Croissance va avec fragilité!"
Anne-Catherine Piguet

  • Encadré 1: Bio Express
    Mario Leimgruber est pasteur dans l'Eglise évangélique de l'Eau vive à Lille depuis 10 ans. Il est soutenu à environ 50% par la FREE. Il est marié à Susanne et ils ont 3 enfants.
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